Spiritualité et Charisme de la CND

La spiritualité et le charisme de la Congrégation Notre-Dame sont présentés dans la Préface des Constitutions de 1640,  à l’adresse de toutes les religieuses de cette Congrégation.

ECOUTEZ, Fille de Notre-Dame, l’instruction salutaire, douce et puissante et divine de votre très sainte, et très sage, et très bonne mère qui d’un cœur tout de mère vous dit ces très douces paroles en vous prenant et retenant en sa très dévote et très noble famille : “Ma fille bien-aimée, faites entièrement tout ce que vous dira mon Fils votre Seigneur, votre Créateur, votre Sauveur et  Rédempteur, votre Dieu, votre Epoux.”[1]

Les Sœurs de Notre-Dame sont invitées à écouter ce que le  Seigneur leur dit, en particulier dans la lecture assidue et la méditation de l’Ecriture Sainte, à le suivre tout aussi près que possible “sachant que toutes ses actions, et toutes ses paroles, lorsqu’il était visiblement conversant en ce monde, leur sont données pour règle et pour instruction”. (Const. 1640 2ème P. VI, 4)

Par la fondation de la Congrégation Notre-Dame, Alix et ses premières compagnes voulaient exprimer leur adhésion à Jésus-Christ et leur désir d’être utiles à tous en contribuant à “l’aide tant corporelle que spirituelle du prochain.” (Const.1984 p.21)

Dans sa Relation, Alix relate ses grands désirs : “Quand je priais Dieu, il me tombait toujours en l’esprit qu’il faudrait faire une nouvelle maison de filles pour y pratiquer tout le bien que l’on pourrait…” (Relation 15)

 La Congrégation est le lieu que la Providence divine a choisi pour les loger en ce monde, pour qu’elles s’entraident à pratiquer tout le bien que l’on pourrait.

“C’est dans un sanctuaire de dévotions, dans lequel se mène une vie spirituelle, une vie céleste, une vie pleine de vertus, une vie tendant incessamment à la perfection, une vie de gens apostoliques, qui ne se contentent pas de vaquer à leur sainteté propre tout autant qu’elles peuvent ; mais qui tâchent aussi tout  à la fois, d’employer leur grande charité, leur zèle ardent, et leurs travaux continuels, à l’utilité du public en ce qui touche au service des âmes, par le moyen de la bonne, fidèle, assurée, profitable et gratuite instruction que les jeunes filles, tant pauvres que riches, prennent en leurs écoles ; et par divers autres exercices pieux, qui conviennent à leur condition.”

Non seulement elles feront tout leur possible pour mener leur vie spirituelle, mais         elles tâcheront de faire tout ce qui pourrait être utile aux autres. Dès l’origine, la spiritualité de la Congrégation Notre – Dame ne consiste pas à « vaquer à sa perfection propre mais à l‘aide tant corporelle que spirituelle du prochain ; ». Dans la société de ce temps, il n’existe pas d’école pour filles, les Sœurs ouvriront des écoles pour l’éducation gratuite des  filles « tant pauvres que riches », pour leur apprendre à faire de la couture, à rédiger une facture … et tout ce qui  pourrait leur être utile en famille et en société.

“Si ce lieu divin n’est pas encore, et pas tout à fait une espèce de Ciel, et qu’il faille absolument l’appeler encore terre par ce qu’il est sur terre, c’est une terre sainte, une terre qui n’a pour son organisation et sa conduite que des lois toutes saintes, une terre en laquelle on ne doit faire que des œuvres de saintes, une terre qui est spécialement dédiée à l’entretien de saintes, et qui forme des saintes, et qui ne peut souffrir, ni endurer chez elle que des filles toutes sanctifiées, ou qui du moins veulent l’être un jour, s’y appliquent et prennent, le chemin.

Là se trouve une école, un apprentissage, une pratique continuelle de toute sainteté convenable à des filles.”

“Dans ce lieu si saint et si bien organisé, ne se perd point de temps, l’oisiveté, la fainéantise et la paresse en sont absolument bannies.

