Pays Bas

Notre Congrégation aux Pays Bas

 

Het verhaal van ‘de Nonnen van Vught’

Annette Heere

Un résumé du livre rédigé par Edith Pirard

 

Introduction au résumé du livre

Cette œuvre d’Annette Heere parue en Néerlandais en 2017 présente un vif intérêt pour l’ensemble de la Congrégation qui peut ainsi connaître, ou se rappeler, une page de son histoire aux Pays-Bas. Annette est témoin de nombreux pas faits par l’Eglise, la société, la Congrégation et ce sont des pages précieuses qu’elle nous livre. Précédemment, en 2002, ‘Regina Coeli, klooster en meisjespensionnaat in Vught’ 1903 – 1971 a paru et était écrit par N. Van der Heijden – Rogier.

Dans le n° 89 des Noticias de 2017, Annette présente ainsi son livre : « J’ai voulu écrire l’histoire de l’Institut pour tous ceux qui poursuivent actuellement ce travail avec dévouement… Qui travaille pour ‘de Nonnen van Vught’ doit connaître son histoire, et donc l’origine de la Congrégation, avoir une idée de ce qu’est la vie religieuse, une réalité de plus en plus vague dans notre pays et même inconnue pour les jeunes ».

Au-delà des destinataires de l’Institut des langues, ce livre est une trace de l’histoire dans laquelle Annette a inscrit son histoire.

Annette est membre de la Congrégation depuis 1953. Elle a fait son noviciat à Verneuil puis a été attachée à Regina Coeli, communauté composée alors de 7 nationalités différentes. Elle a participé à plusieurs étapes de cette histoire et en a orienté l’évolution.

Sur la base de comptes-rendus de réunions du conseil, de l’agenda de la supérieure, des annales, des chapitres, des écrits de Sr Maria, des programmes, méthodes et circulaires, des rapports de l’économe Sr Christina , elle nous retrace jusque dans les détails quotidiens la vie de l’internat, de la communauté, du laboratoire de langues, des fondations en Californie, au Mexique, en Suisse et à Rotterdam.

Elle s’appuie aussi sur ses notes, ses agendas personnels, sur ses souvenirs, sur les archives, tenues pendant plus d’un siècle, et sur son expérience de responsable de l’internat et du Conseil de l’Institut des langues.

Elle a vécu proche des sœurs et a été vicaire plusieurs années. Elle a aussi fait de nombreuses visites en Californie et en Suisse.

Ainsi avons-nous sous les yeux l’itinéraire de la Congrégation à Vught, aux Pays-Bas, période de 115 ans, féconde autant que mouvementée. Annette nous en a laissé une trace précieuse, bien documentée et analysée. Et non dénuée d’humour.

Son livre de 320 pages a reçu un large écho auprès des anciennes, des amis, du personnel, des collaborateurs, et dans la presse à sa sortie, et après le décès de l’auteur.

C’est à juste titre qu’elle remercie ceux et celles qui l’ont aidée à le composer : De bestuursleden van de St Pierre Fourier Stichting, Lodewijk van der Kroft, Ed Bijnsdorp et Ellen Baake. Mr Coen Free, la correctrice Pauline Berendsen, ses médecins et sa famille.

Annette se sentait porteuse d’un trésor séculaire aux Pays-Bas et a eu le souci qu’il ne se perde pas.

Elle note les faits historiques mais explique aussi ceux qui ont orienté telle ou telle décision. Elle s’inspire de ‘Business spiritualiteit ‘ de P. de Chauvigny de Blot et P. Pronk qui soulignent que connaître l’idéal des Fondateurs et le maintenir donne la force pour vivre leurs valeurs.

Le « WHY » (Simon Snek) est le fil conducteur de ce livre et inspire aussi l’Institut des langues : quand une personne et une entreprise connaissent le WHY, c’est une valeur ajoutée.

Quelques illustrations figurent dans le livre et soulignent avec discrétion, non seulement les différentes phases de construction ou d’extension des bâtiments, mais aussi des scènes de la vie courante, tant en communauté qu’à l’internat.

Un merci tout particulier à Ellen Baake qui a accompagné l’élaboration de ce livre par une présence active et amicale aux côtés d’Annette, la connaissance des archives et le travail à l’internat, ainsi que dans les ébauches successives de l’Institut des Langues et sa décoration. De même qu’à Huize Alix le Clerc.

« Het verhaal van de Nonnen van Vught » est un récit, pas un livre historique, même si tous les faits racontés ont été l’objet de vérification dans les archives. « De nonnen van Vught » : ainsi parle-t-on de la Congrégation à Vught, ainsi en parlent les anciennes élèves.

Regina Coeli est tout simplement le nom choisi et resté, sans ajout.

Personnellement je reconnais que la lecture ardue de cette œuvre (mes connaissances en Néerlandais sont scolaires) m’a vivement intéressée et j’ose espérer que ce modeste résumé reflétera cet intérêt.

                                                                                                         Soeur Edith Pirard

    Déléguée de la Belgique

De Nonnen van Vught

Issue de la rencontre de Pierre Fourier (1565 – 1640) et d’Alix le Clerc (1576 – 1622), la Congrégation Notre-Dame est née en 1597 à Mattaincourt. Les premières sœurs commencent à Poussay, puis plus largement en Lorraine et en France, les premières écoles de petites filles.

Traversant maintes contradictions et hostilités, la Congrégation se déploya et les écoles se multiplièrent ‘pour tant pauvres que riches’ en Europe et jusqu’à la mer océane.

L’idée initiale de créer une maison nouvelle, de faire tout le bien possible, d’œuvrer à l’éducation des filles, d’ouvrir une sorte de micro-crédit avant la lettre, habite les premières sœurs et la Congrégation aujourd’hui.

Mais quelle est l’origine de Vught ?

La loi Combes de 1904 eut des conséquences pour l’enseignement en France et toucha les diverses congrégations religieuses. Pour continuer la mission, il leur fallait s’exiler. La communauté de Lunéville accueillait alors 100 internes et 100 externes et 130 enfants à l’école gratuite. 60 religieuses menaient cette entreprise.

Grâce à leurs anciennes élèves établies aux Pays-Bas, elles eurent connaissance d’une propriété de 7 ha à Vught. L’internat dura jusqu’en 1971 ; les sœurs de Gray, elles, se sont établies à la même époque à Ubbergen, dans des bâtiments plus modernes mais sur un site plus restreint. Elles fermèrent en 1972.

L’accord de l’évêque du lieu pour ces deux implantations était soumis à une condition : un temps limité et donc l’interdiction d’entreprendre des activités qui nuiraient à la concurrence. Elles ont alors commencé un internat et faisaient cours en français.

