Visite du Pape François en RDC


La R.D. Congo vient de vivre un événement exceptionnel !!

Et pour cause, la dernière visite apostolique d’un pape en RDC remonte à 28 ans. En effet, en 1985, le pape Saint Jean-Paul II s’est rendu durant deux jours au Zaïre.

Initialement, la visite apostolique du pape François était annoncée du 03 au 05 Juillet 2022. Malheureusement, suite à un problème de santé, la venue du pape dut être différée de quelques semaines. Ce fut une grande déception pour l’ensemble de la population congolaise. Fort heureusement, ce n’était que partie remise…

En décembre dernier, nous apprenions l’annonce de la visite apostolique du pape du 31/01 au 03/02/2023.

Dès l’annonce officielle, le gouvernement congolais et l’Eglise conjointement se sont mobilisés et se sont mis au travail pour préparer au mieux sa venue et ce à tous les niveaux : logistique, sécurité…

Dans le même temps, l’Eglise et, à travers elle les paroisses ainsi que les congrégations religieuses, se préparait spirituellement par la prière.

Les listes des participants au sein de la COSUMA/KATANGA avaient été établies depuis le mois de Mai. C’est ainsi que, dans notre vicairie, 4 sœurs se sont inscrites (Christine Nyemba, trésorière du Comité de la COSUMA/Katanga, 2 membres du Conseil vicarial et moi-même,  membre de la COSUMA en tant que Supérieure majeure). Nous avons retrouvé nos 4 sœurs de la communauté Saint Pierre Fourier à Kinshasa.

Notre départ vers Kinshasa fut organisé par l’archidiocèse de Lubumbashi pour permettre aux 200 pèlerins de voyager et d’arriver ensemble.

Le 28 janvier, nous avons quittés Lubumbashi, dans une ambiance de joie (drapelets) et de prière. Certains pèlerins avaient des t-shirt, des shorts et des chapeaux à l’effigie du pape.

Le jour de l’arrivée du pape (fête de Don Bosco), de nombreuses délégations (Gouvernement, CENCO, COSUMA…) se sont rendues à l’aéroport.

Notre congrégation, les chrétiens ainsi que l’ensemble de la population étions invités à nous positionner tout le long du grand boulevard LUMUMBA.

Tout le long du trajet entre l’aéroport de Kinshasa et le palais de la Nation (environ 26 Km) le chant d’accueil « Congo mobimba to yambi yo… boyei bolamu, karibu kwetu, bienvenue chez nous… » résonnait à l’unissons et était repris en cœur par l’ensemble de la population présente et par les hauts parleurs.

Le thème de la visite « Tous réconciliés en Jésus-Christ » avait pour objet  de répondre d’une part à la situation actuelle du pays et d’autre part aux aspirations du peuple.

Cette visite apostolique fut ponctuée par 6 grands temps de rencontre :

  • Rencontre avec le Président de la République et les 2 Chambres du Parlement au Palais de la Nation ;
  • Rencontre de tout le peuple de Dieu à l’aérodrome de Ndolo pour la Messe solennelle en rite zaïrois ;
  • Rencontre de tous les catéchistes et les jeunes « catholiques ou non » – d’après l’invitation qui leur était adressée –  au stade des Martyres ;
  • Rencontre avec les consacrés (évêques, prêtres, religieux.ses, séminaristes à la Cathédrale Notre-Dame du Congo ;
  • Rencontre avec les victimes des violences dans l’Est du pays à la Nonciature et rencontre avec les Représentants des œuvres caritatives qui œuvrent en RDC ;
  • Enfin rencontre de la CENCO et de tous les évêques de l’Afrique centrale présents au Congo ainsi que le personnel du siège de la CENCO.

Durant le séjour du pape et à travers ces différentes rencontres, j’ai été touchée par la force de la parole de cet homme de Dieu. Cette parole avait la faculté d’être adaptée à toutes les catégories de personnes auxquelles elle s’adressait.

