Sœur Iolanda Manna
• 9 mars 1923-24 mars 2022
Iolanda est née le 9 mars – lendemain de la journée de la femme ! – 1923.
5ème d’une famille de 8 enfants (5 filles et 3 garçons), elle a plus travaillé dans les champs qu’elle n’a passé de temps à l’école. En effet, son père avait demandé que ses deux filles les plus proches en âge soient dans la même classe pour éviter l’achat de livres scolaires. Comme l’une devait redoubler, il décida de les retirer toutes les deux de l’école du village.
La famille se déplaçait aussi au gré des récoltes et de l’embauche des saisonniers.
Un jour, une Sœur belge de Colle Ameno (Province d’Ancône dans la région des Marches) se présente avec le Curé du village qui appelle : « Qui veut faire de la broderie ? Qui veut rentrer dans la Congrégation Notre-Dame ? » ; « Demandez-leur » dit le père de Iolanda en présentant ses filles ; « Moi » dit Iolanda. Ainsi fut fait !
Entrée à Villa Pacis en 1938 comme « Marthe » – elle n’a pas encore l’âge de la majorité pour être reçue comme religieuse – elle va être au service des « Choristes » : réchauffer l’eau gelée pour les toilettes du matin, balayer la cour, nettoyer les classes etc.
En 1940, la guerre éclate et les « Marthes » sont renvoyées dans leurs familles.
L’Italie étant l’alliée de l’Allemagne, la situation permet leur retour : le 8 septembre 1942, Iolanda entre au postulat et prend l’habit le 13 octobre 1943 sous le nom de Giuseppina, par affection pour Saint Joseph.
Elle prononce ses premiers vœux le 29 octobre 1944 et fait profession perpétuelle le 1er novembre 1947.
Pendant trois ans, elle va comme sœur converse s’occuper du ménage et de la ferme : « Je connaissais le travail des champs, alors j’ai appris à traire les vaches : « Morella » (« la vache pour le travail »), « Lupina, » et « Bella Facia » (celles pour le lait) » ! Sans oublier le chien – « Black » – qui avait la bonté de laisser le chat se servir en premier dans sa gamelle…
Cela ne l’empêche pas d’aimer écouter chanter l’Office au chœur, tellement qu’elle se cache derrière le confessionnal pour ne pas encourir de reproches ; en effet, seules les Choristes sont autorisées à être à la Chapelle et une Sœur lui a fait vertement comprendre un jour que ce n’était pas sa place : « Vous, vous avez le chapelet ! »[1]
En 1950, elle part à Jupille où elle sera responsable du réfectoire pendant dix ans. Elle racontera plus tard avec un bon sourire qu’elle n’a connu de la Belgique que le circuit « cuisine – réfectoire des enfants ». Comme elle reste seule italienne dans la communauté, elle demande à tout hasard à la Supérieure à revenir à Rome :
« Je ne dis pas cette année, ni l’année prochaine, mais si c’est possible dans deux ans… » ; « Et si c’était maintenant ? » demande la Mère Supérieure. « Alors, je pars ! » a répondu Iolanda.
De 1960 à 1990, après deux mois de formation diplômante (près du Ponte Milvio), elle prend la responsabilité d’une classe de jardin d’enfants à Villa Pacis, travaillant pendant trente ans avec Maria Bruna, Auxillia, Annunciata, Renata et Jacintha.
Elle continuera après sa retraite, jusqu’à la fermeture de l’école, à rendre des services : assurer la sieste, conduire les enfants au jardin, veiller à leur propreté…Tout ce dont on a besoin quand on est petit et que l’on reste jusqu’à 16h !
Ce « tout ce dont on a besoin », Iolanda l’a aussi assuré à ses Sœurs pendant toute sa vie : se levant à 3h du matin Monte Mario pour aller chercher le lait à la ferme et rapporter les légumes du jardin ; trottinant entre la maison et la buanderie avec le linge de la communauté ; traversant la via Cassia pour aller chercher le pain quotidien ; toujours debout pour servir la table communautaire comme au temps des réfectoires.
Elle fut tellement à leur service qu’elle n’aspirait plus qu’à les retrouver là où elles l’avaient précédée, la laissant seule, aux bons soins de la famille Lecca de Chacaliaza : Mercedes, Angelo, Brian et Kelly.
Jusqu’au bout, tout au long du jour, elle aura dit le chapelet, fidèle à cette prière des « Marthes » à qui la Congrégation doit tant.
Iolanda s’est endormie la veille de la fête de l’Annonciation, visitée par celle qu’elle a tant aimée et priée.
Grazie Iolanda !
Cécile, Marie-Alexia, Noëlle
[1] C’était le temps dans les congrégations religieuses des « catégories », souvent calquées sur les classes sociales : celles qui avaient fait des études étaient « choristes » (elles pouvaient chanter les psaumes en latin), celles qui n’en avaient pas fait étaient « tourières » ou « converses » (elles récitaient le chapelet)
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