Annette Heere

29-03-1932 – 07-08-2019



Date de naissance 29-03-1932 à Raamsdonskveer
Postulat 21-08-1953 à Verneuil-sur-Seine
Profession temporaire 18-09-1956 à Verneuil-sur-Seine
Profession perpétuelle 11-10-1959 à Regina Coeli-Vught
Décédée 07-08-2019 à St. Michielsgestel



Comme je suis la seule survivante de notre Congrégation aux Pays-Bas, je suis ‘obligée’ d’écrire moi-même le récit de ma vie avec l’espoir que quelqu’un le finira en y ajoutant les dernières informations. Je trouve important que notre nécrologie soit complète.

Mon enfance à Raamsdonksveer a eu une grande influence sur mon développement futur me transformant en une adulte équilibrée et positive.

Mes parents possédaient une autorité innée. Les règles étaient appliquées avec souplesse, nous étions libres de jouer dehors autant qu’on le voulait, nous pouvions fréquenter tous les jeunes et les vieux de toutes les couches de la société du village.

C’était un temps où on se sentait en sécurité, se sachant apprécié et se sentant stimulé pour apprendre. « Faire de son mieux », telles étaient les paroles que nous entendions.

La période de guerre, surtout la dernière année, avec mon père qui devait se cacher, ma mère dans un camp de concentration à Vught, et les enfants qui étaient dispersés à gauche et à droite, chacun à une adresse différente, fut par moment effrayante, triste et menaçante mais également une expérience de solidarité. La fidélité et la serviabilité de la famille patriotique, des connaissances, des autorités communales et de la Résistance étaient chaleureuses.

La foi et la confiance en Dieu de mes parents m’ont donné le sentiment de sécurité de base ce qui a peut-être compté dans mon choix pour la vie religieuse.

1939-1947 : Ecole primaire et ensuite ULO (enseignement moyen) à Raamsdonksveer.

1947-1949 : Interne à l’école secondaire pour jeunes filles (MMS) à Regina Coeli à Vught.

1949-1950 : “Classe de philosophie“ à Verneuil.

1950-1953 : Je reste à la maison, je passe mon permis de conduire et j’apprends la dactylo et la sténo, MO-A Frans-études pour devenir professeur de français (je n’ai pas réussi) et je deviens secrétaire de mon père.

1953-1955 : Noviciat à Verneuil. Je fais partie d’un groupe d’une vingtaine de jeunes filles de mon âge qui est dirigé par une maîtresse des novices très avisée et humaine – Mère Marie de l’Annonciation – et par les “bons anges” agréables et gentils. Nous recevions en tant que postulantes des tâches à l’internat où les 50 internes respectaient la tradition de “tester les postulantes”.

Nous consacrions la plupart de notre temps à l’étude de l’Ancien et du Nouveau Testament, de nos Constitutions et des chants, généralement grégoriens, sous la conduite d’Isabelle-Marie Brault. Ces moments-là surtout, étaient les meilleurs de la journée et étaient une bonne compensation pour les leçons de travaux manuels que j’étais supposée devoir donner aux ménagères.

1955-1956 : Année Apostolique à Vught. Regina Coeli n’y était pas préparée et attendait 2 postulantes.

Participer à la vie communautaire et au travail à l’internat se révéla monotone mais les deux sœurs japonaises Praxedis et Johanna qui étaient venues pour apprendre le français et découvrir la mentalité européenne apportaient une petite note de couleur.

Août 1956 : A Verneuil après ma retraite et profession temporaire le 18 septembre. Suivie du juvénat à Paris. Départ pour Paris.

1956-1958 : juvénat sous la direction de Madeleine-Marie Foulon, cours de littérature française à la Sorbonne, “formation doctrinale pour religieuses », sérieuse et traditionnelle, à l’Institut catholique et à l’Institut Grégorien où j’ai réussi 3 des 4 niveaux.