Le déménagement de Lunéville se fit de nuit, en train, grâce à de multiples aides. Heureusement la frontière était proche et la complicité du chef de gare assurée. Quelques mois plus tard, 24 wagons arrivent à Vught. On devine, grâce aux clichés, que proportionnellement aux bâtiments imposants des sœurs à Lunéville, c’est relativement peu représentatif. Les frais de douane pour tout l’équipement scolaire furent conséquents. Les habitants de Lunéville

ont aussi rapporté les meubles des soeurs entreposés dans leur grenier. Elles quittèrent la France, regrettées par une foule injuriant la loi et son auteur.

A Vught, les sœurs respectent les restrictions épiscopales. Tout se fait en français. Quelques internes de Lunéville les ont suivies, d’autres relèvent d’un recrutement local. L’enseignement en français convient à la haute société. La vie des sœurs s’organise autour d’un internat.                                                       

Après la première guerre mondiale, le nombre d’internes chute. Les sœurs envisagent un retour en France et investissent dans une nouvelle maison à Nancy, tandis que celles d’Ubbergen visent Dijon. Ces maisons n’ont pas le statut de filiales de Vught. Cependant la communauté de Vught aide généreusement les sœurs en France et gardera cet esprit de partage avec l’ensemble de la Congrégation.

En 1926, grâce à une nouvelle paroisse érigée à Vught, commencent un jardin d’enfants et une école primaire Sainte-Thérèse. L’école secondaire suivra et offrira un enseignement de qualité, couronné de succès par la réussite des élèves à l’examen final. Le nombre d’élèves double vite et le manque de locaux devient criant.

En 1962 on bénit la nouvelle construction de l’école secondaire des filles qui fusionne avec le Xavierius college pour les garçons et porte le nom de Maurick collège.

Avec le laboratoire de langues, l’enseignement offrira une palette destinée aux enfants de la maternelle, aux jeunes et aux adultes. Soeur Miriam Noyons a beaucoup œuvré pour obtenir l’élargissement de son institut où l’enseignement des langues étrangères était réputé.

Dans les années 60, marquées par le Concile Vatican II, le renouveau de l’Eglise et de la vie religieuse, les Pays-Bas connaissent des mouvements de fond, parfois contradictoires, selon les Congrégations et les œuvres.

Des changements profonds marquent la société (sexualité, avortement, liberté des femmes, mouvements féministes…). La population change. Celle des écoles et des internats aussi.

A Regina Coeli l’enseignement adopte programmes et méthodes du pays. L’internat évolue aussi (retours en famille plus fréquents, abandon progressif de l’uniforme…).

En communauté, 8 temps de prière ponctuent la journée de ces enseignantes. En 1950, le document romain « Sponsa Christi » appelle à la clarté du type de vie. Les congrégations de vie mixte (contemplative et apostolique) ont à faire un choix. Une première orientation prônée avec insistance par la Supérieure Générale de l’époque (Sœur Agnès du Sacré-Coeur Dognin) accentuera la vie contemplative, sans convaincre la communauté de Vught.                              

De son côté le cardinal Alfrink (1955 – 1976) parle en sens contraire et incite les congrégations à abandonner l’enseignement (soutenu financièrement par l’Etat) aux laïcs et à suivre l’évolution de la société où l’Eglise s’implique encore trop peu. Cette orientation touchait les us et coutumes, la clôture, l’habit, l’école, l’internat et poussait à chercher du travail en dehors de la communauté.        

Le point fort des sœurs était l’éducation, l’apprentissage des langues, l’infrastructure de l’internat, les locaux. … Plusieurs sœurs étaient retraitées de l’enseignement. Etaient-elles équipées pour répondre aux propositions du cardinal Alfrink ?                                                                                                                                                                                                                   Quelle option suivre ? Un bouillonnement d’idées, d’écrits, de questionnement saisit les soeurs. Une hâte aussi.

Un jésuite (exégète) et un dominicain (spiritualité), par leurs conférences, font avancer la réflexion de la communauté. D’autre part, la publication en 1964 de « Un missionnaire de la Contre-Réforme » d’Hélène Derréal acheva de convaincre les sœurs que nos Fondateurs avaient voulu la congrégation au service de l’enseignement, sans les soumettre aux obligations des moniales.

Entre-temps, la fusion de 1963 entre l’Union Romaine (France) et l’Union de Jupille (Belgique) portait notre nombre à 1300 sœurs réparties en 50 couvents, dont plusieurs établis en Afrique, Amérique latine et Vietnam.                      

Préparée par des chapitres successifs, l’option apostolique fut votée en 1969, ce qui entraîna d’autres changements (clôture, habit, abandon du latin pour l’Office, style d’autorité, silence).

Dans la congrégation « Unité » ne rimait pas avec « Uniformité ». Les vœux eux-mêmes recevaient une nouvelle interprétation. On parla aussi du budget personnel : que coûtait la vie courante pour des sœurs qui n’avaient pas toute manié l’argent, les florins ?

Regardé rétrospectivement le changement, épreuve ou libération pour certaines, fut abrupt, saisissant, radical après une vie conventuelle trop longtemps statique, éloignée du monde en évolution qui ne la comprenait et ne l’appréciait plus.

Il existait dans la Congrégation trois catégories de sœurs : choristes, converses, tourières. Le chapitre de 1966 a supprimé ces distinctions, signes d’injustice et sources de souffrances. Mais aux Pays-Bas perdura quelques années la séparation « mère/sœur », surtout à l’internat.                                            

Annette trace des portraits sympathiques de sr Angélique Hanhart (Suisse), Sr Emmanuel van den Aker (Ndl), Sr Joséphine Klarenbeek (Ndl), Sr Hélène Elissen (Ndl), Sr Thécla Wassink (Ndl), Sr Marie-Anne Hanhart (Suisse), Sr Theodora van Geene (Ndl).

Les problèmes du monde pénètrent en communauté et, en 1962, jaillit la perspective d’un nouveau projet, audacieux et prometteur.

                                                                                                                                           

TALENPRACTICUM

Sr Miriam Noyons et Sr Lutgarde Verhulst mûrissent depuis 2 ans une idée « en or » et suggèrent d’utiliser les locaux scolaires – en dehors des heures de cours – et le week-end pour enseigner les langues à des adultes (préparation à une vie missionnaire, aide aux pays du Tiers-Monde, à des boursiers). Premier pas pour les soeurs vers un engagement dans la société, tel que le souhaitait le Cardinal Alfrink.

