Italie

L’histoire de la CND en Italie, c’est d’abord celle des deux Unions – Union romaine et Union de Jupille – la Congrégation Notre-Dame étant à cette époque composée de Monastères réunis en Union.

A. UNION ROMAINE

Le Villino

L’histoire de la présence de la Congrégation Notre Dame à Rome trouve son origine lors des fêtes organisées pour la 3ème Centenaire de la naissance de la Congrégation Notre-Dame et la Canonisation de St Pierre Fourier, le 27 mai 1897. Les Supérieures Mère Marie Félicité, Supérieure du Couvent des Oiseaux situé 86 rue de Sèvres à Paris, et Mère Marie Fourier décident de faire « une Fondation à Rome »

  • Avril 1901 : Arrivée chez les Ursulines, Via Nomentana.
  • Janvier 1902: Location au « MACAO », Via San Martinon, vaste hôtel divisé en appartements qui est la propriété des « Pères Chanoines ». Le quartier est agréable, il y a un joli jardin.

Les premières œuvres commencent : patronage, premières communions, Enfants de Marie,  Congrégation « Del Bambino Gesù »

  • 15 décembre 1904 : Décès du Révérend Père SANTINI, Général des Chanoines – père, protecteur, conseiller. Les Chanoines quittent MACAO pour aller près de la Paroisse St Joseph. Les Sœurs perdant la précieuse proximité des Pères, c’est pour elles le signe de quitter le lieu et d’en chercher un autre.
  • 1906 : Les sœurs trouvent un « Villino», Via di Villa Patrizzi, non loin de la gare Termini, qui leur convient ; bien qu’elles le considèrent un peu petit, la superficie du terrain, le jardin, le petit bois permettent d’envisager une construction.

Le 10 juin,  la décision de l’acquisition est prise et celle-ci est conclue le 7 juillet.

Le déménagement a lieu le 15 août.

Actuel Lycée Chateaubriand
Malgré le climat anti religieux, les sœurs construisent un bâtiment et une chapelle, et la maison devient « Monastère » au même titre que les Maisons de France. C’est là que se tiendra le Chapitre Général de 1939 où a lieu l’élection de Mère St Thomas d’Aquin en remplacement de Mère Marie du Rosaire. L’oeuvre se développe à peu à peu : école pour les enfants, ouvroir post scolaire pour aider les enfants en difficulté, préparation à la 1ère Communion, accueil de jeunes filles étrangères.
  • En 1934, on construit nouveau bâtiment pour un  « Foyer d’ Etudiantes» de l’Université qui s’ouvre à proximité. Le recrutement  initial  est celui de jeunes filles de la bourgeoisie qui pouvaient prétendre à des études universitaires. Puis les étudiantes viennent de milieux plus populaires, les lois scolaires permettant de faire des études universitaires à tous les niveaux de la société. L’accueil se traduit selon les besoins par le logement et les repas, mais surtout par un souci de formation individuelle sur le plan intellectuel, spirituel, social avec l’«engagement personnel » des étudiantes à des camps,  des retraites… Après 1968, les étudiantes deviendront « responsables » de leur vie au Foyer.
  • Après la guerre, les liens entre les « 2 Maisons romaines » – « Villa Pacis » rattaché à l’Union de Jupille et « Le Villino » rattaché à l’Union Romaine – se renforcent et se concrétisent.
  • 1955 : Les sœurs du Villino vont « en vacances » à Villa Pacis ; situé plus à l’extérieur de Rome, la propriété jouit d’un grand et beau parc et même d’une ferme !
  • Mais surtout, en avril 1963, c’est la « Fusion» des deux Unions – bénie par Jean XXIII – et l’élection d’un « Généralat » avec comme Supérieure Générale Mère St Jean.
  • En 1965, à l’occasion du 4ème centenaire de la naissance de St Pierre-Fourier, a lieu l’ouverture d’un Laboratoire de Langues qui reçoit la bénédiction du Pape Paul VI. Les langues enseignées sont l’Italien, le Français, l’Anglais, l’Allemand, l’Espagnol, le Portugais.
    La maison durera jusqu’en 1987, date à laquelle, le nombre des religieuses diminuant, elle est vendue au profit d’un autre « Villino », plus petit, situé Via Terni, dans le Quartier Tuscolana très proche de la Basilique St Jean de Latran.
Basilique Saint Jean du Latran
  • En 1993, après le décès de Sr Ida Maria, la communauté rejoint celle de Villa Pacis. C’est alors une histoire conjointe qui s’écrit.