Entre-temps j’ai réussi l’examen écrit du MO-A Frans (diplôme de professeur de français) aux Pays-Bas en 1957.

1958 : Je suis définitivement à Regina Coeli à Vught. Professeur de français de la 3ème année du collège, direction du club “Holland Glorie” sous l’œil protecteur de Miriam Noyons. Poursuite des études pour le MO-B Frans (études de professeur de français pour le lycée aux Pays-Bas).

1959, le 18 octobre : Profession perpétuelle, fêtée en grande pompe à l’internat avec la famille et les villageois de Raamsdonksveer.

1961 : Diplôme du MO-B Frans ; le jury me conseille de continuer pour un doctorat mais cela n’a pas été pas possible à cause de la clôture.

Nouvelles études de théologie chez les Augustins à Nimègue (plus commode par sa situation géographique), matière alors très intéressante, et un soulagement après la dogmatique classique à Paris.

1965 : Je suis choisie pour faire partie du “Conseil de la maison”.

Sympathique de la part de la Supérieure et des autres de me faire participer mais, étant donné mon âge et mon inexpérience, un choix à mon avis sans fondement.

1966 : Membre du premier Chapitre après la fusion de l’Union Romaine et de l’Union de Jupille.

1967 : Préfète de l’internat, en remplacement de Miriam, partie avec Johanna de Rooij et Françoise Weterings à Rotterdam.

1968 : A partir de ce moment-là, différentes monitrices de l’internat ont été engagées, ce qui était un renfort salutaire. L’idée était au départ de fermer progressivement l’internat.

Pourtant il a été envisagé de continuer parce que Cécile Veraart (une laïque) s’était proposée pour continuer sous un concept plus petit. Période de recherche aidée par une commission externe qui conclut que cette idée n’était pas réalisable.

1971 : Fermeture de l’internat ; avec l’aide d’Ellen Baake, une des monitrices de l’internat, nous avons vidé l’internat.

1967-1971 : Ce fut une période de nombreuses activités, toutes en même temps, l’internat, le Nouveau Chapitre de 1969 pour lequel j’ai eu beaucoup de travail, les préliminaires et naturellement donner cours.

J’ai commencé aussi une recherche sur l’utilité et les probabilités de réussite pour maintenir un internat pour jeunes filles aux Pays-Bas, recherche entre toutes les congrégations ayant des internats pour jeunes filles.

Le “Multitasken” – expression qui n’était alors pas encore utilisée – était fatigant, les nuits étaient trop courtes, les domaines trop divers, mais il y avait quand même des contacts avec la communauté et avec les monitrices, réconfortants et enrichissants.

1971 : Je suis nommée vicaire aux Pays-Bas et ce sont les préparatifs pour le déménagement de la communauté de Regina Coeli à Alix le Clerc I ; en même temps je reçois un horaire plus étendu avec le français et la religion.

1972 : Nous déménageons avec 3 autres sœurs plus âgées à Mr. Loeffplein 8 à Vught.

1974 : Je reprends la théologie “ MO-B” et réussis les examens mais ma thèse se termine mal car en 1975 tout mon temps libre pendant les vacances est consacré à ma belle-sœur malade et aussi à ‘’l’ Aventure Suisse” ; en d’autres mots de nombreux voyages avec ou sans Christine Hachez qui habitait en Belgique, à Sion et Lens. Là je devais remettre de l’ordre dans le groupe de sœurs de la Suisse, des Belges et des Néerlandaises qui habitaient et travaillaient en Suisse.

1977 : Fin du groupe à Loeffplein pour des raisons de santé des sœurs âgées.

Ensuite cohabitation avec Ellen Baake encouragée par la Supérieure Générale, Elisabeth Giron.

1979 : Vacances d’été à San Ysidro chez Anne-Marie Ahsmann qui en avait fait plusieurs fois la demande. Avec elle, voyage à Mexicali pour rejoindre Betsy Hollants dans le groupe du Chiapas.

