Une source d’Espérance

Visite du Conseil Général et du Réseau Educatif International Congo, 15 – 30 mai 2023

EXPRESSIONS LIBRES DES PARTICIPANTS

Préparant mon départ, j’avais lu les exploitations minières du Congo et les ravages de la guerre civile, la pauvreté et les inégalités. Lire est une chose, découvrir en est une autre !

Alors oui, j’ai vu les files ininterrompues de « trucks » emportant les précieux minerais, vu les mines à ciel ouvert qui resteront des montagnes de gravats après le départ du cuivre et du cobalt, longé des kilomètres de murs d’enceinte de concessions étrangères comme autant d’états dans l’état. J’ai vu au bord des routes, tous ceux qui marchent, des hommes, des femmes, des enfants. Pour aller où ? Y faire quoi ? J’ai vu la pagaille de l’administration à l’aéroport et la corruption de guichet en guichet, la circulation routière, effrayante, anarchique à tout regard européen, les véhicules déglingués, usés jusqu’à la corde, réparés sur le lieu même de l’endroit où ils sont tombés en panne, les taxis où l’on s’entasse au bord de l’asphyxie, les motos chargées de passagers ou de matériaux, parfois les deux. A Kolwezi ou à Lubumbashi, la ville s’étend à perte de vue, grossit à l’horizontale, sans que la moindre infrastructure ne suive. L’asphalte, l’eau courante, l’électricité arriveront peut-être… ou peut-être pas. Oui j’ai vu de ma place en voiture ces villes où des écoles et des « églises » fleurissent les unes à côtés des autres, ces villes « univers de la débrouille » où la pauvreté saute aux yeux.

Et puis, j’ai aussi découvert une autre réalité. Une source d’Espérance. Chaque jour, sur chaque site, notre délégation a été accueillie par des chants chaleureux, des rires et de beaux sourires. Nous avons pu mesurer, en participant à certains cours et en assistant aux magnifiques présentations culturelles des élèves, la richesse de ce qui se vit dans les écoles de la CND au Congo. Avec une belle dose d’enthousiasme et une énergie communicative, les professeurs font face au manque impensable de moyens. Sans livre ni cahier, sans vidéo projecteur ni ordinateur, ils accomplissent leur mission, convaincus de son importance pour l’avenir des jeunes autant que pour celui de leur pays. A 60 ou 100 par classe, en entendant une mouche volée, les élèves apprennent en répétant et récitant. La mémoire est un muscle bien entrainé au Congo, ce qui est un excellent point d’appui pour déployer d’autres capacités au fil des études. Les élèves de Mwanga, de Juhudi, de Sainte-Anne, de Bienheureuse Alix Le Clerc ou de Saint-Pierre Fourier devront en effet faire bouger les choses. Eduquer, n’est-ce pas changer le monde ? A l’école, et peut-être aussi à la maison, ils en ont acquis la conscience comme nous avons pu le saisir au travers de leurs prestations. Aucune des questions liées à l’écologie, ou à la déforestation, à la place des femmes, aux inégalités sociales, à la place des traditions, ne leur sont étrangères.

Face aux défis immenses à relever, ou plus simplement pour permettre à chacun de bien grandir (est-ce vraiment simple ?), les sœurs de la CND au Congo autour de Sr. Mireille tiennent le cap et accompagnent. A fois directrices, et même inspectrice avec Sr. Christine, elles sont éducatrices, mais aussi gestionnaires, coordinatrices, conductrices de travaux, jardinières, médecins, pharmaciennes…

Par la grâce de leur action et leur regard aimant sur les jeunes et les adultes de leurs établissements, les écoles du Congo sont des écoles ouvertes à toutes ou à tous pour que l’on y mène de front éducation chrétienne et formation humaine… le Tour de Main de la CND !

Laurent