On y travaille sans cesse et sans relâche aux ouvrages de Dieu.”

            Quels sont les ouvrages de Dieu ?

Notre prière, notre action apostolique, s’ouvrent pleinement à la dimension ecclésiale.  “Etends ta charité sur le monde entier, si tu veux aimer le Christ, parce que les membres du Christ sont étendus sur le monde entier” ( St Augustin, Comm. 1er Ep Jn 10,8)

“Néanmoins au cœur de la sainteté si grande, c’est comme une espèce de désert, où l’on ne prétend, ni espère, ni demande, ni souhait, ni cherche point de repos, ni d’aises, ni de joie, ni de contentements autre qu’en Dieu, et dans les choses de Dieu.

Aussi, en y entrant, chacune s’assure et se promet qu’elle y rencontrera des tentations, des malaises, des répugnances, des difficultés, des afflictions, du pénible travail, de longues veilles, des corrections, des pénitences, des humiliations, des tristesses, des dégoûts, des ennuis, des lassitudes, et diverses autres sortes d’incommodités du corps et de l’esprit ; mais elle se résout généreusement à tout cela, et s’y prépare avec un grand courage, et l’attend à tout heure, et en reçoit avec dévotion toutes les embuches, quand elles se présentent, et les supporte patiemment, volontiers et joyeusement…

Et parmi ses dévotes méditations et ses ferventes prières et les très humbles actions de grâces qu’elle rend continuellement dans ses difficultés à Dieu son Créateur, elle se sert de ses riches et divines provisions, qu’elle tient toujours prêtes pour des occasions semblables : à savoir de son humilité, de sa charité, de sa patience, et de la faim continuelle et soif insatiable qu’elle a de contenter son Dieu, et de se conformer en tout et partout à ses très saintes volontés, et de porter tous les jours sa précieuse Croix.”

Ce programme sans concession, où «  l’esprit mondain »  n’a pas de place, est proposé aux religieuses pour qu’elles s’entraident à le vivre dans leur communauté.

“O fille sage, courageuse et vaillante, écoutez, et voyez  les épines qui se trouvent en cette terre sainte ; et considérez qu’elles ne blessent pas, mais qu’elles profitent, plaisent, et se rendent très douces et très délicieuses ; et qu’au milieu d’elles se voit continuellement ardent le grand feu de l’amour de Dieu, qui éclaire et embrase divinement les cœurs, les langues, les oreilles, les yeux, la démarche, les paroles, les actions, les pensées, les désirs, les souhaits, et les intentions de toutes vos compagnes.

C’est lui. C’est votre Seigneur. C’est votre Dieu qui vous a mise ici. C’est le seul Souverain du Ciel et de la terre qui a fait cette merveille. C’est vraiment celui qui est Dieu et qui est vôtre. C’est celui qui, pour récompense de ce que vous vous donnez si franchement à lui tout entière, sans aucune exception, sans rien vous réserver, se donne tout à vous, et veut vous traiter comme sa chère fille, et comme son Epouse bénie et précieuse : et vous donner en cette qualité dès maintenant une place parmi les plus honorables qui soient en son église, et ensuite, dans son éternité, vous mettre au rang des très pures et très saintes Vierges qui sont toujours proches de Lui, et le suivent partout, pour y régner avec lui, en récompense de ce qu’elles ont si constamment persévéré durant toute leur vie à courir en toute diligence dans le chemin de ses ordres et saintes volontés, ainsi que vous y courez maintenant et si généreusement, et y continuerez toujours à l’avenir sans rien diminuer, ou relâcher de votre présente hâte, diligence et ferveur, moyennant la divine assistance de sa puissante grâce.

A lui, et à sa bienheureuse Mère, en soit tout honneur, et gloire, et service, et louange à jamais.”

Amen

Soeur Marie-Alexia Nguyễn Thị Hồng Quỳ


[1] Les extraits en italique sont cités de la Constitutions 1960