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Marie-Paule CARTUYVELS

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Sœur Marie-Paule CARTUYVELS

(27.11.1930 – 10.01.2017)

C’est à Braives, province de Liège, qu’est née Marie-Paule le 27 novembre 1930. Son père était notaire. Elle avait un frère, Charly et leur maman leur dispensa à domicile l’enseignement primaire ; pendant les années de guerre, Marie-Paule fut initiée au latin par un abbé proche du village.
Suivit un court passage chez les Sœurs de l’Assomption à Antheit (Huy), puis elle est inscrite à l’internat de Jupille.
A 18 ans elle entre au postulat à Jupille et prendra le nom de sr Marie Godelieve. Elle y poursuit le reste de sa formation religieuse, fait ses premiers vœux le 18 septembre 1950 et son engagement définitif le 18 septembre 1953.
A l’Université de Louvain elle obtient une Licence en Philologie classique et enseigne ensuite à l’Institut Notre-Dame de Jupille. En 1959 elle est nommée maîtresse des études puis assumera la direction des Humanités à partir de 1964, avec une interruption de 1966 à 1967.
Nous pouvons dire que la vie de Sr Marie Paule est faite de prises de conscience successives, de déplacements, non pas tant géographiques – quoiqu’elle ait fait, au fil des ans, de nombreux voyages au Mexique, au Brésil, en Algérie, en Grèce, en Europe de l’Est – que dans ses aspirations, réalisations, fonctions, engagements selon le monde qui se découvrait à elle. On peut dire que des sentiers se sont ouverts en elle et qu’elle était rassembleuse, initiant des associations pour les causes sociales auxquelles elle se dédiait, analysant les situations et voyant comment y répondre.
De façon inattendue et peu courante, elle quitte la direction de Jupille pour assumer un poste de surveillante – éducatrice à l’école technique st Laurent à Liège, école destinée à des jeunes garçons. Avec un groupe de professeurs elle crée un fonds pour les élèves en difficulté, elle est membre du syndicat et même du conseil de sécurité et hygiène, elle milite pour la création de classes ateliers pour motiver les élèves, ancrage bien concret et passerelle pour la vie professionnelle future. Elle aide les élèves migrants sans papiers.
Elle vit en petite fraternité puis à partir de 1978 à saint Nicolas avec un couple ami. Elle aime lire, se documenter sur l’Amérique latine, analyser les défis et partager ses découvertes. Elle entraîne sa filleule ou ses amis en voyage ou au cinéma.
C’est aussi pour elle l’occasion de participer à Liège à des groupes de partage comme la barricade, le Beau-Mur, les Jardins partagés…

Peu à peu se développent en elle de solides convictions, une recherche de Justice et elle interpelle la Congrégation en ce sens. Bien des sœurs en témoignent :

Brésil : « Elle nous aidera certainement à vivre notre mission auprès de nos frères et sœurs qui combattent pour une vie plus juste et heureuse. » sr Cecilia Maria Sodero Pouza.

« Elle aimait le texte Mat. 25. C’était sa foi, sa boussole, le sens de sa vie. Et peut-être, sans s’en apercevoir avec clarté, a-t-elle vécu, à sa façon, cet Evangile comme une carte routière pour son chemin… » sr Ivone Gebara

Congo : Sr Nathalie Kangaj nous rappelle toute son action pour le Centre d’aide aux justiciables et la création, pour les étudiants qui fréquentent le Centre, d’une bibliothèque de livres de Droit. Elle nous écrit :
« Il y a presque 10 ans que je connais Marie-Paule. Il s’est tissé entre elle et moi une certaine complicité quant à la Justice, la dignité humaine, la Paix… J’ai eu à découvrir ses grandes valeurs, ses options et aussi sa détermination. J’ai fait l’expérience d’une sœur amie, malgré la grande différence d’âge. Je ne pourrai en aucun cas oublier le travail que nous avons fait ensemble, le nombre de personnes que nous avons pu sauver, les droits que nous avons défendus ensemble par une certaine collaboration. » Nathalie Kangaj

Grande Bretagne : « Elle a vraiment tenu bon dans les chapitres généraux, lors du grand tournant de la Congrégation vers les plus pauvres et pour la Justice, vivant ce choix jusqu’à la fin de sa vie. Toujours prête à soutenir les projets des autres. » Sister Gabriel Robin

France : « … vie donnée pour que la Justice règne un peu plus là où nous pouvons être acteurs … » Thérèse Hurlin

« Marie-Paule n’aura laissé personne indifférent, animée qu’elle était pour faire avancer la Justice. » Christiane Kientz