J’ai également été touchée par la force de la foi. Par l’attitude de paix, qui transparaissait sur son visage et ce dès son arrivée. Un visage rayonnant et animé de simplicité et ce malgré le poids de sa fonction.

Le message du pape à la Jeunesse peut se résumer en 5 mots. Ceux-ci, représentent les 5 doigts de la main :

  • La prière ;
  • La communauté ;
  • L’honnêteté ;
  • Le pardon ;
  • Le service.
  • LE POUCE : c’est le doigt le plus proche du cœur. Il correspond à la Prière. C’est le premier ingrédient. Les jeunes doivent être enracinés dans la vie de prière, dans l’écoute de la Parole de Dieu pour grandir en profondeur et porter du fruit. La prière est comme l’eau de l’âme. La prière est l’arme la plus puissante puisque celui qui prie surmonte la peur et prend son avenir en main.
  • L’INDEX : avec ce doigt, nous montrons des choses aux autres, à la communauté. Les jeunes doivent éviter la solitude et la fermeture. La communauté est la voie pour vivre en harmonie. Qu’on ne se laisse pas fascinés par de faux paradis égoïstes, construits sur les apparences, l’argent facile. Qu’on évite aussi d’indexer quelqu’un parce qu’il est d’une autre origine, d’une autre région ou tribu. Dans l’aventure de la communauté, il y a la présence des saints et bienheureux : Kizito, Anuarite, Bakanja et bien d’autres qui sont les compagnons des jeunes.
  • LE MAJEUR : c’est le doigt le plus long par rapport aux autres. C’est l’ingrédient fondamental pour un avenir à la hauteur de talents de chaque jeune. Il ouvre à l’honnêteté. Être chrétien, c’est apprendre à être honnête, savoir dire « non » aux pièges de la corruption. Être honnête, c’est briller et répandre la lumière de Dieu, c’est vivre la béatitude de la justice.
  • L’ANNULAIRE : c’est le doigt qui reçoit les alliances. Il est aussi le doigt le plus faible, celui qui a le plus du mal à se lever. Ce doigt rappelle que les grands objectifs de la vie, passent par des fragilités, des efforts et des difficultés. Mais dans ces difficultés, le pardon se révèle comme la seule force qui permet d’avancer puisque pardonner c’est apprendre à recommencer. Pour créer un avenir nouveau, nous devons donner et recevoir le pardon.
  • L’AURICULAIRE : c’est le plus petit de tous les doigts. La petitesse attire Dieu. Elle se révèle à travers le service. Celui qui sert se fait petit. Selon Jésus, le service est le pouvoir qui transforme le monde. Ainsi, le Pape a invité les jeunes à se mobiliser pour le bien, à investir dans le bien…

L’évangile partagée à Ndolo, nous parlait de Jésus qui ressuscité adressait un message de paix à ses disciples. Cette paix n’est pas qu’une simple salutation, mais bel et bien un don. Cette paix de Jésus intervient au moment où tout peut nous sembler perdu.

Pour entretenir cette paix que nous donne le Christ, le Pape a proposé trois sources d’inspiration : le pardon, la communauté et la mission.