Bien sûr, une telle ‘ entreprise’ ne s’improvise pas. Miriam a visité un centre audiovisuel à Saint-Cloud. De tempérament créatif, elle échafaude des plans, obtient la collaboration d’un agent bien connu du Ministère de l’Enseignement à Den Haag. Elle prend contact avec des responsables du Ministère de l’Enseignement, des Arts et des Sciences, obtient accord et subsides, moyennant l’accord de l’inspection de l’enseignement secondaire et la collaboration des trois centres pédagogiques concernés à Vught.

De son côté Sr Maria Luykx, professeur d’Allemand, s’informe des procédés et méthodes d’apprentissage et sollicite l’autorisation du Ministère de l’Education pour la création d’un laboratoire de langues, tel qu’il en existe à l’Université de Groningen et à Den Haag.

Les cours devaient être donnés par des enseignants dont c’était la langue maternelle et initier à la culture.

Nous ne pouvons que saluer l’accompagnement de la communauté réalisé par Sr Lutgarde en cette période post conciliaire. De même que la lucidité et l’audace des démarches entreprises pour obtenir les autorisations nécessaires. Ajoutons la ténacité pour réaliser ce projet et l’enthousiasme transmis à la communauté pour que ce projet novateur soit l’affaire de toutes. C’est même devenu le projet de sœurs d’autres vicairies qui sont allées renforcer le groupe des professeurs de langues. E.P.

En Juillet 1961 la Villa est libérée et offre locaux et chambres. Sr Christina de Hosson assure tout le travail administratif.                                                                    

 

De mars à septembre 1962

Cinq soeurs se rendent à Saint-Cloud. Annette est chauffeur. La visite, bien que cordiale, ne satisfait pas le groupe. On se rend alors au Cedamel, dans le XVIe arrondissement, où l’équipement est intéressant : cabines et casques. La firme pourrait installer 24 cabines à l’école dont Miriam est la directrice. Le lendemain nous passons à l’institut des Hautes Etudes Commerciales dans le XVIIe. Le matériel est trop ancien (il date d’il y a trois ans…). Nous visitons ensuite dans le XVIe un talenpracticum. On nous dit que l’apprentissage d’une langue est une question d’entraînement, entendre, répéter. Disons que ces journées n’ont rien apporté à Maria, sinon des questions fondamentales sur la nécessité d’un laboratoire et la volonté de rechercher aux Pays-Bas et donc d’y multiplier les contacts… qui accrurent le nombre des questions plutôt que celui des réponses. Parmi celles-ci :

  • On apprend la langue dans le pays de mission, nous objectait-on.
  • Par quelle langue commencer ? Le swahili ou ???

Se posent aussi la question des enregistrements et surtout celle des droits d’auteur.

Sr Maria passe commande à Paris, Londres, Oxford, Berlin et des sœurs de la Congrégation viennent prêter leur concours pour différentes langues.

Sr Maria est experte en ‘public relations’ !

Nous en sommes au nom à choisir pour ce nouvel établissement. On décide de maintenir « Regina Coeli », tout en rendant possible son accès aux autres confessions.

Une circulaire est envoyée aux Supérieur(e)s religieux. Maria se met aussi en rapport avec le Centre des Migrants à Den Haag et avec d’autres associations susceptibles d’être intéressées par le projet… pour recruter et demander des subsides. La réponse sur ce dernier point crucial la déçoit, tandis que les candidatures de jeunes du Tiers-Monde (Afrique ou Amérique latine) se multiplient. Les séjours sont payés par le Ministère des Affaires étrangères. Peu à peu, la nécessité d’un bâtiment autonome s’impose. Aucune subvention n’est en vue.                                                                                                                                          

Août 1962 à Juillet 1963

Arrivent des inscriptions pour l’anglais et le français. C’est plus rapide que prévu et le nombre des locaux est insuffisant. L’intendance doit suivre aussi.

Ce premier groupe s’exerce à l’audiovisuel, et les finances sont indépendantes de celles de la communauté.

En août 1962, on compte 40 religieuses venant de 12 congrégations différentes et 2 laïcs. La plupart viennent pour l’anglais, quelques-unes pour le français. Une laïque anglaise donnera des conversations.

19 Kenyans sont inscrits pour le Néerlandais.

En 1963 on dénombre 15 laïcs pour le Néerlandais. Des jeunes filles africaines sont là en vue de se préparer à des études supérieures … ou encore des évêques viennent se perfectionner avant de participer au Concile.

Le nombre des religieux décroît, de même que celui des agents destinés à partir au Tiers-Monde. C’est une déception pour ceux et celles pour qui la langue est un pont entre les hommes, entre les peuples. Contribuer à la construction de ce pont est un réel privilège.

Soudain, en septembre, inscription de 156 élèves dont des ambassadeurs belges à l’étranger, obligés de présenter un concours en Néerlandais. La réputation du talenpracticum dépassait donc les frontières ! Toutefois il semblait destiné à une population élitiste, et formait comme un microcosme des Nations Unies, où les rencontres sortent de l’ordinaire, sans grade ni privilège.

Quel défi de faire coexister et étudier ensemble des personnes si diverses, à l’ombre du couvent et de l’école. E.P.

La méthode d’apprentissage est un atout certain. Interactive, elle continue à faire ses preuves et le principe initial  n’a jamais été abandonné: qualité du professeur, dont c’est la langue maternelle. A quoi s’ajoutent le travail personnel, l’utilisation de techniques adaptées, la conversation. Le tout dans un grand esprit d’entraide.

Maria pense à des cours à plein temps, à des modules d’une à quelques semaines.

Leur propre Talenparacticum est installé : le 15 juillet 1993, iI comptait 12 cabines et était accessible aux personnes de Vught et des environs, deux soirées par semaine.

Cette croissance rapide est due à des facteurs divers. Bien sûr les demandes sont nombreuses ; 4 cabines en plus en mai 1964. Durant les travaux de 1965, il n’y a pas eu d’interruption des cours.

  • Au niveau externe, notons l’avènement de l’Europe, puis celui du Conseil européen en 1965. L’usage étendu des nouvelles technologies (magnétophone…). La publicité dans les medias, tant à l’étranger qu’aux Pays-Bas. La participation de Maria à plusieurs colloques et congrès concernant l’apprentissage des langues. Par exemple au Conseil de l’Europe.
  • Parmi les facteurs internes, soulignons le soin tout particulier accordé aux moments de l’inscription, de l’accueil, des repas, des contacts personnels. Une souriante discipline favorisait aussi un climat de fraternité. Maria agitait la cloche à la fin des cours. Et la concentration du travail, le week-end ou en semaine, semblait plaire à tous.