1981 : Année sabbatique que la supérieure générale Marie-Alice Tihon avait conseillée avec insistance. Année de visites des écoles en Angleterre et en Écosse ayant pour but de rassembler du matériel pour enseigner les langues étrangères particulièrement pour la section française aux Pays-Bas. Un nouveau séjour aussi dans le groupe du Chiapas. L’ambiance là-bas était très tendue à cause de la lutte inégale entre les petits fermiers et les propriétaires terriens. Ceux qui essayaient d’aider (l’intention des sœurs) couraient continuellement des dangers.

1982 : Reprise des cours au collège Maurick mais la section française ne voulait pas discuter des nouvelles méthodes venues de l’étranger et je n’avais pas de local fixe: quelle déception !

Miriam est de retour de Rotterdam. Elle est frappée par une tumeur au cerveau et je m’occupe d’elle tous les jours.

Février 1983 : Je suis moi-même hospitalisée à cause d’un problème aux oreilles qui s’était aggravé en raison d’un mauvais diagnostic. A posteriori, en fait, c’était le début de la maladie de Ménière qui ne guérira plus et qui reviendra périodiquement.

1984 (février) : J’abandonne mes activités au Collège Maurick. Le bruit dans le bâtiment de l’école est trop accablant pour mes oreilles.

J’ai d’ailleurs utilisé cette année-là pour “le projet Mexico’’, présenté à Vught par des exposés dans différentes écoles. Celles-ci à leur tour ont organisé une présentation pour le jubilé de la 60ème année de la paroisse.

Don Samuel Ruiz Garcia fut invité et reçu, ainsi que Francine Bernard, une certaine somme.

1984 (avril) : J’entre dans le Conseil d’Administration de l’Institut de Langues Regina Coeli et depuis ce moment-là je m’y implique corps et âme. Plus tard je serai Représentante des Actionnaires (STAK). J’ai suivi de très près et vécu les sujets épineux de la direction.

En 2011 je me suis vue obligée d’intervenir dans l’intérêt des employés de la société. Malgré tout, l’institut restait un magnifique institut. (deux années d’affilée le meilleur Institut de langues et de la culture des Pays-Bas 2013-2014).

De pouvoir faire un discours à toutes sortes d’occasions était un plaisir, des moments de contacts précieux.

1986 : Je suis déchargée de ma fonction de vicaire, le mandat n’a pas été prolongé pour des raisons juridiques. Les différentes tâches furent distribuées au trio Rosario Ummels, Johanna de Rooij et Thérèse Ruigrok.

1989 : Je redeviens vicaire.

1991 : Début de la recherche sur l’avenir d’Alix le Clerc I. Le groupe diminue petit à petit, la maison se vide. Pour cette raison, d’autres congrégations sont contactées … sans résultats.

Ensuite on contacte le LKBB (= organisation sans but lucratif), un architecte, la mairie, l’Institut pour sourds (acheteurs de l’ancien Regina Coeli) et finalement les pompiers.

Ensemble avec Ellen nous faisons partie de la commission de construction d’ALC II.

Nous organisons toutes les 2 le déménagement de ALC I vers ALC II et préparons les sœurs.

Nous cherchons un endroit pour tout ce qui est de trop : meubles, matériel de cuisine, armoire à linge, etc…etc…

1993 : notre économe Christina de Hosson meurt subitement.

Hans van Dijk propose son aide. Il devient membre de la direction de la Fondation. Je me charge des finances du quotidien (tâche qui revenait à Christina).

1996 : le nouveau bâtiment Alix Le Clerc II est inauguré.

Entre temps les Supérieures des 2 communautés Lutgarde Verhulst et Rosario Ummels sont décédées.

Je reprends, si l’on peut dire, leurs tâches. Les deux communautés se fondent en une seule.

1997 (octobre) : La Supérieure Générale, Marie-Armelle Girardon, transforme les ‘petites vicairies’ en un seul groupe. C’est compréhensible mais, comme elles ne sont plus invitées à assister au Conseil Général Elargi, les contacts avec le Généralat et les Vicaires des autres pays sont moins fréquents.

