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Soeur Lélia Yole Sbrana

* 07/04/1935 • + 17/04/2021

 



« Plusieurs fois, je me suis souvenue que Jésus avait ordonné aux vents
de se calmer dans la mer lorsqu’une tempête se levait. Et je me disais :
‘qui est-celui à quoi obéissent tous mes tempêtes et est capable d’éclairer
mon obscurité et d’adoucir mon coeur de pierre et d’étancher la soif de
celle qui a vécu longtemps dans la sécheresse …”


Soeur Lélia Yole Sbrana, qui en religion s’appelait Soeur Teresa de
Ávila, avait un coeur joyeux et inquiet, plein de questions qui en faisaient
d’elle une avide chercheuse de réponses toujours renouvelées. Dès son plus
jeune âge, elle aimait Sainte Teresa d’Ávila. C’était comme s’elle trouvait
dans ses écrits un écho à ses nombreuses questions, souffrances et
recherches.
Soeur Lélia a parcouru de nombreux chemins pour répondre aux appels qui
lui sont arrivés de son coeur et de la vie du Brésil de l’époque. Elle a goûté
aux doutes qui l’affligent, aux questions sans réponse, aux larmes qui
brûlent l’âme. Cela semble avoir été l’une des raisons pour lesquelles elle a
choisi Teresa de Ávila comme nom religieux dans les premières années de
sa vie dans la Congrégation. Cependant, après le Concile Vatican II, Lélia a
repris son nom de baptême. La plupart d’entre nous ne connaissent pas le
côté inspirant et mystique de sa jeunesse et de sa recherche religieuse. J’ose
dire que Teresa de Ávila l’a aidée à répondre aux moments difficiles de ses
tempêtes et aux nombreuses questions apparemment sans réponse que la
vie lui a imposé. J’en sais quelque chose de son histoire parce que j’ai
partagé avec elle et avec d’autres soeurs en tant que novice apostolique en
1969, la vie de la première petite communauté insérée au centre de São
Paulo originaire des soeurs qui vivaient au Collège des Oiseaux.
Lélia est née à São Paulo en 1935. Fille de Monsieur Lélio et
Madame Therezinha. Elle a eu seulement une soeur, Norma qui lui a donné
deux neveux Fábio et Márcio qui l’ont accompagnée tout au long de sa vie
et surtout pendant la maladie des dernières années.
Elle a étudié la langue et la littérature néolatine à la faculté de Philosophie
‘Sedes Sapientiae’ et plus tard, elle a fait des études de théologie, se
consacrant particulièrement aux études bibliques qui lui ont permis aussi un
court séjour à l’école biblique de Jérusalem.
Elle est entrée dans notre Congrégation en 1958 et a fait son noviciat à São
Paulo. Elle a vécu des périodes à Porto Alegre, à Apiaí, à Ubatuba et
ensuite est retourné à São Paulo. Elle a enseigné dans les collèges de la
Congrégation et surtout dans les collèges d’État. Elle a également enseigné
à l’Institut de Théologie Assomption, en particulier dans le diocèse de
Santo André de 1997 à 2003. Également, elle s’est dédiée à étudier nos
fondateurs et a pu participer à des rencontres internationales pour mettre à
jour les nouvelles découvertes et réflexions. Dans les dernières années de
sa vie active, elle a vécu seule dans un appartement à São Paulo, mais en
réalité elle était toujours accompagnée de la présence de quelques soeurs,
amis et membres de sa famille qui constituaient sa communauté élargie.
Pendant cette période, elle a coordonné aussi un petit groupe d’Associés de
la Congrégation à Santos et a aidé dans sa formation religieuse.
Avec un tempérament joyeux et en même temps fort introspectif, Lélia était
une soeur extrêmement accueillante pour les gens et toujours prête à écouter
et à aider pour tout ce qui était nécessaire. Ses oreilles étaient attentives et
son coeur était immense. Toutes les soeurs et amis/amies qui ont vécu avec
elle sont témoins de ce don qui la caractérisait et l’ouvrait au monde.
Impossibilité de continuer sa vie d’ermite, elle s’installe finalement à la
maison São Pedro Fourier en 2020 où elle affronte avec beaucoup de
courage les difficultés d’une maladie qui limite sa mobilité et ses
nombreuses activités.
« La patience qui réussit tout », la certitude que « Dieu seul suffit » et
l’apprentissage que « tout passe », enseignements bien appris de Teresa
d’Ávila l’ont accompagnée jusqu’à la fin de sa vie. Sa présence, son beau
rire, joyeux et puissant, ses questions, ses soucis, ses douleurs et ses
recherches, ainsi que son étreinte affectueuse restent avec nous et nous
invitent à suivre fidèlement et patiemment la même Passion qui a nourri sa
vie.
Ta soeur qui rend grâce pour ta vie et pour le don de ton amitié,
Ivone Gebara
São Paulo, 23 Avril 2021.