Soeur Maria Helena do Rego Freitas de Toledo
• 27/1/1927• 27/1/1927+ 11/1/2020
Soeur Maria Helena, Mère Hermínia, Lelena, tante Lelena…
Ce sont des titres sérieux et affectueux comme a été sérieuse et immensément affectueuse la vie de notre chère Soeur Maria Helena. Elle nous a quittées le 11 janvier dernier après une longue période de maladie. Que de souvenirs sa longue vie nous évoque ! Depuis son entrée dans la Congrégation à São Paulo en 1937, jusqu’à son déménagement à la Casa São Pedro Fourier en quittant la Communauté Sedes, Maria Helena a été une femme heureuse et sûre de ses choix. Le sourire, la joie manifeste, les yeux et les oreilles ouverts au monde et aux Soeurs furent son plus fort témoignage dans sa suite de Jésus.
Elle a fait son Noviciat à Jupille (Belgique) à l’époque où les novices brésiliennes suivaient leurs premières années de formation dans ce pays.
Elle a été Directrice d’établissement scolaire, Supérieure de diverses Maisons, Vicaire, Conseillère Générale, Régionale et Membre du CAEF de la Vicairie jusqu’à très récemment.
Philosophe de formation, elle a été une femme de réflexion, mais peu impliquée dans les aventures et incursions intellectuelles de la Congrégation.
Souvent elle gardait un air réservé comme si elle nous invitait à deviner ce qu’elle était en train de penser et même comme si elle voulait stimuler nos réflexions. Elle était moins coutumière des cours publics et des conférences, elle aimait écouter, poser des questions et s’informer, surtout quand il s’agissait de sujets qui l’intéressaient. Elle a toujours aimé s’occuper des personnes, en se consacrant en particulier à tous les membres de sa famille et de la Congrégation de façon compétente et assidue.
Le côté libre de Lelena se révélait avec ses amies, ses amis et sa famille… Dans ces moments elle se détendait comme dans la vieille Coccinelle de
ses années de São Paulo et s’égarait à travers les rues et avenues de l’affection sans faire attention à l’heure pour rentrer à la maison.
Depuis que j’ai fait sa connaissance, tout en appréciant ses dons, j’ai remarqué chez elle quelque chose d’étrange : elle ne chantait pas ! Depuis ma jeunesse dans la Congrégation ce fait m’intriguait. Je la voyais silencieuse dans la chapelle ou lors des célébrations de la Congrégation, tandis que nous les Soeurs, chantions à pleins poumons, je me demandais quelles étaient les raisons de son attitude. Un jour, j’ai osé lui demander si elle n’aimait pas chanter et en souriant elle m’a répondu que si, mais qu’elle chantait ‘intérieurement’. Je lui ai avoué ma surprise et par la suite j’ai conclu qu’en fait elle chantait ‘intérieurement’ des chansons merveilleuses et que probablement elle les entendait et les reprenait souvent, en silence… ‘Chanter à l’intérieur de soi’, chanter le mystère de l’Amour Majeur dont seul le silence profond permet d’entendre quelques murmures. Et à partir de ce chant silencieux Maria Helena a aussi appris à interpréter avec beaucoup de lucidité ‘les signes des temps’, conduisant la Vicairie du Brésil à faire d’énormes pas dans l’esprit de l’option pour les pauvres. Elle n’a pas hésité à fermer et à ouvrir des maisons, des écoles et, avec le soutien des Soeurs, à servir davantage la cause du droit et de la justice selon l’Evangile de Jésus.
Sr. Maria Helena a marqué autant notre histoire comme Congrégation internationale que les chemins actuels de la Vicairie du Brésil.
Gardons avec affection et dans l’action de grâce la mémoire de sa vie si riche, ferment actuel et impérissable pour nos vies dans la Congrégation.
Avec saudade, gratitude et amitié,
Sr. Ivone Gebara
Saudade – mot de la langue portugaise plus fort que la notion de nostalgie.