Sœur Marie-Sophie Nguyen Thi Phu
7 novembre 1934 – 10 novembre 2022
Chère Marie-Sophie,
Vous êtes née à Saigon le 7 novembre 1934 dans une famille nombreuse. Votre papa est instituteur. Il est sans doute à l’origine de votre vocation d’éducatrice. Vous découvrez l’art du chant en faisant partie de la chorale de la paroisse. Comme vous avez une très belle voix, vous y chantez en soliste pendant plusieurs années.
Après le baccalauréat, vous vous lancez dans des études scientifiques et obtenez une licence en botanique, zoologie et géologie. Puis, suivant l’exemple de vos 4 sœurs qui sont rentrées au couvent, vous vous posez naturellement la question de la vie religieuse, mais un peu plus tard, après l’obtention de votre licence en sciences. Votre sœur Marie-Amélie souligne affectueusement : « Pendant ces quelques années d’intervalle, elle était la fierté et la “chouchou” de nos parents… “
Vous devenez postulante dans la Congrégation Notre-Dame au couvent de Dalat le 2 juillet 1959. Parallèlement, vous enseignez les sciences naturelles et les mathématiques au collège.
En 1960 vous êtes envoyée en France à Verneuil-sur-Seine pour faire votre Noviciat. Votre tempérament curieux vous conduit à vous intéresser et émerveiller de tout : les fleurs, les saisons, la neige, les couleurs, les marées…Vos étonnements et découvertes font la joie et l’amusement de vos compagnes de noviciat. Votre vocation de religieuse se confirme. Vous prenez l’habit le 8 avril 1961, toujours à Verneuil. Puis en 1963, vous y faites votre 1ère profession. Vous continuez à enseigner.
Vous effectuez votre temps de scolasticat, rue Blomet à Paris. Vous suivez des cours de théologie morale à l’Institut catholique de Paris.
En 1965 vous rentrez au Vietnam et intégrez la communauté de Regina Mundi à Saigon. Tout en continuant l’enseignement, vous aidez le service Economat et la catéchèse de l’école.
En 1968 vous rejoignez la communauté Notre-Dame de Lang Bian à Dalat. Vous êtes professeur de sciences naturelles et responsable du pensionnat des grandes. Vous faites aussi la catéchèse. C’est à ce moment-là que vous prononcez votre engagement perpétuel.
En 1973, vous devenez assistante en biologie animale à l’Université catholique de Dalat.
Puis vous repartez en France pour compléter vos études universitaires. Vous préparez un Doctorat à la faculté des sciences de Paris VI. Vous l’obtiendrez en 1977.
Entre temps, la chute de Saigon en 1975 vous empêche de rentrer au Vietnam. Dès lors, vous vous investissez dans la Mission Catholique Vietnamienne. Vous y multipliez les engagements : accueil des réfugiés, cours de français, chorale liturgique, pèlerinages…
En 1986, vous entamez des études d’infirmière tout en continuant vos activités à la Mission Catholique Vietnamienne. Une fois diplômée, vous êtes pendant 14 années infirmière pour la Congrégation Notre-Dame à Verneuil puis à Brunoy.
En 1992 : réouverture du Vietnam, et le régime communiste accepte le retour / les visites des compatriotes. Vous avez donc pu revenir plusieurs fois au pays. Et vous vous faisiez l’intermédiaire de beaucoup de familles disséminées à travers le monde, y compris la vôtre.
A chaque retour, raconte encore votre sœur Marie-Amélie, vous avez une grande sollicitude pour chaque membre de la famille, surtout pour votre papa, seul survivant de sa génération. Et jusqu’à ce jour, les générations plus jeunes ont pu vous connaître – en l’occurrence les deux neveux qui vous ont assistée à l’hôpital pendant les derniers jours, une grande consolation pour la famille.
En novembre 2000, à l’âge de 66 ans vous prenez votre retraite et arrivez à Paris, dans la communauté de l’Abbaye-aux-Bois. Avec votre gentillesse et votre grand sourire, vous savez y accueillir les sœurs de passage. Vous mettrez vos dons au service de la communauté : décoration florale, préparation des offices liturgiques, entretien du jardin, animations festives pour la fête du Têt, exposés… Vous êtes discrète et parlez peu de vous-même, mais au mois d’août dernier vous confiez à la communauté votre désir de repartir au Vietnam… Une maladie foudroyante ne vous laissera pas le temps de concrétiser ce projet. Après quelques semaines éprouvantes, c’est au petit matin du 10 novembre que vous entrez dans la paix et la lumière de Dieu.
Pascale PICHON
Assistante de communauté