C’est aussi l’année où je suis confrontée pour la première fois à la maladie de Non-Hodgkin. Une longue – heureusement réussie – chimiothérapie et radiothérapie suit. Ellen est à cette époque non seulement mon soutien irremplaçable mais aussi celle qui s’occupe de tous les faits et gestes de la communauté.

2002 : Marie-Armelle demande aux “groupes” d’élire l’une d’entre elles pour les représenter au Chapitre. Un système de votes est mis en place mais s’avère difficile pour des personnes qui ne se connaissent pas et de pays tellement différents : les sœurs des Pays-Bas refusent d’y participer.

2002 (avril) : C’est l’année de la présentation du livre “Regina Coeli, cloître et pensionnat pour filles 1903-1971” écrit par Nel van der Heijden-Rogier. La réalisation de ce livre a duré très longtemps pour certaines raisons. C’est pour cela que Nel van der Heijden voulait terminer son livre d’un coup et a décrit de façon négative les dernières années de l’internat.

Elle demanda conseil à quelques anciennes seulement.

C’est pourquoi mon soutien, longtemps enthousiaste, s’est évanoui un tant soit peu.

Une amertume est restée dans l’air tandis que la plus grande partie du livre vaut certainement la peine d’être lue. (Dans les archives certaines choses sont largement décrites).

 

Le 14 avril 2004 : L’ACCIDENT DE VOITURE ! dans lequel Stéphane-Marie Boulanger, Johanna de Rooij et Françoise Weterings décèdent et Marie Colette Leblanc est grièvement blessée.

Le groupe est maintenant si petit et si fragile qu’il n’est plus possible de le maintenir. (Avec Ellen nous nous étions déjà concentrées sur le fait que le groupe devenant de plus en plus petit, nous prenions des dispositions pour pouvoir héberger les sœurs de la meilleure façon possible pour qu’elles puissent rester ensemble.)

Les suites de l’accident entraînèrent une extension de nos activités, des visites régulières dans les différentes maisons de retraite aux Pays-Bas et à Berlaymont (Waterloo).

Pendant ces années, l’organisation des archives est prise en mains principalement par Ellen pendant que je me concentre sur l’écriture des nécrologies alors incomplètes. Au total 36 et avec cette dernière 37.

2014 : je me retire de la direction de la Fondation St. Pierre Fourier. Dans les premières années, cette direction s’était surtout occupée de la gestion des biens.

À ma demande, Ellen est nommée secrétaire pour faire les comptes-rendus des réunions dès 2003. À partir de ce moment-là, elle est donc au courant de toutes les activités. L’aide financière aux projets aux Pays-Bas et à l’étranger est maintenant la plus grande partie des activités.

Je me sens encore concernée et j’assiste aux réunions et vois avec gratitude comment Ellen remplit cette tâche, soigneusement et loyalement (depuis 2014 elle est membre de la Fondation St. Pierre Fourier.).

En août nous déménageons de la maison à Loeffplein (pour laquelle il y eut directement des acheteurs) dans un appartement au centre de Vught.

2017 : lorsque l’appartement à côté du 211 se libère nous déménageons à nouveau, de retour dans le quartier que nous connaissions déjà bien.

2017 : Est gravé dans ma mémoire surtout à cause de la parution de mon livre: « Het verhaal van de Nonnen van Vught » (« L’histoire des ‘Nonnes de Vught »), livre que j’ai écrit avec beaucoup de plaisir.

Le livre dans lequel je pouvais exprimer non seulement mon estime pour mes prédécesseurs mais aussi éclairer et justifier nos choix de ce moment-là, par exemple : commencer l’Institut de Langues, fermer l’internat, démolir Alix le Clerc I.                                