Mais il reste des points à améliorer, notamment le partage des locaux. Pendant 9 ans ont cohabité étudiants, internat et religieuses. Certes, cela a occasionné des échanges humains et culturels ! Mais on note la qualité médiocre de l’équipement : vaisselle, ameublement… Non que les étudiants portent plainte, car l’ambiance et l’attention aux personnes dépassent ces lacunes.

S’agit-il d’une entreprise, à gérer comme telle ?                                               

A vrai dire, son maintien n’est possible que parce que les sœurs qui y travaillent ne sont pas salariées. On a toutefois engagé en novembre une secrétaire à mi-temps. Des appointements sont aussi accordés à la responsable de l’accueil et à la maîtresse de maison à la villa. Plus la rémunération des professeurs.

Au fil du temps, le Talenpracticum gagne en professionnalisme de tout ce personnel : horaires, barème, jours de congé…Le temps des petites listes avec le nombre de prestations réalisées est bien révolu ! Tout se fait par computer.

1972 – 1973

C’est l’heure des inspections, des impôts, des contrôles de la comptabilité, des horaires des professeurs. La structure administrative repose sur des lois et tout est bien accepté par les enseignants.

L’année suivante, c’est le service des allocations familiales qui se manifeste. S’impose la nécessité de faire du laboratoire une fondation indépendante du couvent et pensée avec des experts. 1975 en marquera l’inauguration et Annette représente au sein de ce bureau la Congrégation et ses valeurs.

Parcourons l’agenda de la suite

En 1974, Maria a 70 ans.

Une fusion serait-elle envisageable avec Stichting Bijzondere Cursussen (SBC) (Fondation des cours spéciaux) qui comprend aussi des cours de langues ? Rappelons que l’internat a cessé en 1971 et que les recherches pour la Fondation Regina Coeli sont en cours. L’ancien bâtiment est à vendre et le Talenpracticum peut louer son emplacement pendant un an.

Les soeurs d’Ubbergen et de Vught habitent sous le même toit : la résidence Alix Le Clerc. Nous en reparlerons dans un autre chapitre.

En août 1977, la fusion avec la SBC est envisagée, bien vite suivie par des difficultés fiscales et financières qui la remettent profondément en cause. L’ancien bâtiment est acheté en 1981 par un Institut accueillant des mal- entendants et le Talenpracticum doit quitter les lieux.                                           

Dès 1969, les locaux se sont élargis par l’occupation de la salle de gymnastique de l’internat. On la coupe en deux pour des salles de cours à l’étage et une salle à manger au rez-de-chaussée. Cela permet d’accroître encore le nombre d’étudiants. Le profil de ceux-ci change, deux adjointes à la Direction sont engagées, mais la chaleureuse atmosphère entourant tous les étudiants reste une de nos caractéristiques.

Que fait-on encore ? Des plans pour construire un bâtiment indépendant.

L’adjointe autrichienne, Ulrike Swagemakers, suit la progression avec Christina et en août 1982 a lieu la bénédiction des locaux, suivie en septembre de l’inauguration officielle.

Une stèle est découverte, avec l’inscription suivante :

Je parle ta langue, parle la mienne,

Alors chaque cœur entendra la sienne.

Commencera alors un nouveau récit.

Maria, toujours active, a sa chambre au sein du Talenpracticum pendant 10 ans.

En 1984, une belle fête a lieu pour ses 80 ans. Les discours sont élogieux et ne laissent pas en retrait Christina, qui forme avec elle un merveilleux tandem.

L’introduction des computers au laboratoire impose encore des travaux. Maria est prévoyante et présente au Comité de Direction les nécessités tant pédagogiques qu’au niveau de l’accueil et de la détente des étudiants en soirée (que de jeux de scrabble !). Dès le début, la Villa (Eikenheuvel), d’abord dans le parc puis à côté d’Alix le Clerc, a eu cette fonction.                               

En 1987, deux porte-cabines sont installés dans le jardin.
25% d’espace en plus sont nécessaires étant donné que le nombre d’inscrits passe de 40 à 60 par semaine. C’est la construction d’une nouvelle aile communiquant avec l’ancienne par un passage lumineux, une terrasse et un jardin intérieur.

On intensifie aussi les cours du soir. Le 1er janvier 1988 le Talenpracticum reçoit sa structure juridique et en 1989 le nom de « TalenInstituut Regina Coeli ».

En 1990 on renouvelle le style de maintenance de la maison et un logo est choisi.

En 1991, c’est l’inauguration.

 

La Villa, indissociable de l’ensemble

Au départ, elle avait vocation à être un lieu d’accueil pour étudiantes africaines ; de même on aimait s’y retrouver en soirée pour se détendre. La première maîtresse de maison fut Madame M. Dietz – von Zambaur. Puis, ce fut Madame E. de Vries- van Dijk pendant 5 ans qui passa ensuite le flambeau à Sr Marie Paul, polyglotte (Ndl, français, allemand et un peu anglais). Celle-ci tint la Villa jusqu’en 1989, suscitant l’amitié de tous ceux qu’elle accueillait pour une pause café. Qui pourrait oublier sa gentillesse et la traditionnelle photo de groupe du jeudi soir ? Du 1er étage elle indiquait la place de chacun pour le cliché dans le jardin !

Des messages recueillis dans le livre d’hôtes témoignent de l’accueil chaleureux trouvé à la Villa. Anonymat et dates étaient respectés.

Oui, la Villa fut un lieu de fraternité, indissociable de l’ensemble. Tout est tenu par des femmes, souligne un hôte. C’est le matriarcat de Vught !

Mais le couvent, l’internat, la Villa sont finalement vendus. On déménage à Aloysiuslaan / Helvoirtseweg, maison à laquelle on donna aussi le nom de Villa.

1989 : C’est la fermeture au profit d’un espace dans le nouveau bâtiment.

 

Quelques réflexions encore

1903 – 2003 : 100 ans de la présence des sœurs aux Pays-Bas.

1963 – 2003 : 40 ans du Taleninstituut

Ces événements furent fêtés et Annette y prit la parole. Taleninstituut repose sur les bases spirituelles liées à un couvent faisant partie d’une Congrégation enseignante dont la tradition s’est perpétuée à travers la présence de soeurs travaillant bénévolement. Une somme est donnée au couvent, mais elles ne sont pas salariées individuellement.

