Odile Foucault
27 janvier 1930 – 24 novembre 2017
… Au-delà de toute souffrance Une grande joie nous attend…
Chère Odile,
Nous sommes nombreux, ce matin, à venir t’entourer de notre prière et de notre affection :
– Ta famille ; je citerai particulièrement ta sœur Claude et ta filleule Florence qui, avec un dévouement et une fidélité à toute épreuve, t’ont accompagnée, semaine après semaine, durant le chemin de croix qu’ont été tes huit dernières années à Ste Perrine…
– Ton frère François dont la santé ne lui permet pas d’être avec nous, mais qui est présent de cœur…
– Tes sœurs de la Congrégation Notre-Dame : nombreuses sont celles qui ont vécu avec toi des moments forts d’amitié, de partage, qui ne s’oublient pas.
Aujourd’hui, ce n’est pas un moment triste que nous vivons auprès de toi, mais plutôt un moment d’action de grâce pour ta belle vie toute donnée, pour les merveilles que fit le Seigneur par toi, près de ceux et celles dont tu as pris soin tout au long de ta vie.
Tu es née à Paris le 27 janvier 1930, petite dernière d’une fratrie de 4. Pour des raisons de santé ton père a dû vivre plusieurs années à la campagne, à Louvres, aux environs de Paris. C’est ainsi que jusqu’à 10 ans tu as suivi les cours « Hattemer » avec ta maman comme institutrice. De là venait peut-être ton goût pour la nature ! Au début de la guerre, en 1940, tu rentres à Paris et poursuis tes études secondaires chez les Ursulines, Bd Pereire.
En 47-48, tu prépares un monitorat d’enseignement ménager rural à Brunoy sous la direction de Mère Madeleine Clotilde. C’est là que ta vocation religieuse est née. Tu es entrée au noviciat à Verneuil le7 septembre 1952 malgré les protestations de ta maman qui n’a jamais pu accepter ta vocation… Tu fis profession temporaire le 8 septembre 1954. Au scolasticat, rue Blomet, tu entres à l’école de la Croix St Simon pour des études d’infirmière, ce qui marquera l’orientation de ta vie pour la suite.
Le 29 octobre 1957, tu t’engages définitivement dans la congrégation, à Brunoy où tu resteras de 1956 à 1959 comme professeur de mathématiques en 3ème, maîtresse de division successivement en 4ème, 5ème, et infirmière.
Puis ce fut Reims, de 1960 à 72. L’établissement Notre-Dame te confia les élèves de 4e, 3e. A l’université, tu passas, dans le même temps, des certificats de botanique, de zoologie. Ce fut, ensuite, l’arrivée à Paris. C’est là que tu exerceras désormais tes talents d’infirmière, de 1972 à 1979, à l’hôpital Foch, à Suresnes, dans le service d’orthopédie. Tu y donnas même des cours d’anatomie aux élèves qui préparaient leur entrée à l’école d’infirmières. Durant ce temps, tu vécus en fraternité à Boulogne Billancourt.
En1983, tu fus sollicitée par le bureau d’aide sociale du 15ème arrondissement afin d’y prendre la direction de la résidence pour personnes âgées de la rue St Charles ; ce que tu fis après une formation de quelques mois. Plusieurs sœurs viendront-t-y rejoindre pour créer une nouvelle fraternité.
Dans les années 90 tu seras successivement infirmière dans les communautés des sœurs de Brunoy et de l’Abbaye.
Partout, les malades, les personnels ont apprécié ta compétence, ton jugement, ton discernement, ton efficacité et aussi ta gentillesse et ta bonté envers les malades. Attentive, pleine de sollicitude, tu restais ferme et exigeante, n’hésitant pas à stimuler les personnes, les encourageant à se dépasser.
Parallèlement à ton travail professionnel, tu pris des initiatives : telles les « colonies de vacances » pour les sœurs âgées à la Croix-Valmer, à ND du Mont, entre autres. Tu rendais volontiers service : accompagnements de classe de neige, de pèlerinages à Lourdes, atelier couture pour la préparation du 4ème centenaire de la congrégation en 1998…
Tu tenais beaucoup au groupe « Cana » qui au début, regroupait toutes les sœurs œuvrant dans le médical ; groupe de partage, d’entraide et de discernement qui s’élargit progressivement. Durant un long moment, ce fut ton groupe de référence où tu nouas de vraies amitiés.
Tu savais te détendre : très sportive, que de randonnées en montagne, à Courchevel, à Megève, à Argentière, tu fis avec les sœurs qui pouvaient te suivre ! Tu aimais aussi aller en Bretagne dans ta famille.
L’âge de la retraite arrivant, tu vécus avec plusieurs sœurs rue de Picpus dans le 12ème arrondissement, prenant part activement à la vie de la paroisse du St-Esprit. Et c’est là que la maladie d’Alzheimer fit progressivement son apparition… Très lucide, tu en connaissais le déroulement et l’aboutissement, tu l’as vécue avec courage et sans une plainte, d’abord à l’Abbaye puis à Ste Perrine… Dans les premières années tu étais attentive à tous les malades que tu croisais, n’ayant pas oublié tes réflexes d’infirmière. Puis ce fut le grand silence…
« Celui qui veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive… » Ce n’est pas la logique immédiate du monde… C’est la logique de l’amour, sans retour sur soi !
Odile, la fin de ta vie nous parle de la remise de soi dans la main d’un autre. Ces longues années de dépendance t’ont mise en communion avec les plus pauvres qui ne peuvent entreprendre quoi que ce soit.
Nous nous souviendrons de toi comme une sœur à la personnalité bien trempée, sachant ce que tu voulais, très droite, tenace dans tes engagements, dynamique. Sous des apparences un peu rudes se cachait un grand cœur, beaucoup de tendresse envers les malades et tous ceux et celles qui t’approchaient.
Que ta vie éclaire nos propres vies. Avec toi, dans cette Eucharistie, chantons la Vie qui nous est donnée !