J’étais contente et surtout reconnaissante après tous ces arrêts fréquents, dont celui de la maladie de Non-Hodgkin, une deuxième fois, mais qui guérit miraculeusement grâce aux bons soins médicaux, à l’aide d’Ellen et à ma décision de vouloir décrire dans ce livre “l’héritage de mes prédécesseurs“.

Que cela soit clair, je regarde en arrière :   ÉMERVEILLÉE   ET   RECONNAISSANTE.

 

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Complément d’Ellen Baake :

Il est de mon devoir, à moi Ellen, de terminer cette nécrologie sachant que Thea de Rooij (celle qui a fidèlement réécrit jusqu’à maintenant les 36 et demie nécrologies faites par Annette dans le grand livre) m’a fait remarquer que le style de cette nécrologie était différent.

Sans doute est-ce vrai car Annette fuyait les compliments et donc elle écrivait pour elle-même un texte concis. “Non pas pour influencer mais justement pour empêcher une exagération possible car on m’a fait confiance et c’est la raison pour laquelle j’ai pu faire ce que je devais faire et que j’ai reçu une aide salutaire de nombreuses personnes et … comme ça je t’épargne du travail.” (Citation d’Annette).

Et maintenant:

2017 : Une fois de retour dans le quartier qu’elle connaissait si bien, Annette fera des promenades courageusement chaque jour, ira faire du ‘’fitness’’ mais à son grand regret elle ne reprendra pas la peinture à l’eau qu’elle aimait tellement.

Elle avait dû, peu avant, à cause de sa surdité grandissante (suites de la maladie de Ménière) abandonner le vélo. De même, à cause du passage d’une maison avec jardin à un appartement, elle dût abandonner aussi le jardinage. De surcroît, les repas étaient difficiles : à la suite de la radiothérapie, avaler était plus compliqué. Mais elle ne se sentait pas diminuée.

Elle s’estimait heureuse, soulignait-elle avec un peu d’humour, et elle était sûre de pouvoir se concentrer avec brio sur l’organisation de toutes sortes de choses pour les employés de Regina Coeli, la fondation St. Pierre Fourier, etc.

2019 (été) : Revient pour la troisième fois le lymphome de Non-Hodgkin. À l’hôpital, en attente de l’ouverture de l’établissement de soins palliatifs “Parunashia” où elle sera la première hôte, Annette voit courageusement sa fin arriver. Fin qu’elle disait parfois être curieuse de connaître.

Dès son arrivée le 1er août, elle s’excuse presque auprès de la coordinatrice qui l’accueille pour son court séjour et elle précise à son médecin, « son vieil ami », que c’est bien ainsi : « Je suis en Dieu ».

Nous nous regardons et elle nous montre chacun du doigt en disant : « Dieu est en toi, et en toi, Il est autour nous. »

De plus en plus, Annette glisse d’ici vers l’au-delà pour finalement le 7 août nous quitter pour toujours et échanger son existence terrestre pour ce qu’elle a souvent appelé : “L’autre dimension, un mystère”. Elle disait fréquemment: “Notre seule arme est le message de l’évangile ; être là pour les autres, donner… et ressentir cela nous fait surpasser le tangible et nous fait comprendre quelque chose du mystère Dieu’’.

Le 17 août, Le curé Martien Mesch dit la messe. Cette fois aussi Annette se retrouvait avec lui autour de la table pour préparer une messe. Elle a écrit la messe en partie elle-même sur le thème : Dieu est présent où l’amitié et l’amour dominent. C’est cela qui lie les hommes. C’est aussi pourquoi chacun est invité à choisir librement de communier.

A la sortie de l’église Edith Stein, pleine de monde, ses neveux la portent dans un cercueil de bois blanc couvert d’un « buisson de fleurs » offert par sa famille, Regina Coeli, Lodewijk, Ellen et Ed (Fondation Saint Pierre Fourier). Annette est enterrée derrière l’église dans le petit bout de terre réservé aux sœurs d’Alix Le Clerc (depuis 1993), escortée par un petit comité dont les sœurs de France et de Belgique, sa famille et quelques amis.