En 1984 commence « l’après Maria ». Son retrait et celui d’autres sœurs n’ont pas été simples à assumer. Le nombre d’élèves augmente, les prix aussi. On passe de modules de 3 à 2 semaines. Les mentalités changent, les laïcs doivent avoir un salaire décent, les PC apparaissent, deux directrices au caractère opposé se partagent la responsabilité. Pas toujours avec bonheur. Entre 1995 et 1997 un directeur est engagé. Deux dames lui succèdent. L’essor continue.

La Congrégation fête ses 400 ans d’existence en 1998, soulignés le 12 décembre à Vught. Annette aborde la question de l’avenir et explique les démarches entamées pour maintenir la qualité de l’enseignement. La Fondation St Pierre Fourier renforce le lien avec le Taleninstituut doublé en 1998 par la création de la Stichting Administratie Kantoor, avec une personnalité juridique. Le quatrième centenaire fut une réelle fête pour la communauté.

Rappelons les étapes de la construction : 1982, agrandissement en 1991, déjà trop petit pour 62 élèves.

De 1998 à 2008, Heinz Jansen van der Sligte veut que l’effectif passe à 80.

Le 9 décembre 2000, on pose la première pierre et en 2001 le nouveau bâtiment est construit. On célèbre 40 ans d’expérience, ouverture aux media. La presse donne un large écho à ces festivités. Vught prend place dans la cartographie, la commune est connue par le Taleninstituut.

Au fond, de 10 ans en 10 ans on transforme, on agrandit. Conséquence logique de l’essor et de la longue liste d’attente pour les étudiants. E.P.

La crise financière de 2008 était inattendue. La destruction en 2011 des deux Twin Towers à N.Y. a eu des conséquences sérieuses en Bourse. Regina Coeli en a subi les conséquences du fait d’une diminution du nombre de clients. Heureusement l’Institut a survécu et a remonté graduellement la pente. (cf. article d’Annette dans les Noticias n° 83 de septembre 2016).

Grâce à l’évolution de la technique digitale, on a l’idée de transformer l’espace non utilisé en 48 chambrettes. Ces transformations ont eu lieu en 2014 – 2015, sans interrompre le fonctionnement de l’institut .On inaugura l’ensemble par un week-end festif le 1er avril 2015, marqué par le dévoilement de la statue d’Alix le Clerc devant le bâtiment. Pierre Fourier avait déjà la sienne dans le jardin.                                              

La langue est un moyen de communication

La langue est aussi porteuse de culture

Elle est surtout convivialité.

 

2012 : Pour le 50ème anniversaire de l’Institut, il n’y a pas de fête. Le temps est à la crise, source de tensions et d’inquiétudes. On doit se séparer de collaborateurs à contrat déterminé. Nous parviennent pendant trois ?????? des bourses pour réfugiés qui doivent apprendre le Néerlandais pour poursuivre leur profession. On travaille à se faire connaître en Europe.

Le nom change et devient : « Institut de langues Regina Coeli » ; on anglicise le nom des différentes fonctions au sein de l’établissement

Cette année-là, succède provisoirement à Mr Martenvan der Krikhen Madame Esther Van Berkel, assistée par un team management. Le calme revient peu à peu.

17 Juin 2013 : Début de Mr Harm Jan Bouwknegt comme directeur général et Esther est nommée spécialiste dans l’enseignement des langues.

L’introduction de tablettes et smartphones bénéficie d’un espace dédié. La mise à disposition de 48 chambrettes représente une plus-value pour l’Institut, de même qu’une bibliothèque regroupant des livres susceptibles d’intéresser les étudiants sur divers sujets et en dix langues. (Néerlandais, Français, Italien, Anglais, Allemand, Espagnol, Portugais, Chinois, Russe, Arabe)

2014 – 2015 On construit, mais les cours continuent.

2016 Inauguration de cette hôtellerie simple.

Les convictions sont réitérées : renouveau, professionnalisme, en marche vers de nouveaux progrès. On garde l’enseignement individuel par professeurs dont c’est la langue et la culture. Le tout dans une cordiale atmosphère et une hospitalité dans l’esprit de la Congrégation et de ses Fondateurs.

Ceci habite le cœur des professeurs et des étudiants

                                                                                 

                                              

Des pas hors de Vught

En 1962, les sœurs avaient manifesté une grande ouverture en fondant le laboratoire de langues, soucieuses de l’enseignement aux adultes.

Eglise et Congrégation sont sur le chemin de la nouveauté et y aspirent, sans savoir où cela les mènera.

Au fil des chapitres généraux de 1966 et 1969 cela devient plus clair.

Regina Coeli, sous le regard avisé de religieux, est en recherche.

Mgr Alfrink redit ses positions. Mgr Bekkers oriente vers des quartiers asociaux, disait-on alors.

Le P. van Kilsdonk sj, en février 1964, écrivait que tout nous vouait à la mort : un habit préhistorique, la fermeture au regard de la société et le peu de chance de développement pour les sœurs elles-mêmes. Cela souligne l’urgence plus que d’autres avis recueillis.

 

Appel de Californie

Le Père Daniel O’Callaghan, inconnu, nous envoie de Californie une lettre. Il est chargé d’une nouvelle paroisse à Rialto et a des projets ambitieux : construire une église, un couvent, une école primaire. Si l’appel est surprenant – s’établir en Californie pour une école – il reçoit un accueil positif aux niveaux du Généralat et des soeurs aux Pays-Bas : opportunité de s’implanter en Amérique du Nord, vœu caressé par le Généralat depuis longtemps.

Mais l’auteur de cet appel n’est guère réaliste quant à la date d’achèvement des travaux et l’équivalence des diplômes reconnus dans cet environnement.

En 1965, deux soeurs partent en reconnaissance et sont rejointes par une soeur brésilienne, Sr Rosa de Lima. Elles trouvent un catholicisme traditionnel, attaché à la liturgie en latin et aux rubriques. Aucune trace d’œcuménisme. Les soeurs parlent finances. Le Père ne peut payer leur voyage et revient sur ses promesses. Pour l’église, le chantier n’est pas encore commencé et le terrain n’est même pas acquis. Les plans sont faits. Il compte sur la Providence (hollandaise ???)                                                                                                                  

Néanmoins elles ont eu l’occasion de visiter des paroisses vivantes où les laïcs collaborent, ouvrant des possibilités sociales ou pastorales. Bref, un pays en pleine évolution, dirent-elles à leur retour.

En novembre 1965, information est donnée à toute la Congrégation : une fondation des Chanoinesses en Amérique du Nord.