  • LE PARDON : avant de donner aux apôtres la mission de pardonner, Jésus leur accorde son pardon à travers un geste, en leur montrant ses mains et son côté. Ceci parce que le pardon naît des blessures. Le vrai pardon naît lorsque les plaies ne laissent pas les cicatrices de haine, mais deviennent le lieu pour laisser la place à l’autre. Lorsque nous sommes sous le poids de la culpabilité et de la tristesse, le Pape nous invite à regarder vers les plaies de Jésus.
  • LA COMMUNAUTE : Jésus ressuscité, ne trouve pas d’abord les individus isolés, mais il va à la rencontre de la communauté. Ceci pour dire qu’il n’y a pas de christianisme sans communauté, tout comme il n’y a pas de paix sans fraternité. Le Pape nous a rappelé qu’il y a un danger de vivre ensemble, tout en étant seul, cherchant ainsi le pouvoir, la carrière, et ambitions… Vivre ainsi, c’est suivre son propre moi, son ego ; et non Dieu. Ne suivons donc pas l’esprit du monde, mais celui de Dieu. Nous devons apprendre à partager avec les autres, surtout les pauvres. Avoir le courage de regarder les pauvres et de les écouter puisqu’ils sont aussi membres de notre communauté, et non des étrangers. Apprenons à ouvrir notre cœur aux autres.
  • LA MISSION : Jésus nous envoie comme le Père l’a envoyé. Il a été envoyé pour une seule mission : servir et donner sa vie pour l’humanité, pour manifester sa miséricorde pour chacun et chercher ceux qui sont loin. Le Christ a été envoyé pour tous. A sa suite, nous sommes invités à être missionnaires de paix. Les chrétiens sont appelés à devenir la conscience de la paix du monde.

Puissions-nous, toutes et tous devenir des témoins de ce pardon, des acteurs dans la communauté et des personnes en mission de paix dans ce monde.

Aux personnes consacrées le pape a dit : « Nous sommes consacrés pour être signes de la présence du Christ, de son amour inconditionnel, du pardon par lequel il veut nous réconcilier, de la compassion avec laquelle il veut prendre soin des pauvres ».

Le Saint Père nous a mis en garde contre trois dangers :

  • La médiocrité spirituelle ;
  • Le confort mondain ;
  • La superficialité.
  • La médiocrité spirituelle : les consacrés doivent apprendre à rencontrer le Seigneur dans la prière personnelle. Le secret de toute vie consacrée, c’est la prière puisque le ministère et l’apostolat ne sont pas d’abord l’œuvre des consacrés et ne dépendent pas de leurs moyens humains. Savoir se trouver du temps pour la prière personnelle, l’adoration, la récitation du chapelet, la méditation de la parole de Dieu, etc. Se rappeler toujours que, sans la prière, impossible d’aller loin dans sa vocation.
  • Le confort mondain : Un grand risque lié à la mondanité, spécialement dans un contexte de pauvreté et de souffrances, est celui de profiter du rôle que nous avons pour satisfaire nos besoins et notre confort. Il est triste, très triste de se replier sur soi-même en devenant de froids bureaucrates de l’esprit. Alors, au lieu de servir l’Evangile, nous nous soucions de gérer les finances. Que ces vices, que nous voudrions éradiquer chez les autres et dans la société, ne se trouvent jamais enracinés en nous.
  • La superficialité : Nous sommes tenus d’entrer au cœur du mystère chrétien, d’en approfondir la doctrine, d’étudier et de méditer la Parole de Dieu ; et en même temps de rester ouverts aux inquiétudes de notre temps, aux questions toujours plus complexes de notre époque, pour comprendre la vie et les besoins des personnes, pour comprendre comment les prendre par la main et les accompagner. Par conséquent, la formation du clergé n’est pas une option. Ceci ne vaut pas seulement pour les séminaristes, mais cela vaut pour tous : la formation est un chemin à poursuivre toujours et toute la vie. On l’appelle formation permanente : la formation tout au long de la vie 

La visite du pape a été pour moi ainsi que pour de nombreux congolais un moment de plénitude, de joie et de grâce. Un moment durant lequel, nous nous sommes sentis comblés de bénédictions divines.

Les messages reçus par les différentes couches de la population congolaise sont des pistes de méditation et de réflexion qui visent à améliorer la vie quotidienne des Congolais. Ces messages constituent une lueur d’espoir pour nous, Congolais, mais aussi pour la classe dirigeante et à la communauté internationale dans son ensemble.

Je crois et nous croyons donc au début d’une ère nouvelle dans notre pays et ce quel que soit le temps que cela prendra, car le mal est très profond (corruption, tribalisme…) et il ne peut se résoudre d’un coup de baguette magique. Je crois et nous croyons en cette réconciliation que notre pape François est venu nous proposer de réaliser…