B. UNION DE JUPILLE

Colle Ameno : 1907 - 1930

  • Novembre 1906 : Peu de jours avant le départ des premières Sœurs pour une fondation à São Paulo, au Brésil, Mère Thérèse de Jésus reçoit une lettre de Mgr VIico, Nonce Apostolique à Bruxelles. Il souhaite faire une fondation en Italie, à Ancône, ville dont il est originaire. Cette maison sise à Colle Ameno, golfe d’Ancône sur la Mer Adriatique, est une « Villa » qui date de 1824 ; elle appartient, par alliance, à la famille de Napoléon : Mme Laetitia, mère de Napoléon y aurait vécu… C’est une vaste demeure seigneuriale située dans un très beau parc arboré de 14 ha, face au promontoire d’Ancône qui domine le golfe et la paisible mer Adriatique.
  • Répondant à l’appel du Cardinal Vico, la maison est achetée en août 1907 et un groupe de 6 Soeurs « Chanoinesses régulières de St-Augustin » s’installent dans cette belle demeure. Elles sont rapidement rejointes par 4 autres sœurs venant également de Jupille. Elles ouvrent un pensionnat pour pensionnaires et ½ pensionnaires et donnant cours d’art et de langues. Elles s’insèrent dans la paroisse (pendant la réfection de l’église de la ville, la chapelle est mise à la disposition de la paroisse), font le catéchisme aux filles des pêcheurs et la préparation à la 1ère Communion ; au « patronage », on fait de la musique. Pour les pensionnaires, c’est « une vie de rêve » dans ce vaste parc doté d’une ferme, d’un verger, de ruches… avec des jeux et des séances d’art dramatique : « Le petit Mozart », « La scuola degli asinelli »…
  • Les bénédictins amis de Belgique aiment venir passer quelques jours à Colle Ameno : Dom Marmion y a fait plusieurs séjours et aussi des prêtres et « prélats » de la province d’Ancône : Mgr Cherubini.
  • Mais la guerre apporte avec elle des difficultés, surtout financières, qui se prolongent. En novembre 1929, un rapport est envoyé au Pape Pie XI pour dire la situation de la maison. L’oeuvre est prospère : 60 enfants au Jardin d’Enfants, 119 à l’ « Externat Gratuit », 220 au « Patronage », 45 au pensionnat… Mais les sœurs « ne tiennent plus » financièrement. Elles sont dans l’impossibilité d’équilibrer le budget avec les charges qui pèsent sur la Caisse Générale de Jupille et le manque de « vocations de choristes » (2 seulement depuis 1907, pour 23 Converses et Tourières[1]) ; à cela s’ajoute la pénurie de « secours spirituels ».Décision est donc prise de vendre la maison, ce qui se réalise en 1930 où la propriété est vendue aux Soeurs Canossiennes.

Villa Pacis

Depuis quelques temps déjà, les Sœurs désirent ouvrir une Maison à Rome.
  • En Mai 1926, les sœurs ont connaissance d’une propriété située à Rome, sur le Monte Mario, Via della Camiluccia (à l’époque, c’est un peu à l’extérieur » de la ville).
    Cette propriété, dont le bâtiment principal date de 1700, est une ancienne « Maison de Chasse » appartenant à la famille du Comte Manassei di Collestate, puis au Principe Del Drago. Située dans un parc de 14 ha, son terrain est en pente et, dans le fond de la « Vallée », il y a une ferme avec vaches, cochons, poulailler qui constitue un « fond d’alimentation » (ô combien utile pendant la guerre !) et même une ressource financière. L’acquisition se fait fin 1926 – début 1927. La 1ère Messe est célébrée le 5 juin 1927 dans un des salons transformé en Chapelle et qui le restera jusqu’à la construction de la nouvelle chapelle en 1967.