Anne-Marie Ashmann et Marie Alexis Gtroothoff partent le 14 septembre 1966 et vont d’abord perfectionner leur pratique de l’anglais en Grande- Bretagne, puis font un court séjour au Brésil.                                                     

En Californie, elles s’installent d’abord chez les School Sisters. Elles prennent conscience de l’irréalisme du P. O’Callaghan face à la situation financière, mal estimée. Les constructions se font attendre et elles vont devoir chercher un autre travail.

En 1967, toutes 3 (2 sœurs seulement sont nommées dans la phrase précédente… !) partent un peu plus loin, à San Diego, et Sr Marie Vincent van der Waarden se joint à elles. La Confraternité de la Doctrine Chrétienne les accueille et les engage. Le salaire est maigre et les oblige à changer de meublé trois fois en 6 mois. Manifestement, elles sont contentes de partir quand un évêque leur propose d’aller aider une école primaire en difficulté.

1969 Chula Vista (Californie) Leur apport à l’école est efficace et elles apprécient le renfort apporté par une jeune belge, Béatrice Regnier. Toutefois cela ne suffit pas à redresser l’école que l’évêque décide de fermer. Les soeurs restent sur place et la CDC fait encore appel à elles.

Des soeurs françaises s’ajoutent au groupe, mais se sentent appelées à travailler avec les pauvres et s’implantent à Mexicali à 200 kms de là. Elles y rencontrent Betsie Hollants, journaliste entrée tardivement dans la Congrégation.

Elles traversent le Mexique à la recherche d’une implantation possible.

Dom Samuel Ruiz, grand défenseur des droits des Indiens, les invite à travailler dans son diocèse à Flores Magon (Chiapas). Béatrice Regnier, Danièle Fienart et Francine Bernard commencent ce groupe. Marie Alexis et Marie Vincent rentrent à Vught.                                                                                                                   

On note une dispersion, sans doute stimulée par tout ce qui favorisait à l’époque le projet personnel.                      

Quand Anne-Marie se rend Californie du Sud, à San Ysidro, elle espérait former un groupe avec trois Dominicaines. On lui confie la direction du CCD (le syndicat pour le personnel de maison).

En 1978, Philippins et Latino- américains sont exploités et sous- payés. Pendant 12 ans, Anne-Marie sillonne le pays pour défendre leurs droits.

1979 : Annette Heere se rend à San Ysidro et va de découvertes en découvertes dans cette ville frontière avec le Mexique.

Ainsi le frigo joue un rôle central dans la maison. Chacune s’y sert et les repas communautaires sont rares. Ouverture et flexibilité sont étonnantes, troublantes. L’hospitalité est offerte à des hôtes inattendus, ce qui entraîne un remue-ménage habituel pour les occupantes.

C’est aussi une occasion pour Annette de visiter le Mexique et de rejoindre Flores Magon. Trois ans plus tard elle y passe 6 semaines. Le village est alors menacé, en insécurité constante du fait de la lutte entre les campesinos et les grands propriétaires terriens. Les soeurs se sont installées là, visant le développement des femmes. Bien vite, on les accuse dans la presse locale d’être en possession d’armes et d’être communistes.

Dans les environs sévissent attentats, assassinats, incendies. Bien sûr le nom des responsables est étouffé. Prenant le parti des paysans pour le droit et la justice, elles se mettent à dos la population qui préfère la sécurité au salaire quotidien.

« J’ai remarqué le climat d’insécurité », dit Annette, « et l’action de l’Evêque Dom Samuel Ruiz. La durée de ce petit groupe me semblait compromise.    

C’est alors que survint l’accident de voiture de mai 1983 qui coûta la vie à Béatrice et Danièle et blessa Marie-Alice Tihon, Isabel Sofia de Siqueira et Francine. Ce fut la fin dramatique de ce groupe

Annette a rendu compte de son voyage à la paroisse et au Maurick collège qui ont invité Dom Samuel et Francine et ont remis une somme conséquente à l’évêque. Francine ne put retourner au Mexique, pour cause de maladie.       

1985 : Un appel est fait à Anne-Marie (65 ans) pour être responsable d’un groupe de 3 jeunes femmes à Tijuana, près de San Ysidro. C’est une ville frontière, au Mexique, un quartier chaud et des familles sont en difficulté. Anne-Marie y restera 12 ans. Les jeunes ont secouru les plus pauvres jusqu’à ce que la maison de la communauté soit transférée aux Salésiens.

Quatre soeurs mexicaines d’une autre Congrégation demandent à faire un stage chez nous. L’une travaille dans la médecine alternative, l’autre est directrice de CADHAC (Centre de défense des droits humains). Cet emploi et cette association ne sont pas sans risque pour Consuelo Morales et ses collaborateurs. Consuelo fait de nombreuses interventions à New York, Paris, Berlin, Strasbourg, Vught (où fut invité Dom Samuel Ruiz en mars 1984) et a reçu de nombreux prix. Puis il y eut Cristina, Maria de la Luz (au Brésil actuellement) et Carmen (décédée en 2014).

Consuelo et Cristina sont au Mexique, distantes de bien des kms.

La fondation St Pierre Fourier a contribué à l’œuvre du CADHAC de même qu’à celle de Tijuana.

Rotterdam

14 septembre 1966, Lors d’une rencontre de Sr Miriam Noyons avec le Père J. van en Haak, ils échangent à propos d’une nouvelle pastorale qui se met en place dans l’Alexanderpolder, un quartier en devenir qui fait partie de l’entité de Rotterdam. Pas de luxueuses églises, l’ensemble du district est divisé en secteurs pastoraux travaillant en réseaux avec des laïcs.

Un groupe se constitue : Miriam, Johanna de Rooij et Françoise Weterings et, en 1967, le trio s’implante à Rotterdam dans deux appartements, dont un est destiné à un oratoire et à une salle de réunion pour les groupes paroissiaux.

En 1969, une circulaire de Miriam relate à toute la Congrégation leur travail dans le Polder. Elle en souligne l’aspect œcuménique, la préparation par un team des prêches dominicaux, les évaluations du travail. Elles forment un pont entre les croyants et leurs pasteurs. Elles visitent les malades, soutiennent l’enseignement religieux dans les écoles non catholiques et participent aux réunions des seniors. Tout cela tente de donner un nouveau visage d’Eglise.

L’expérience professionnelle de Miriam la désigne comme rédactrice des infos paroissiales et comme membre de divers bureaux. Johanna assure la partie musicale des célébrations, elle est aussi maîtresse de maison et chauffeur ; Françoise s’intéresse aux groupes de prière charismatique.

Elles sont animatrices dans une nouvelle église (Sainte Cécile) dont le curé s’appelle le Père Kraakman.

