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Odile BLAS

5/12/1927 – 18/12/2019



Chère Odile,

Nous voici aujourd’hui rassemblés autour de toi pour te dire A-Dieu, c’est-à dire : au revoir. Te voici arrivée au bout du chemin.

Tu es née à Paris, le 5 avril 1927, dans une famille de quatre filles et deux garçons. Dernièrement, tu nous as redit ta fierté d’avoir été « l’aînée des trois petits. »

Après tes études primaires, tu es arrivée pensionnaire à Brunoy en 1940, puis tu as suivi des cours commerciaux à Paris.

En 1947 tu entres au noviciat à Verneuil sur Seine, très attirée par la vie mixte : vie monastique, mais aussi éducation des jeunes. Tu prononces tes premiers vœux en 1949 et tu es nommée à Brunoy.

Pendant plusieurs années, tu es responsable de l’intendance de l’école (400 élèves à l’époque, dont 250 internes), puis, après avoir obtenu un CAP d’employé de bureau, tu enseignes comptabilité, dactylo… dans une section commerciale pour une cinquantaine d’adolescentes des environs, de milieu très simple. Tu es aussi monitrice de colonies de vacances, puis de camps d’adolescentes. Tu as beaucoup aimé cette période en contact avec les jeunes, où tu travaillais avec Sœur Marie-Madeleine. Mais en 1967, l’école ayant passé contrat avec l’Etat, et n’ayant pas les diplômes requis pour enseigner, tu as dû abandonner l’enseignement et reprendre la responsabilité de l’intendance dans une école qui avait triplé.

La gestion de ce service ne remplissait pas ma vie as-tu écrit, et sentant que la « vie » était dehors, en 1970 tu demandes à suivre la formation de Travailleuse Familiale, sans dire que tu étais religieuse. « Je ne voulais pas que l’on me mette sur le dos une étiquette, mais je voulais vivre ma vie religieuse en plein monde et essayer de faire découvrir à travers ce que je vivais le vrai visage d’une vie religieuse apostolique. Cette immersion dans les réalités humaines par l’habitat et par la profession de travailleuse familiale où j’ai essayé de dire Jésus-Christ m’a beaucoup apporté et a duré 17 ans.

A cette époque, tu vis en fraternité, d’abord à Epinay sous Sénart, puis à Créteil avec une sœur infirmière dont les collègues demandent à partager la prière des sœurs. Cela crée des relations qui durent encore : jusqu’à ces derniers temps, une amie venait tous les mois te chercher à Brunoy pour t’emmener à Créteil rejoindre l’ancien petit groupe. Ces mêmes amies t’ont accompagnée fidèlement pendant ta maladie. En 1981, à la demande de la Congrégation, tu prends une année sabbatique et passes un an dans le sud algérien. Tu resteras très marquée par le désert et la spiritualité de Charles de Foucauld.

A 60 ans, en 1987, tu participes avec la Congrégation aux débuts d’une maison d’accueil international, à Fontenay sous Bois. En 1997, tu es membre de la communauté du noviciat à Paris, puis à Brunoy. En même temps, tu milites à la Halte Fontenaisienne qui accueille des personnes de la rue. Tu participes aussi activement aux activités de l’association « La Flamme ». Celle-ci, sous l’impulsion de Sœur Thérèse Hurlin, a organisé pendant 25 ans des séjours dans les Vosges pour des enfants défavorisés. Ton rôle, comme en 1949, était d’assurer la cuisine.

De 2004 et 2007, tu es à Rome, responsable de la communauté de sœurs italiennes.

Puis tu reviens à Brunoy. Tu fais partie d’« Arc-en-ciel », groupement de la paroisse, où tu fais une permanence tous les lundis dans le quartier populaire des Provinciales. « Elle était joyeuse, attentive à tous et à l’écoute ».

Tu vas régulièrement à Viry Chatillon au vestiaire de la prison de Fleury Mérogis, pour aider à la confection de paquets pour les prisonniers. « Elle respirait la discrétion et la simplicité ».

Dans un autre domaine, tu étais heureuse de faire partie du bureau des anciens de Saint Pierre qui te reliait à ta jeunesse.

En 2014, tu es accueillie à la maison Florida. Chaque jour, tu fais une partie de scrabble avec une sœur aussi passionnée que toi. Tu continues à aller à « Arc-en-ciel » le lundi, ou à Créteil chez tes amies. Mais il faut venir te chercher car, en 2016, courageusement, tu as renoncé à utiliser ta voiture. Tu te fatigues ; tes genoux deviennent de plus en plus douloureux ; tu as du mal à te déplacer. Avec les responsables, tu décides alors de demander ton admission au Centre Desfontaines, à Quincy-sous-Sénart. Cet Ehpad, tu le connais bien pour y être venue visiter depuis plusieurs années des sœurs de la Congrégation. Tu y entres le 1er mars 2019. Tu développes une maladie grave et douloureuse. Et c’est la semaine dernière, bien accompagnée par le service des soins palliatifs de l’hôpital Sud Francilien, que tu as terminé ton parcours terrestre.

Odile, en ce temps où tu te présentes devant Dieu avec toute ta vie, cette Eucharistie est

célébrée pour toi.

                                                                            

 

     De sa nièce Catherine :

  1. Tante Odile, en cette fin d’année 2019 qui a été pour toi un long chemin de douleurs, tu as réussi à nous réunir en famille, comme tes sœurs aimaient à le faire chaque début d’année, après Noël, pour partager les joies et les peines de chacun, et bien lancer l’année nouvelle qui se profilait ; pour garder cet esprit de famille qui, comme pour toi, leur tenait à cœur, et que nous devons transmettre aux générations qui viennent, tout au long de ce nouveau siècle.

Comme le dit Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille :

Soyons de courageux et audacieux enfants de Lumière pour créer du neuf, et de l’inédit dans nos communautés : Bâtissons des maisons, et habitons les, plantons des jardins, et mangeons de leurs fruits :

Marions nos enfants, et ayez une descendance (Prophète Jérémie, ch. 29).