Luzia Vieira Neves

Isabel Sofia De Siqueira

• 28/07/1930 + 01/02/ 2022

 

Notre soeur Isabel Sofia, Maria Teresa Ferreira Pinto de Siqueira, est née dans le
village d’Óbidos, au Portugal, le 28 juillet 1930. Elle a grandi parmi les vignes de la
Quinta das Gaieiras, appartenant à la famille de sa mère, Dona. Maria Eugênia et la
Quinta de Baixo, appartenant à ses propres parents. Son père, Dom José de Siqueira,
était un compositeur de fados, une tradition dans sa famille, et à l’âge de 11 ans, Maria
Teresa chantait déjà lors de soirées caritatives, en tant que chanteuse de fado reconnue
pour la maturité et la beauté de sa voix. Jusqu’à l’âge de 12 ans, vivant dans des fermes
en zone rurale, elle a étudié à la maison avec des professeurs privés et dans une école
du village voisin, maîtrisant le portugais et l’anglais.

A l’occasion de la Seconde Guerre mondiale, nos soeurs de l’Union de Jupille,
Belgique, où se trouvait le Noviciat international de l’Union, craignant que la région
ne soit envahie par les Allemands, décidèrent que le Noviciat – composé de jeunes
Allemandes et Italiennes ainsi que d’autres nations en guerre contre l’Allemagne et
l’Italie, ou sur d’autres continents -, s’enfuisse au Portugal, qui était un pays neutre.
Elles pensaient pouvoir s’embarquer de là vers le Brésil et se réfugier hors de la zone
de guerre. Ce voyage fut très long et cahoteux, et lorsqu’elles arrivèrent enfin au
Portugal, dans la seconde moitié de 1942, le Brésil venait d’entrer en guerre aux côtés
des Alliés et la traversée de l’océan Atlantique devenait impossible. La duchesse de
Palmela, qui connaissait les soeurs, leur donna alors son palais d’été, connu sous le
nom de Paço do Lumiar, à Lisbonne. Palais inoccupé et très spacieux, bien qu’en
mauvais état (où se trouve aujourd’hui le Musée des Vêtements – Museu do Traje).
Sans pouvoir retourner à Jupille ni continuer le voyage au Brésil, les soeurs, pour
survivre jusqu’à la fin de la guerre, restaurent tant bien que mal une partie du Palais
de Lumiar et y ouvrent un internat pour filles, où tout l’enseignement se fait en
français. La famille de Maria Teresa décide alors d’envoyer leurs filles à l’école des
soeurs belges, où elles pourront mieux apprendre le français. Après la guerre, les soeurs
rentrent en Belgique et/ou vont au Brésil, et ne restent pas au Portugal. Marie-Thérèse,
cependant, qui aimait beaucoup ce collège, voulut terminer ses études au couvent de
Jupille. Elle a été stagiaire pendant deux ans en Belgique et à l’âge de 18 ans, elle est
retournée au Portugal, où elle a passé deux ans à réfléchir sur sa vocation. Elle a
finalement décidé d’entrer dans la Congrégation et a ainsi été pendant de nombreuses
années la seule soeur portugaise que nous ayons eue dans la CNS-CNA. Maria Teresa
a pris l’habit et a été appelée Isabel Sofia, du nom de sa soeur aînée bien-aimée. Après
avoir terminé son noviciat, les soeurs l’ont envoyée dans notre maison de Louvain, où
elle a étudié la philosophie et la théologie pour les religieuses pendant deux ans. Elle
a ensuite été transférée dans notre école à Dijon, en France, où elle a commencé à
travailler comme enseignante pour les classes d’enfants.