Leur présence dure 13 ans dans le polder, dont 9 à Sainte Cécile, tout en gardant un contact régulier avec la communauté de Vught, avec laquelle elles partagent leur expérience. Mais des situations sont porteuses de soucis : une équipe jeune, bouillonnante de vie… Le renouveau va trop vite et éloigne des paroissiens qui trouvent inacceptables les innovations comme la lecture par une femme au lutrin, la présence de femmes dans le chœur. Cela multiplie les plaintes adressées au nouvel Evêque Simonis, qui, sans en référer aux prêtres et aux soeurs, règle les problèmes. La question du célibat des prêtres agite les esprits. Certains s’en offusquent. Les théologiens n’ont pas de réponse.

En ces années, des centaines de prêtres et de religieuses quittent leur poste (pas seulement aux Pays-Bas !). Cela annonce des années difficiles.

1977 : Johanna revient à Vught.

1980 : Miriam quitte avec regret cette implantation. Elle est malade et mourra en 1982.

Françoise habite avec Gudule Barkmeyer jusqu’en 2001, puis retourne à Vught

Sans doute l’Eglise connaît-elle une sérieuse évolution : ou bien les conditions d’Ordination changent ou bien elle accorde plus de place aux agents pastoraux

dans la liturgie, les organisations paroissiales, la pastorale. Il est impossible de maintenir la situation actuelle, dit en 2004 Mgr Tiny Muskens.

C’est ce que pensait, 25 ans auparavant, le curé van den Haak, vrai prophète.

 

Appel en Suisse

Beaucoup de jeunes filles suisses de langue allemande ont été internes à Lunéville et ont suivi les soeurs en 1904, puis sont entrées dans la communauté. Ceci jusqu’en 1940.

En 1974, Benigna Gabriel invite des compatriotes de nos maisons de France et de Belgique.

En 1975, Le Chanoine Tscherrig de Sion (Valais) demande par courrier si la Congrégation est prête à faire une petite fondation et à travailler au sein d’une maison de personnes âgées de cette ville. Les soeurs résideraient dans un appartement proche et recevraient un modeste salaire.

Benigna cherchait du travail, Marie-Rose Jung était pédicure, Zita Buser était auxiliaire de soins, Klara Rotzer (Belgique) était pédicure et elles donnent leur accord.

L’évêque de Sion voyait d’un mauvais œil l’arrivée de soeurs sans habit religieux. Tscherrig ne voyait pas les choses ainsi, mais l’évolution des Pays-Bas ne devait pas être celle de la Suisse. L’implantation avait-elle des chances de réussir ? Le caractère de chacune, de même que leurs tâches et fonctions diverses pouvaient certes les rendre heureuses … Et on se décida pour cette ouverture hasardeuse.

1976 Sion

La vie fraternelle fut difficile. Les contacts de Benigna avec la Caritas suisse peu active furent décevants. Les soeurs parlaient allemand et français, mais ignoraient le dialecte local et on les considérait comme des étrangères. Le salaire de Klara et de M. Rose reposait sur les résidents, non convaincus de l’utilité de ce supplément de dépenses.

De son côté, le Chanoine ne tenait aucun compte des lois et ne comprenait pas que les soeurs revendiquent des congés et un salaire convenable. Nous avons cependant obtenu la création d’un poste de gestionnaire pour une sœur ursuline. Le chanoine prit un avocat pour régler nos différends.        

           

1979 Lens

Des sœurs construisent à Sion une maison pour personnes âgées, non loin, le home Christ Roi et recevraient volontiers 3 de nos soeurs pour travailler comme aides-soignantes. La 4e, Benigna, visiterait les résidents.

La maison se remplissait, les soeurs y avaient un appartement. Bien vite la Direction afficha un comportement désagréable, donnant des ordres, exigeant ponctualité et obéissance strictes. Hors des habitudes de M. Rose et Klara qui organisaient leur travail dans le passé. Marie-Rose quitta en septembre 1980, Benigna ne tarda pas. Et, après cinq ans de vie commune, on mit fin à ce groupe qui, néanmoins, eut des aspects positifs.

 

L’Internat

5 février 1967 : Une circulaire annonce aux parents qu’Annette (35 ans) va succéder à Miriam comme responsable. Déjà on constate une impossibilité d’échéance à long terme, étant donné la moyenne d’âge des soeurs et l’évolution de la vie religieuse.

Les parents ne comprennent pas les récents départs des soeurs vers les nouvelles implantations.

On fait connaissance avec Cécile Veraart et une commission d’étude est instituée, rassemblant des compétences diverses. Une enquête est menée auprès de 15 parents : l’internat est-il une nécessité ?

On souligne l’évolution de la structure familiale (éclatée) et les difficultés. Peu de personnes se soucient du projet éducatif. On prévoit que les jeunes seront plus difficiles. Des compétences pédagogiques et psychologiques seront requises pour la Direction. Quels subsides éventuels ? Une enquête est organisée auprès de 75 institutions aux Pays-Bas (internats de filles, destinés aux différents degrés d’enseignement). Annette a organisé des rencontres et se retire du groupe en 1971 quand Regina Coeli décide la fermeture de l’internat. D’autres instituts maintiennent le leur.

Projet est fait de construire 2 pavillons derrière la Villa. Tout est calculé et semble réalisable, mais l’internat est beaucoup plus cher.

93 parents ont demandé des formulaires d’inscription, 15 ont inscrit leur fille, les autres cherchent ailleurs. Un internat avec direction laïque salariée n’est pas financièrement réalisable.

Les parents sont convoqués individuellement et on les avertit de la fermeture de l’internat au terme de l’année 1969-1970. Plusieurs éducatrices y ont travaillé, dont Ellen Baake, et partagé la responsabilité des jeunes. On se sépare de Cécile, qui tombe sérieusement malade à ce moment-là. Annette met toute son énergie pour mener à bonne fin cette dernière année. En juin 1970 plusieurs internes quittent, il en reste 40, scolarisées cinq jours par semaine et retournant dans leur famille le vendredi (après l’étude) jusqu’au dimanche entre 20h et 21h pour la plupart d’entre elles.

Résumons l’évolution éducative de l’internat. Au fil des ans, plus de liberté accordée aux internes, on multiplie les sorties, fumer est autorisé, des magazines sont présentés. Règne un certain climat d’émancipation, l’uniforme est supprimé, ce qui donne lieu à des emprunts, des échanges, des ventes même. Le week-end, des sorties sont organisées.

Reste le problème de la messe dominicale à la chapelle, ou le samedi soir à la paroisse. Les internes venaient de milieux différents et pour des motifs variés.

