Sœur Thérèse HURLIN
(8 janvier 1940 – 23 avril 2017)
Chère Thérèse,
Ton départ si brusque et si rapide nous a laissées un peu ’’désemparées’’…, tout en nous rappelant la fragilité de nos vies.
La tienne a été riche et féconde. Née en 1940 à Epinal, tu es entrée à 20 ans au noviciat de la Congrégation Notre Dame à Verneuil-sur-Seine où tu prendras ton nom de religieuse : Sœur Pierre-Marie, avant de reprendre (plus tard) ton prénom de baptême.
En 1963, tu entreprends à Paris des études religieuses ; puis en 1967 à Nancy, tu achèves une licence de sciences. Premières années d’enseignement, et tu arrives en 1974 à Epinal où tu vas vivre pendant 40 ans dans le quartier populaire de la Zup, avec Chantal Kornmann et Marie-Jeanne Samson, puis à deux, puis seule. Tu t’y investis tout en travaillant comme professeur et dans la pastorale à Notre-Dame.
Tu pars, en 1995, au Congo (Zaïre à l’époque), mais ton séjour de quelques mois est arrêté par de gros problèmes de santé.
Par la suite, tu t’engages de plus en plus résolument dans un projet éducatif avec d’autres sœurs, puis aussi avec des amies éducatrices : il s’agit de proposer à des enfants en difficulté scolaire un nouvel élan par le moyen de colonies et camps de vacances.
Cela s’organise dans le cadre de l’association La Flamme créée précédemment. Et pendant 23 ans, tu t’y consacreras corps et âme, sur tous les plans… Tu vas au contact de familles du quartier, tu rédiges les demandes de subvention, tu accompagnes les équipes d’enseignants et de jeunes animateurs (dont plusieurs sont présents ici) etc. Et ceci jusqu’à – à ton grand regret – la cessation des activités de La Flamme fin 2016.
Par ailleurs, depuis des années, et particulièrement à la suite de notre Chapitre général de 2008, tu étais engagée dans la Délégation Justice créée par la congrégation. La question de la justice te tenait à cœur et tu t’es employée à réunir des sœurs des autres pays d’Europe : Belgique, Grande Bretagne, Slovaquie… pour réfléchir avec le groupe de France, suscitant des journées à thèmes, ouvertes aux amis. Nous te sommes reconnaissantes de ton souci permanent de stimuler notre ouverture aux problèmes du monde, aux problèmes de pauvreté et d’injustice…
Après les départs successifs d’Epinal de Chantal et Marie-Jeanne, tu souhaites rester à la Zup, bien que seule, et continuer dans le quartier ce que tu avais initié. Par exemple :
Des groupes de prière se réunissaient toujours régulièrement chez toi.
Et ces dernières années encore, malgré tes problèmes croissants de mobilité, tu as fait de l’alphabétisation, préparé l’une ou l’autre personne au baptême, accompagné un groupe de recommençants dans la foi…
Les nombreuses réactions des sœurs de France et de l’étranger, reçues après l’annonce de ton décès, ravivent ta présence parmi nous, chère Thérèse notre sœur, avec tes qualités et tes limites.
Voici quelques échos :
…Tu cherchais à te montrer proche de la vie des nombreuses familles qui t’entouraient, partageant leurs joies et leurs souffrances, leurs difficultés, tissant des liens de proximité…
Tu as su écouter, comprendre, accompagner.
… Il n’était pas toujours facile de comprendre tes silences (quand il y avait un désaccord à affronter), qui pouvaient apparaitre comme une fuite des questions qui fâchent ! Dans ces silences, tu étais parfois déroutante, mais c’était ton moyen de recevoir l’autre…
…Ton enthousiasme qui te rendait toujours prête à mettre en œuvre de nouveaux projets, ta joie contagieuse et ton grand cœur, accompagnés de ton sourire malicieux et de ton désir de vivre, sont pour nous aujourd’hui un beau cadeau que tu nous laisses…
Pour les dons que tu as développés, et fait fructifier afin que chacun puisse grandir, nous rendons grâces à Dieu qui t’accueille aujourd’hui avec toute sa miséricorde et te dit :
« Entre dans la joie de ton Maître »…