Au cours des années 1950, le Brésil a connu une transformation majeure de
l’éducation. Le mouvement ‘Escola Nova’ a tenté de renouveler l’éducation
brésilienne avec les méthodes actives et modernes qui émergeaient en Europe et aux
États-Unis. La Vicairie du Brésil, désireuse de participer à ce projet et d’opérer une
transformation de la pédagogie de nos écoles, a demandé à la Congrégation d’envoyer
au Brésil une soeur formée aux méthodes actives. Soeur Isabel Sofia avait déjà révélé
son désir de venir au Brésil. La Congrégation l’envoie alors à Paris où, pendant 2 ans,
elle étudie au Centre d’Études Pédagogiques de Paris, se spécialisant dans la méthode
Montessori-Lubienska, guidée par le Père Pierre Faure S.J. Enfin, en décembre 1958,
à l’âge de 28 ans, Sr. Isabel Sofia est arrivée au Brésil pour commencer immédiatement
son travail avec des classes expérimentales au Colégio das Cônegas de Santo
Agostinho, sur la Rue Caio Prado, à São Paulo. Isabel Sofia a été responsable de la
formation d’innombrables éducateurs de tout le Brésil aux méthodes actives. Les
sessions se sont développées au College Madre Alix et au College Nossa Senhora do
Morumbi et ensuite se sont étendues à d’autres régions et à d’autres écoles du pays.
Enfin, peu de temps après avoir célébré son jubilé d’argent dans la Congrégation, en
1978, Sr. Isabel Sofia a été élue conseillère générale. Elle a ensuite passé six ans au
service de la Maison généralice, parcourant le monde et, en plus de ses tâches de
conseillère générale, encourageant également la recherche de méthodes actives dans
l’éducation et la pastorale. À son retour du Conseil général en 1984, Sr. Isabel Sofia
avait déjà pris sa décision : elle voulait maintenant travailler avec les pauvres et elle a
donc décidé de rejoindre Sr. Sueli et Sr. Valéria qui étaient déjà dans le diocèse de
Guarabira, à l’intérieur de l’état de Paraíba.
Cherchant à aider la formation des gens des communautés de base, Sr. Isabel Sofia a
rapidement trouvé le CEBI, le Centre oecuménique d’études bibliques, et est devenue
une passionnée par la lecture populaire de la Bible. A partir du CEBI elle a découvert
la méthodologie du ‘biblio drame’ comme outil pour faire ressortir les valeurs
évangéliques déjà présentes dans la vie des gens et a pu aussi intégrer à ces activités
une grande partie de son expérience des méthodes actives en éducation. Elle a été une
grande animatrice des Communautés ecclésiales de base et des études bibliques dans
le diocèse de Guarabira. Elle a parcouru presque tout le Brésil et d’autres pays, dont
Cuba, pour former d’autres formateurs à la méthode du ‘biblio drame’, toujours
enrichie par sa grande expérience d’éducatrice. Dans la région Brejo da Paraíba, elle
a maintenu pendant des années un cours biblique á la Radio ‘Clube de Guarabira’.
Étant élue à la coordination nationale du CEBI, au même moment que Sr.Valéria
prenait en charge l’école de formation Quilombo dos Palmares, elles considèrent leur
travail de formation à Guarabira comme terminé puisqu’il y avait plusieurs personnes
prêtes à poursuivre cette route éducative. C’est alors qu’elles ont décidé de vivre dans
une ville plus grande avec une meilleur possibilité de communication et des transports
plus faciles. Ainsi commença la première communauté CNS à João Pessoa, à laquelle
Sr. Maria das Graças, Sr. Cécilia Maria et Sr. Gê, entre autres qui ont passé un temps
pour leurs études, ont vécu des années d’engagement social et apostolique. De João
Pessoa, Sr. Isabel Sofia s’est consacrée pendant de nombreuses années au CEBI et à
la formation des jeunes et des communautés pour la lecture populaire de la Bible dans
tout le Brésil. Cela a continué jusqu’en 1996, date à laquelle elle a de nouveau été élue
au Conseil général. Elle a ensuite rejoint le Généralat pendant six ans, ne revenant
définitivement à Paraíba qu’en 2002. À João Pessoa, elle a repris son travail de
formation de formateurs et d’enseignement du portugais, dans les cours de préparation
pour les étudiants universitaires offerts à la paroisse Jésus Resuscité. Dans ces cours
participaient spécialement des jeunes Haïtiens nouvellement arrivés et des étudiants
africains au Brésil.

Soeur Isabel Sofia a mené sa mission à la limite de ses forces et tous ceux qui l’ont
connue ont été illuminés par sa joie de vivre et lui doivent une grande partie de leurs
avancées dans les études, dans l’action sociale et dans son dévouement envers ses
frères et soeurs. Nous ne cesserons pas de découvrir l’ampleur et la profondeur de la
formation que Soeur Isabel Sofia a pu offrir à tous ceux qui l’ont côtoyée.
João Pessoa, Février-Mars 2022.
Soeur Maria-Valéria Rezende