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Olga-Maria Kovacikova

17 – 01 – 1919 09 – 07 – 2020



… nous le verrons tel qu’Il est…

 

 

 

Chère Olga-Maria,
C’est avec respect et tendresse que nous vous entourons aujourd’hui pour un dernier adieu. Nous ne sommes pas seules… La Slovaquie, l’Allemagne, la Belgique, le Portugal, le Brésil et la France sont présents pour faire mémoire de votre longue et laborieuse vie. Comme un pèlerin, vous avez pris votre bâton. Forte de votre foi en Dieu, vous êtes partie sur les routes, obéissant aux événements, aux demandes de la congrégation, prête à servir le Seigneur dans vos frères et soeurs rencontrés.
Vous êtes née dans un petit village de Slovaquie le 17 janvier 1919, à Velké Chlievany. Vos parents, profondément chrétiens, vous ont, ainsi qu’à vos frères et soeurs, transmis une foi solide et des principes où la place du « prochain » était première.
Vous avez connu la Congrégation Notre Dame à 15 ans à Ubbergen où vous avez appris le français, et à Jupille où vous êtes entrée au noviciat en 1935.
Au début de la seconde guerre mondiale, le noviciat fut transféré à Florenne, aux Pays-Bas Il fallut pourtant quitter ce lieu pour un long et épuisant exode : du 14 mai au 29 septembre 1940, 4 mois de marche harassante à travers la France et l’Espagne pour aboutir au Portugal à Lumiar-Lisbonne. Vous avez expérimenté la faim, la soif, l’abandon entre les mains du Seigneur, l’hospitalité fraternelle aussi de ceux et celles qui vous ont aidées si fraternellement en ces durs moments.
A Lumiar, le noviciat s’occupa d’une école créée pour les enfants de familles de réfugiés, et ouverte par la suite aux jeunes portugais. Là, sr Olga-Maria, vous avez oeuvré comme professeur de travaux-manuels, branche où vous excelliez. De ce séjour vous avez gardé de solides amitiés et l’acquisition d’une nouvelle langue : le portugais.
La guerre étant terminée : retour en Belgique en 1945, mais pour peu de temps. Disponible pour une nouvelle aventure, vous êtes envoyée au Brésil, à Sao Paulo. Ciel nouveau, cultures nouvelles…
Vous y resterez 22 ans, travaillant à l’ouvroir qui habille toutes les soeurs du Brésil. Vous perfectionnez votre portugais et obtenez des diplômes dans une école professionnelle. Dans cet immense pays, vous laissez un souvenir inoubliable. Qui ne vous connaît pas encore maintenant ?!
Vous entreteniez, il y a encore peu de temps, une nombreuse correspondance avec vos amies brésiliennes, et elles-mêmes, de passage à l’Abbaye, s’empressaient de vous visiter, repartant avec de gros paquets – parfois fort embarrassants – dans leurs bagages !
1969 : Retour en Europe mais, cette fois-ci, à Hagen en Allemagne. C’est pour un an que vous y avez été envoyée, le séjour durera 30 ans ! Après le portugais, c’est l’allemand que vous allez parler avec facilité. Les diplômes acquis au Brésil sont validés en Allemagne où les travaux manuels font partie des programmes de toutes les classes. Vous êtes reconnue professeur de travaux manuels et vous travaillez à la Hildegardis-Schule auprès des élèves, des professeurs, des parents. En même temps, vous vous tournez vers les plus pauvres avec ce désir incessant de leur venir en aide. Ainsi, votre multilinguisme vous permet de servir d’intermédiaire à de nombreux rapatriés, de soutenir bon nombre de portugais, de les aider à trouver un appartement et de leur servir d’interprète auprès des autorités. C’était, pour beaucoup de personnes, une aide à l’intégration dans la société allemande. Avec les OEuvres hospitalières de l’Ordre de Malte vous organisez des collectes de denrées alimentaires, de vêtements et de meubles au profit des pauvres de Pologne, de Hongrie, d’Ukraine et de Yougoslavie… Votre zèle incite beaucoup de personnes de tout âge à participer à leur tour aux programmes d’aide. C’est ainsi que le 4 avril 2001, à l’ambassade d’Allemagne à Paris, vous recevez la croix de chevalier de l’ordre du Mérite de la République Fédérale d’Allemagne.
Le 10 juin 1999, après avoir difficilement et beaucoup discerné avec vos responsables, vous quittez l’Allemagne, la proximité avec votre famille et vous voici accueillie en France à l’Abbaye-aux-Bois, toujours prête à servir vos soeurs.
Vous régnez sur la sacristie, le réfectoire, la lingerie et la roberie. Rien ne vous échappe. Vous aimez le travail bien fait et vous ne ménagez pas votre peine pour que chacune ne manque de rien.
Fidèle à votre pays vous vous ressourciez à la mission slovaque.
Fidèle à votre famille, vous entreteniez avec elle une abondante correspondance avec le souci de l’aider en tous ses besoins.
Fidèle aux amitiés créées dans les divers pays où vous avez vécu : que de lettres reçues et envoyées ! Témoin, le bruit de votre vieille machine à écrire fonctionnant tard dans la soirée !
Fidèle à la prière communautaire à laquelle vous teniez tant, au chapelet que vous récitiez avec les pèlerins de Lourdes, à la lecture quotidienne du journal dont les événements relatés nourrissaient votre prière.
Femme de caractère et d’action, au caractère indomptable, sous votre écorce souvent rugueuse, vous vous êtes révélée progressivement à nous, Sr Olga-Maria, avec un coeur aux dimensions du monde, compatissant et tendre, tourné vers les autres et élevé en Dieu. Dans cette Eucharistie, avec vous, soeur Olga-Maria, nous disons : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles ! »


Odile Zabus