La Communauté

1971 Fermeture de l’internat et du reste du bâtiment. Vente du terrain.

Rappelons que 1967 marqua la fusion des communautés de Vught et d’Ubbergen. Cette dernière a le projet de construire un bâtiment dans la propriété.

La communauté de Vught est plus jeune, elle a suivi le renouveau, et parle néerlandais. Tandis que la communauté d’Ubbergen compte plusieurs nationalités et parle français. Au moment de cette fusion, il y a 34 soeurs à Vught (Union Romaine) et 24 à Ubbergen (Union de Jupille). Or, dans la nouvelle résidence Alix Le Clerc, il y a 49 chambres. C’est donc trop peu pour toutes les sœurs.

Restent la communauté de Loeffplein, les deux soeurs de Rotterdam, et Thérèse Ruigrok et Irène Lem à Bois-Le-Duc.

Deux communautés cohabitent et se partagent quelques services, la sacristie notamment. Nous dirons pour simplifier que Rosario est le moteur et Lutgarde est le cœur. L’évolution n’a pas été la même dans les deux groupes.

La nouvelle construction intrigue les soeurs de la Congrégation (Belgique et Allemagne) qui aiment voir sur place. Chambres et sanitaires sont incorporés au début des années 70. Le tout est construit selon les normes des maisons de soins. Cela ne ressemble pas à un couvent, entend-on dire !

Des nouvelles circulent d’une communauté à l’autre : Congo, Brésil, Vietnam, Californie, Mexique. On visite, avec les missionnaires de passage, les centres de solidarité susceptibles de financer des projets.

1984 Dès que se libèrent des chambres, un groupe de 5 soeurs Blanches, Notre-Dame d’Afrique, s’ajoute à Huize Alix Le Clerc.

Pendant 24 ans, nous avons connu beaucoup de fins de vie, inattendues ou non. Des chambres se sont libérées et un sentiment d’insécurité grandissait dans cet espace devenu trop grand pour 22 soeurs. Que faire ? Nous disperser dans les communautés avoisinantes ou accueillir des laïcs dans notre maison ?

En 1992, on entrevoit cette deuxième solution, en dépendance de la Direction de la maison de soins Sainte Elisabeth. Mais l’insuffisance du personnel soignant ne l’a pas permis. Finalement, l’association LKBB accepte l’achat et la transformation en appartements (car les chambres ont été construites selon des normes qui ne sont plus en vigueur) et la location à des soeurs ou des laïcs.

Il faut démolir pour construire 36 appartements.

1993 Nous faisons les plans avec l’architecte pour construire un 3e étage, un atrium à la place du jardin intérieur qui donnera lumière aux appartements. Les soeurs peuvent rester sur place pendant les travaux.

1ère étape : Avis des pompiers. L’atrium semble faire difficulté… surmontée.

2ème étape : Examen des finances. C’est trop cher. Modification pour obtenir 36 appartements. Le Généralat donne son accord.

3ème étape : L’option : examen juridique des clauses de vente à l’Institut des Sourds, dont le nom officiel est actuellement Kentalis. Querelle d’ interprétation des clauses. On a perdu du temps en attendant l’autorisation.

1993 Commencement des rangements en vue du déménagement (tri, braderies, souvenirs, bibliothèque …). Des fils, des prises, des outils, de quoi ouvrir un magasin. Sr Madeleine-Marie Foulon vient régulièrement de France pour nous aider. Les consignes sont suivies par les 15 soeurs qui restent et se savent en sécurité. Il faut se séparer des instruments de travail (machine à lessiver, lave-vaisselle…)

Des maquettes nous montrent à quoi ressembleront les appartements et les salles communes. Avec la terre enlevée pour la reconstruction, on a créé une colline derrière Alix le Clerc II.

Le cimetière, derrière la maison, pose question. Un lieu de mémoire de la Congrégation des Chanoinesses de Saint Augustin 1903 – 1993 soulignera la présence des sœurs par une belle statue de la Vierge. Et le cimetière paroissial accueillera les autres sœurs.

Juillet 1996 Chaque soeur reçoit un « ange gardien » pour l’aider à déménager. 

Le mois suivant, en deux jours, on déménage. Les deux communautés n’en font plus qu’une, mais Christina, Maria, Rosario et Lutgarde sont décédées avant ce jour. Le reste du mobilier ancien, argenterie, nappes, services en porcelaine, cristaux… fut vendu aux enchères. Molenweide in Boxtel et Huize Elisabeth ont assuré l’un leur aide administrative et financière et l’autre les soins nuit et jour. Les soins sont assurés de 9h du soir à 9h du matin par le personnel de nuit et ce service est subventionné. Cuisine et nettoyage relèvent du personnel de jour qui est de notre ressort et nous est très attaché.                                        

Seule la sacristie reste aux mains des soeurs. Les locations suivent leur cours. Plus tard, Anne-Marie, Thérèse et Françoise nous rejoignent.

Le 20 avril 2004 c’est le dramatique accident de voiture qui causa le décès de Johanna et Françoise. Sr Stéphane-Marie est décédée le jour de leur enterrement. Marie-Colette survécut à ses brûlures et est décédée à Paris le 21 mars 2007. Nous l’avons visitée à Paris et correspondions fréquemment. Un étudiant très traumatisé par l’accident devait la rencontrer à la fin du mois de mars 2007. Le courrier de l’hôpital passait par Vught et trois membres de l’hôpital d’Utrecht sont allés lui rendre visite. Cela nous a beaucoup touchées.

Marie-Rose mourut trois mois plus tard : la communauté avait perdu trois soeurs encore  actives.

Huize Alix Le Clerc subsiste et nous louons un appartement, l’ancienne chapelle, pour ranger les archives à déposer dans un centre inter-congrégationnel destiné à les recueillir. Et un bureau pour la Fondation Saint Pierre Fourier.

Une congrégation est toujours fondée avec un objectif mais n’est pas un but en soi. Annette dira en conclusion : « Pleine d’admiration, je constate que les soeurs françaises venues à Vught comme étrangères ont donné forme à leur idéal qui s’est développé, a fleuri. Maintenant ce sont d’autres qui le porteront et transmettront. »

Alix s’est vouée à l’enseignement et Pierre Fourier s’est battu pour cette cause. Ils peuvent en être fiers.

 

En hommage à tous nos successeurs

Annette Heere 2017

 

Annette est décédée le 7 août 2019 à Vught. Dernière sœur de la Congrégation aux Pays-Bas. Mais l’héritage, transmis aux laïcs, reste bien vivant.


Institut de langue Regina Caeli



Lien vers le site de l’institut de langue Regina Caeli.