« Marie-Paule aura marqué votre vicairie mais aussi toute la Congrégation. Elle nous entraînait, nous « titillait » sur la Justice en Europe mais aussi au Mexique ou ailleurs. » Monique Méheut

« Je suis très touchée de pouvoir m’unir à vous toutes pour le décès de sr Marie-Paule. Je suis proche de votre communauté depuis notre magnifique rencontre des associés à Bruxelles en 2010 » Claude Pouphile (Reims)

« Les souvenirs qui me restent de Marie-Paule, c’est son sens social et le soutien fraternel et encourageant à Consuelo et à Nathalie pour le surgissement à Kolwezi d’une antenne judiciaire. » Marie-Armelle Gourbin

« C’est vraiment une personnalité qui nous quitte, elle a marqué notre Congrégation et beaucoup d’entre nous se souviennent de son implication dans la cause de la Justice. »Noëlle de Champeaux

« … j’ai apprécié sa largeur d’esprit et son désir de lutter contre les situations difficiles de ce monde. » Marguerite-Marie Manuelle
« Des souvenirs me reviennent en mémoire, de conversations avec elle quand j’étais au Généralat : toujours franche et directe quand elle donnait son avis sur telle ou telle affaire, et cordiale en même temps. Nous avions en commun l’amour du latin et du grec. »Marie-Armelle Girardon
« Une fois de plus, Marie-Paule aura fait se rencontrer les personnes et les cultures, signe de vie féconde que le Seigneur saura faire fleurir à sa manière. » Cécile Marion (Supérieure générale)

Mexique : « … tendresse, justice, force lorsque Marie-Paule se faisait proche des indigènes et des personnes sans droit. Marchant avec eux, elle avait dit qu’elle avait une part de sang latino-américain dans le cœur. » Consuelo Morales

Belgique : Outre les nombreux témoignages des associations et amis laïcs, relevons « Marie-Paule était une femme de projets, animée par le désir d’un monde plus juste. Tenace, audacieuse, exigeante pour elle-même et pour les autres, elle ne lâchait rien de ce qui lui tenait à cœur… Elle savait se montrer très critique et ses prises de position ne laissaient personne indifférent. » Véronique Wathelet

« En assistant à la rencontre d’adieu, les trois élèves présentes pour le service ont eu l’occasion de découvrir, à travers tous les témoignages, le parcours peu commun d’une des sœurs de la Congrégation. A l’heure où elles vont devoir également faire des choix pour leur vie future, pouvoir avoir connaissance de tels engagements est une véritable richesse pour elles. Elles tiennent aussi à vous remercier de les avoir associées à cette cérémonie. » Madame Montrieux, directrice de l’INDJ.
Dans la vicairie, elle assume des responsabilités et manifeste un souci majeur pour nos ASBL, leurs structures juridiques et le partenariat avec les laïcs. En 1990, lors de l’incendie de l’Institut de Jupille, avec Edith, elle s’ingénie pour reloger les srs et assurer la continuation de l’Institut aux deux tiers détruit. Nous la retrouvons à l’œuvre quand il s’agit de la fermeture du Berlaymont en 2008 pour trouver acquéreur, résoudre les problèmes de mitoyenneté avec le Lycée et mener à bien la vente du Monastère.
Pensionnée en 1995 elle est sollicitée pour d’autres engagements tels la création d’une antenne locale d’Ecolo.
Nous avons vu la santé de Marie-Paule se dégrader depuis juin 2014. Hospitalisée, ne pouvant vivre seule ensuite, elle fit un court séjour à la maison de repos N.D. de Lourdes à Liège puis entra le 4 janvier 2016 à la MRS la Chartreuse où elle est décédée le 10 janvier 2017. Nous remercions sa famille et les fidèles amis liégeois qui l’ont accompagnée avec cœur tout au long de sa maladie, l’ont visitée et lui ont rendu maints services.
Lors de la rencontre d’adieu le samedi 14 janvier 2017 à l’Institut Notre-Dame de Jupille, ses amis présents ont évoqué sa personnalité, traduit leur amitié en bien des témoignages. Nous les recueillons et élaborons un livret. Autant de facettes de M.Paule qui nous ont été révélées et qui nous sont précieuses. Reprenons pour terminer les paroles d’Ivone

Gebara : « Marie-Paule, tu étais éducatrice, écolo, féministe, internationaliste mais, surtout, tu étais une citoyenne du monde. » Un monde où plusieurs mondes sont possibles. (Tchiapas -Mexique)

L’incinération avait eu lieu le lundi 16 janvier au cimetière de Robermont.

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