Faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, bander les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre, et créer un imaginaire positif qui illumine les esprits, réchauffe les cœurs, redonne des forces aux mains. – Discours du Pape François à l’ouverture du Synode des évêques, 3 octobre 2018.

Les 23 et 24 octobre 2023 a eu lieu à Rome le Forum de plaidoyer de l’UISG,  une initiative de l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG), en collaboration avec le Global Solidarity Fund.  Il s’agit d’une rencontre internationale qui a réuni environ 120 participants venus de différents pays, sur la base de leurs expériences, des témoignages qu’ils ont recueillis et des défis auxquels ils sont confrontés dans différentes parties du monde.

Le forum a accueilli des représentants de gouvernements, d’agences intergouvernementales, d’institutions du Vatican, de groupes religieux, de la société civile, d’organisations du secteur privé, du monde universitaire et de la presse pour partager les leçons qu’ils ont apprises des communautés qu’ils servent et les besoins qu’ils ont identifiés parmi les personnes les plus vulnérables pour leur développement plein et intégral.

Deux personnes venues de la RDC ont participé à ce forum, Monsieur Chiyey Kanyik Tesh pour le compte du gouvernement,  et moi-même au nom de tout le travail de plaidoyer que notre Centre d’Aide Juridique (CAJJ) mène depuis quelques années pour le compte de  communautés riveraines de Kolwezi impactée par les activités minières.  En effet, Kolwezi est devenu la capitale mondiale du cobalt, ce minerais stratégique pour l’énergie du futur, le top du numérique et les véhicules électriques.  Les impacts de l’extractivisme dans cette ville minière sont énormes.

Le plaidoyer c’est en effet, un moyen de s’exprimer au nom des personnes ou des causes que nous défendons, afin de provoquer un changement systémique. Ce plaidoyer s’avère prophétique en tant que  mission des religieuses visant à s’attaquer aux causes profondes de l’injustice, en promouvant le développement humain intégral parallèlement à l’intégrité de la Création.

Tout a débuté par une ouverture institutionnelle du Forum le lundi 23 octobre dans l’après-midi, avec une table ronde intitulée « Relier le local au global », suivie d’une séance de questions-réponses et d’une réception de bienvenue pour tous les participants. Nous étions parmi les intervenants de la table ronde pour présenter les défis urgents liés à l’extractivisme en RDC. L’activité principale du mardi 24 octobre, était la plénière intitulée « Vers une économie régénératrice et des modes de vie durables ». Cependant, le matin et l’après-midi les échanges se sont poursuivis au sein des groupes de travail constitués par groupe linguistique, pour permettre un échange plus approfondi et l’identification des domaines prioritaires pour un plaidoyer national, régional et international pouvant conduire à un changement systémique, reliant la sagesse et la spiritualité traditionnelles aux besoins émergents découlant de la transformation rapide de nos sociétés.

Les questions suivantes étaient au cœur des discussions  du Forum.

• Les modes de vie sont basés sur le comportement et les aspirations humaines : quels facteurs de motivation, systèmes et environnements peuvent pousser les gens vers des modes de vie durables ? Quels sont les obstacles à surmonter ? Quels acteurs et stratégies devraient être engagés pour un changement systémique ?

• Afin de lutter contre les fractures culturelles, sociales et idéologiques au sein des sociétés, quels sont les principaux défis et opportunités actuels en matière de cohésion sociale et de dialogue interculturel ?

• Aux niveaux national et international, les religieuses sont particulièrement bien placées pour plaidoyer avec /et pour les communautés qu’elles servent : comment aider les Sœurs catholiques à faire entendre des voix locales dans les conversations globales et à mettre en œuvre des solutions de développement basées sur les besoins des groupes marginalisés ? À l’inverse, comment les soutenir pour garantir que les engagements globaux soient mis en œuvre localement ?

• L’intégration des personnes vulnérables en tant qu’acteurs clés dans les cadres institutionnels repose sur la reconnaissance du fait que la vulnérabilité peut être une force et une valeur fondamentale d’un leadership responsable : quels mécanismes existent et pourraient être renforcés pour garantir que les voix des marges occupent une place centrale dans les dialogues globaux ?

• Accroître la visibilité des plus vulnérables dans le discours public implique de créer les plateformes nécessaires et de stimuler l’intérêt du public : qu’est-ce qui pourrait accroître l’intérêt des médias mondiaux pour les défis locaux et les besoins des personnes vulnérables ? Quel pourrait être le message d’une campagne conjointe en ligne ?

• Quelles actions peuvent faciliter la mise en œuvre de la feuille de route du UISG Advocacy Forum 2023 pour le plaidoyer en faveur de modes de vie durables, d’une nouvelle économie écologique et de pratiques propices à la cohésion sociale ? Que faut-il pour faciliter un échange régulier d’informations, un soutien mutuel et une collaboration entre les parties prenantes du Forum ?

Enfin, le Forum a permis de reconnaitre la nature interconnectée des défis les plus urgents ayant un impact sur le développement harmonieux de nos sociétés et de la planète : changement climatique et perte de biodiversité, pauvreté, chômage et inégalités sociales, migrations forcées et traite des êtres humains, crises sanitaires, violations des droits de l’homme.

Sœur Nathalie KANGAJI