Très rapidement, les sœurs font surélever la maison d’un étage : elles l’agrandissent et la réhabilitent. Et entre 1934 et 1968, elles construisent :

  • un tennis
  • un bâtiment pour le Pensionnat
  • une Ecole, en bas de la maison principale
  • une chapelle

L'œuvre :

  • 1927-1928 : ouverture d’une Ecole Maternelle gratuite pour les enfants des environs (il semble qu’elle n’ait duré qu’un an)
  • 1928-1929 : Cours élémentaire de culture générale pour jeunes filles « di condizione distinta »
  • 1931-1932 : Cours « Ginnasio » : 2 classes seulement parce qu’il y a peu d’élèves(La difficulté de recutement peut s’expliquer par le lieu d’implantation de la maison : quartier encore peu habité,  maison qui, au vu de son histoire et de son implantation ne « ressemble pas à une école[2])
  • 1934 : le nombre de Pensionnaires se monte à 30, pendant que celui des enfants du Patronage est de 20 ; l’œuvre des jeunes filles accueille une quinzaine d’internes pour les séjours de 3 mois et plus (dont Paola Ruffo di Calabria, future épouse du Roi Albert II de Belgique) et une quarantaine pour les séjours courts.
  • Les « Marthes »: Ce sont des jeunes filles que les sœurs vont chercher dans la campagne italienne pour leur donner une formation (à cette époque, la scolarisation était peu répandue dans la campagne italienne ; les enfants, y compris les filles, devaient travailler dans les fermes pour aider les parents ; beaucoup ne savaient ni lire, ni écrire). Par « l’oeuvre des Marthe », les Sœurs vont donner aux jeunes filles une formation  intellectuelle, une formation « pratique » (ménage, cuisine, jardin, mise en valeur de la ferme), une formation chrétienne (catéchisme, préparation aux sacrements …) C’est ainsi que plusieurs d’entre elles deviennent religieuses comme Soeurs « Converses » et Soeurs « Tourières ». Dans les années 1970, sur l’instigation de Soeur Marie de Réals, alors Supérieure à Villa Pacis, plusieurs d’entre elles firent des formations complémentaires, soit pour un travail d’éducatrice auprès des jeunes enfants de l’Ecole, soit sur un plan professionnel : aide- soignante, infirmière…
Pendant la guerre, Villa Pacis, comme bien des Communautés Romaines a caché des « dames de qualité » : juives, personnes envoyées par des prêtres et des prélats… le Vice Régent du Vicariat « voulut bien nous envoyer sa bénédiction avec félicitations ». La ferme fut aussi d’un magnifique secours pendant cette période. (Une  jolie « histoire » d’une Sœur qui parlait très bien allemand. Elle avait avec elle un chien, genre berger allemand qui montrait bien les dents. Quand des Allemands sont venus pour chercher des personnes ou savoir qui était dans la maison, elle les a reçus avec le chien et  ils ne se sont pas attardés !)
  • Le 4 mai 1947, la béatification d’Alix Le Clerc à Rome est l’occasion pour l’Union de Jupille et l’Union Romaine de reprendre réflexions et discussions concernant une éventuelle union entre les « 2 branches ».
  • En 1951, à la reprise de ces échanges, il est envisagé une « Confédération ». Les liens entre les 2 communautés romaines se précisent. C’est ainsi que les Sœurs du Villino viennent en vacances à Villa Pacis en 1955.
  • En 1963, c’est le Décret de Rome pour la reconnaissance de la Fusion des deux Unions
Et le Chapitre Général avec élection des religieuses issues des 2 Unions qui reçoivent la bénédiction du Pape Jean XXIII.
  • En 1964-1965, Sœur Marie de Réals est Supérieure à Villa Pacis. C’est le début de la construction de l’école : beau bâtiment situé dans le bas du parc qui accueille des élèves du Jardin d’Enfants à la « Quinta ».
  • 1966: 1er Chapitre Général de la Congrégation Notre-Dame. Sœur Elisabeth GIRON est élue Supérieure Générale
  • 1967-1968: Le Généralat s’installe à Villa Pacis qui devient « Maison Généralice ». C’est alors que commence la construction de la Chapelle, très beau bâtiment en briques avec une magnifique acoustique !
    L’aménagement intérieur se fait sous la « direction » de Sr Elisabeth Giron :
    • Le Christ en bois vient du Noviciat Général de Verneuil ; il a été fait en 1958-1959 par un artisan de Normandie
    • La Vierge en bois a été achetée par Sr Elisabeth pour la chapelle de Villa Pacis ; elle vient du magasin « CHERET » de Paris (elle est taillée dans une poutre ancienne, d’où son « étroitesse »).
    • Le tabernacle est en cuivre ; sa porte représente le « pélican », symbole du don total
    • Sur les cloches de la Chapelle sont gravés les noms des sœurs du Généralat de l’époque.
  • De 1967 à 1997: L’oeuvre se développe ; l’école fonctionne bien avec une directrice et des institutrices laïques et la participation des Sœurs. C’est ainsi que, sous l’impulsion de Sœur Marie de Réals, les sœurs dites « converses » ou « tourière s» font des formations pour « travailler » à l’école ; elles ont soit la responsabilité d’une classe, soit elles sont « en aide » aux maîtresses ; pour l’une ou l’autre aussi c’est un recyclage pour des études d’infirmière.
  • En 1996, le Chapitre Général de Caravate (entre Milan et le Lac Majeur), élit Sœur Marie Armelle Girardon Supérieure Générale. En 1998, le Conseil général prend la décision de vendre le « domaine » de Villa Pacis(terrain, Ecole, Maison principale). L’affaire est confiée à « Solidarité Patrimoine » et sera conclue : le 30 novembre 2001 pour la maison le 20 octobre 2002 pour l’école L’acheteur est la Société Derilca.
  • Il faut donc trouver une maison pour la Communauté. Les recherches commencent dès les premiers mois de 1999. Elles sont menées par  l’Agence Immobilière  La Gedi (Directeur : Carlo Cortesi).
  • Après de nombreuses recherches, une maison « villa » est finalement trouvée, sise Via Cassia 1/A. et qui convient :
    • de par sa situation : quartier de la Piazza del Ponte Milvio, quartier vivant avec commerces, proche des Bus (32!), jouxtant l’église « La Gran Madre di Dio »
    • de par sa dimension : possibilité de lieux communautaires  (salle de communauté, chapelle, réfectoire, infirmerie) ; adaptée à un groupe de 14 sœurs donc de 14 chambres.
    • Garage, et locaux pour la laverie, les archives …
    • jardin arboré « à l’ombre » de l’église !
    Les propriétaires sont 2 frères – Buonvino – (leurs « descendants », passeront un jour – entre 2002-2004 – pour revoir les lieux ! Contact sympathique avec eux mais sans suite) La décision d’acheter est donc prise et se réalise le 28 octobre 1999. Puis vient la période des travaux : essentiellement aménagement intérieur pour correspondre aux besoins et à la vie de d’une Communauté de 14 sœurs. Et le 23 novembre 2000, la communauté quitte Villa Pacis (Via della Camiluccia) pour s’installer Via Cassia 1/A. nouvelle « Villa Pacis »

