Luzia Vieira Neves

Sœur Marguerite DINANT

• 1928 + 2022

 

L’amour et la musique sont les deux ailes de l’âme. Berlioz

 

Marguerite est originaire d’Auvelais (prov. de Namur) et était la seconde d’une famille de quatre enfants. Elle perdit son père à l’âge de quatre ans et ce fut un premier bouleversement douloureux. Sa mère éleva seule ses quatre enfants et fit preuve de courage et de force. Elle avait un aide pour tenir la Pharmacie paternelle. La famille dut fuir le pays au moment de la guerre, puis elle revint en Belgique. Marguerite était attachée à son lieu natal, à ses deux frères et à sa soeur. Marie-Louise et Marguerite furent internes et, par ce biais, connurent le Roule (Bruxelles). On s’accordait à dire que sa soeur était sage et disciplinée. Marguerite, au contraire, était espiègle, faisait rire son entourage et multipliait les audaces en pleine salle d’études.

A 20 ans Marguerite entre au Roule et y fait son postulat. Elle poursuit la formation par le noviciat à Verneuil, en France. Elle prononce ses premiers voeux le 12 août 1950. C’est ensuite le juvénat à Paris, rue Blomet. Elle s’engage définitivement dans la Congrégation le 12 août 1953.

Elle revient à Bruxelles, au Roule. Elle donne des cours de musique, de piano à l’école. Mais la communauté ferme ses portes en 1958 et émigre à Verrières -le- Buisson en France. Rupture douloureuse encore. Pour Marguerite et la communauté. Tout en ayant une activité pastorale (catéchèse) elle poursuit ses études de musique (orgue et piano) de 1959 à 1965. Elle rêvait d’être missionnaire au Vietnam, mais elle fut envoyée à Rome (Villa Pacis) en 1965 pour un an. Elle y restera 24 ans et se mêlait aux chorales, était chauffeur de la communauté et parfois du généralat , participa 22 ans à la Filharmonique. En été elle accompagne des colonies de Vacances en Suisse, ou encore vient tenir notre maison Sérénité, au Coq.

Vous avez tous le souvenir d’anecdotes de passager, à ses côtés dans la voiture, à Rome ou en Belgique : incidents, titre supposé indicatif des feux rouges, frayeur vous portant à la prière (Seigneur, j’arrive), itinéraires embrouillés, lieu de parking oublié. Ces années à Rome furent très heureuses pour Marguerite. Son véhicule lui permettait une certaine indépendance et lui offrait la possibilité de vivre maintes rencontres qui se prolongèrent au-delà de son séjour.

Elle initiait les élèves à la musique, au rythme, au maniement du tambourin, du triangle, du xylophone, au chant et préparait des petites fêtes appréciées par les parents.Les enfants de sa famille bénéficièrent aussi de cet éveil musical (concerts familiaux).


Elle-même suivait des sessions de musique sacrée, s’initiait à méthode Ward et Orff.

Arrive une autre étape.Les soeurs belges souhaitaient participer au projet des Fraternités du bon pasteur lancées en 1983. Marguerite fut sollicitée pour former le trio. Rupture de son quotidien à Rome, aventure en Belgique dont elle connaissait peu les soeurs. Ce lui fut très dur, un vrai déracinement . Peu à peu elle s’adapte, retrouve sa joie de vivre et son rayonnement. Donne sa pleine mesure aux Fraternités et s’y retrouve finalement seule de la Congrégation. Elle participe à des heures d’approche musicale à l’école de Jolibois, accompagne les liturgies à Sainte Alène puis à saint Gilles.

Elle est accueillante, sa porte est ouverte à tous, ses tartes aux pommes sont délicieuses et elle livre ses recettes favorites à ses amis de passage. Les soeurs la rejoignent volontiers pour un séjour de calme et de prière. Elle nous dit la joie de son jardin et de sa petite vigne, passe des heures à des leçons de piano à des jeunes et a des créneaux de baby sitter. Autant de liens qui perdurent. Les étudiants du Manoir échangent volontiers avec elle.

En été, elle participe aux pélés — voyages organisés par la paroisse sainte Alix et ce sont des journées précieuses pour elle.

Le groupe Maurice Zundel lui ouvre des pistes à approfondir spirituellement et elle se nourrit de cet apport, recopiant et soulignant des cahiers entiers. « Je n’ai rien à dire, mais je vais vous lire de belles phrases » dira-t-elle à son groupe de vie.

En 2017, l’âge se fait sentir. Il faut vivre cette étape du lâcher prise, perdre son indépendance. La parole lui manque après son AVC. Où aller, si ce n’est au Home Roi Baudouin, proche des Fraternités à Woluwé ? Bouleversement ultime qui la conduit à l’essentiel répété : ‘ je veux la liberté, la vérité et l’amour. C’est tout ! ‘Le personnel est attentif et l’aime beaucoup. Les visites lui font plaisir.

Que retenir de cette longue vie parsemée de convictions et d’enthousiasme ? Différents témoignages nous le communiquent et ses liens avec les Fraternités le soulignent amplement.

S’adapter est sans nul doute un objectif qu’elle a poursuivi, jusqu’à découvrir une joie qui l’habitait au plus profond , au-delà des déplacements bouleversants.

Elle était fidèle à sa famille, à sa congrégation, aux Fraternités du Bon Pasteur et surtout à son Dieu. Autre fil rouge de son existence.

Elle nous quitte le jeudi 16 juin 2022. Elle repose à l’oratoire du bon pasteur. La célébration d’à Dieu a lieu à l’église paroissiale sainte Alix le lundi 20 juin et réunit sa famille, les soeurs, ses amis de diverses appartenances.