Une expérience qui a touché mon âme

Visite du Conseil Général et du Réseau Educatif International Congo, 15 – 30 mai 2023

EXPRESSIONS LIBRES DES PARTICIPANTS

Marie partit pour se rendre en hâte dans une ville de montagne du territoire de Judée… (Luc 1,39)

Notre visite au Congo – une expérience qui m’a fait gravir  la “montagne” de mon être !

Après six seuls jours qui se sont écoulés depuis mon retour du Congo, voici que je suis en train d’écrire ce rapport pour le Noticias 105 de CND.

Je me demande: suis-je préparée pour l’écrire?

S’il était à moi de choisir, je ne le ferais pas, certes, en ce moment, car le silence et des inquiétudes m’habitent !

Pendant mon séjour au Congo, j’ai écrit quelques pages, à être relues, méditées, et incorporées à la façon dont je regarderai la vie dorénavant !

Il faut du temps pour m’organiser à l’égard de tout ce que j’ai vécu, éprouvé et écouté ; il faut du temps pour ruminer ; il faut du temps pour prier ; il faut du temps pour que mes pensées plongent dans la réalité que j’ai vécue avec mes sœurs et le peuple congolais ; il faut du temps, du temps, du temps… mais à présent je permets à mes doigts d’écrire ce qui se passe dans mon cœur.

Une expérience qui a touché mon  âme !

Des larmes coulent parfois sur mes joues quand je me souviens de l’impuissance qui s’est emparée d’un peuple frappé par la souffrance, les massacres, la marginalisation et l’exploitation outrageante par des compagnies minières qui volent avec indifférence toute la richesse minérale du pays (zinc, cuivre, diamant…). Des enfants, des jeunes et des adultes que l’on retrouve le long des chemins, sans maison, sans travail, sans énergie électrique, sans nourriture ni eau potable… Nos sœurs, de vraies filles d’Alix et de Pierre Fourier, elles y demeurent, limitées au minimum nécessaire pour vivre. Pourquoi ?

Elles sont mes sœurs, comme je suis aussi une sœur de leur peuple – alors comment puis-je accumuler ce dont ils ont besoin ? Est-ce que je m’attache à des choses éphémères ? Ou bien est-ce que je souffre à cause des riens qui pourraient me manquer ? Est-ce que je me plains si l’accès à l’internet me manque pour un peu de temps ? Si l’eau manque pendant quelques heures ? Si le repas qui ne me plaît pas ? Si, si, si…

Cependant, elles sont là, où tout cela manque très souvent – elles y sont, inébranlables et résolues !

Est-ce naturel de vivre en de telles conditions ? Bien sûr que non ! Mes sœurs et leur peuple ont le droit de tout avoir pour mener « la vie en abondance » ! Cependant, c’est avec résilience, engagement, solidarité et créativité qu’elles surmontent les conditions présentes, à la recherche de meilleures conditions de vie.

Il faut croire !

Elles croient à la mission éducative de notre Congrégation – « Fais- le grandir ».

C’est pour cela qu’elles vivent avec audace l’héritage d’Alix et Pierre Fourier dans les plusieurs écoles CND, et dans les travaux apostoliques et professionnels qu’elles exercent.

L’engagement de nos sœurs, des professeurs et des collaborateurs qui travaillent aux écoles CND m’a permis de discerner le visage de CND – un visage qui réfléchit notre engagement à « Faire tout le bien possible. » Ce tout le bien possible est celui que fait le peuple congolais, avec peu de matériau pédagogique et un nombre réduit de personnel travaillant dans chaque école. Voir qu’il y a des salles de 40, 50, 60 élèves par classe m’a vraiment frappée.

Malgré tout, j’ai trouvé un peuple qui a le besoin d’apprendre, d’enseigner, de bien accomplir son rôle de professeur et d’étudiant, de bien faire sa couture, sa broderie, sa cuisine, son jardin, son potager, son coin de plantes médicinales…

La discipline s’impose dans les salles de classe, ce qui m’étonne un peu, mais je considère que mon temps avec eux a été trop court pour entraîner des jugements – avec un nombre trop grand d’étudiants et ayant des conditions minimales pour mener à but leur mission, je crois qu’ils font très bien leur travail!

Je me suis réjouie de connaître un peuple fier de son pays, se son histoire de résistance, de sa culture, un peuple qui a une joie contagieuse, et qui ose chanter et danser, malgré ses douleurs! Pour toutes ces raisons, et d’autres encore, je souhaite que le peuple congolais réussisse à accomplir son rêve d’une société de paix, de justice et de protection dans tous les domaines de la vie!

Aujourd’hui, je regarde des photos et des vidéos et une force m’inonde – c’est l’espoir, l’énergie, la joie, des musiques, des danses, la résistance, l’amitié, des célébrations contagieuses, des sourires inoubliables, l’accueil chaleureux, le désir d’approfondir des liens entre nous, l’ouverture à la diversité, la gratitude pour notre présence… Et j’ai envie de sourire, un sourire qui n’est pas sur mon visage seulement, mais dans mon cœur, pour chanter tel qu’ils ont chanté pour nous:

“Comment ne pas te louer Comment ne pas te louer-er-er

Comment ne pas te louer-er-er Comment ne pas te louer-er-er Seigneur Jésus! Comment? Comment?”

En guise de conclusion,

« Je  demande    seulement    à    Dieu Que la douleur ne me soit pas indifférente, Que la mort sèche ne me trouve pas Vide et seule, sans avoir fait suffisamment. Je  demande  seulement     à     Dieu Que l’injustice ne me soit pas indifférente… »

Que le voyage au Congo ne devienne JAMAIS un voyage de plus parmi les autres…

Que je ne le cache JAMAIS dans ma boîte à souvenirs, mais que je le conserve au plus fond de mon être pour en extraire le jus qui nourrira ma conversion personnelle, de Congrégation et de mission!

Que Notre Dame de la Lumière vienne éclairer chacune de nous pour nous convertir en apôtresses d’un monde où aucune frontière doit nous empêcher d’aller au-delà!

Sœurs du Congo, sœurs du Généralat, membres du Réseau Éducatif International,

Je vous remercie cette grande opportunité de me faire grandir! avec tendresse,

Arlene