Commence alors pour la Communauté aune « autre vie » : autre quartier, autres locaux, autre jardin autres horaires (Messe quotidienne à la Paroisse à 8h30) autres relations…

Il fallut aussi « vider »  Villa Pacis ! Beaucoup de meubles sont envoyés à la communauté de  Hongrie dont la maison et l’école rouvrent ses portes à cette époque.                    

Pour le mobilier de la chapelle : le Christ en bois, la crèche avec des personnages grandeur nature qui provenait de l’école, l’Ostensoir, les nappes d’autel et les ornements sont donnés à la Paroisse « La Gran Madre di Dio » ; le tabernacle et le mobilier de la chapelle est donné à l’Abbaye des Tre Fontane (Cisterciens) ; le calice , les ornements et objets divers de culte rejoignent le Séminaire Roumain ; la Vierge, elle, trouve sa place dans l’Oratoire de Villa Pacis.

Les années passent, les sœurs partent peu à peu dans leur éternité…  Le 14 mars 2022,  la dernière Sœur de la communauté décède. La Supérieure Générale décide de garder la maison de la Via Cassia et d’y faire les travaux de réhabilitation et d’aménagement,  nécessaires pour permettre un accueil de « Groupes » : Sœurs en formation, personnes engagées dans les écoles de la Congrégation, accueil de familles et d’amis désireuses de connaitre Rome…

C’est maintenant une nouvelle « Histoire de Villa Pacis » qui s’écrit.

[1] A cette époque, devenaient Sœurs Converses ou Tourières celles qui rentraient sans dot, à la différence des Soeurs « Choristes »
[2] Les passages en italiques sont de la rédactrice, Sœur Noëlle de Champeaux