Témoignage de Lodewijk van der Kroft

Chère famille d’Annette, Révérendes Sœurs, Mesdames et Messieurs,

C’est un grand honneur pour moi de pouvoir prendre la parole pour dire adieu à Annette.

Ou comme Annette l’aurait dit « … de vous adresser quelques mots ».

C’est au début de l’année 2008 que je suis devenu membre des Actionnaires (STAK), le propriétaire juridique de l’Institut de langues Regina Coeli. Annette et Ellen s’excusaient toujours de ce rôle technocratique d’un membre indépendant à la direction. Un membre pour du beurre disaient-elles.

C’était pour moi mon premier coup d’œil dans le fonctionnement de l’institut de langues et plus tard un pas vers ma fonction actuelle dans la direction de la Fondation St. Pierre Fourier.

C’est à travers les années que j’appris à connaître Annette, comme beaucoup des gens à l’institut. Quelqu’un faisant preuve de beaucoup d’attention pour les autres, complètement désintéressée. Humble et juste, sage et expérimentée, choisissant chaque mot avec soin. Qualités qui en ont fait une dirigeante sensée qui pouvait dire beaucoup avec peu de mots.

Notre directeur Harm Jan disait à son sujet que ”pendant les réunions des Conseils d’Administration de Regina Coeli elle ne disait pas grand-chose mais suivait les discussions avec intérêt. Elle était très intéressée par les innovations dans le domaine de l’enseignement. Et aussi, elle participait, profondément impliquée, dans les discussions relatives à la gestion de l’entreprise.”

Elle savait évidemment que pour bien faire tourner l’institut, il fallait une approche rationnelle et directe mais elle insistait toujours sur le fait qu’il ne fallait pas oublier l’être humain.

« Donnez aux personnels de temps en temps une petite tape de réconfort sur l’épaule ». C’étaient les mots qu’elle faisait transmettre de son lit d’hôpital, par Ellen, à Harm Jan. « L’institut doit prospérer mais fais-le en pensant au personnel car il y a déjà beaucoup trop de choses qui changent. »

Telles étaient ses convictions : penser aux personnes d’abord pour devenir une bonne entreprise ensuite.

J’aimerais ajouter pour être vraiment une bonne entreprise qui, après avoir déduit tous les investissements pour le personnel et l’organisation, en passant par la Fondation St. Pierre Fourier, donne ce qui reste des opérations aux organisations caritatives pour l’éducation dans le monde entier.

C’est dans la période où j’ai pu être membre adjoint avec Annette que nous avons vécu des changements obligatoires. Il s’agissait surtout de changements pour le personnel, de décisions difficiles à prendre avec des conséquences justement pour le personnel.

Annette ne se dérobait jamais à ses responsabilités.

La structure était et est encore solide comme un roc. Cela grâce à la contribution des membres des Conseils d’Administration précédents.

Sachant parfaitement qu’elle serait la dernière sœur de la communauté néerlandaise, Annette était très soucieuse de mettre l’héritage des « Nonnes de Vught » en sécurité (ce nom était donné par des medias – 1968).

Cela concernait l’Institut de langues et la Fondation St. Pierre Fourier mais aussi les archives.

Plus de cent années de documents rassemblés par les sœurs ont été répertoriés dans le centre néerlandais du Patrimoine de la religion. Un travail gigantesque dont elle s’était, avec Ellen, chargée.

Avant que ce travail soit terminé, ces archives ont constitué la base du livre qu’Annette a écrit et qui a été édité au printemps 2017 sous le titre : Het verhaal van `de Nonnen van Vught`

Encore une fois un travail titanesque où les discours – “les quelques mots » comme elle les appelait – qu’elle avait conservés pendant des années venaient à point.

Annette écrit dans son livre que c’est ici dans l’église Heilig Hartkerk qu’elle a dit adieu à beaucoup d’autres sœurs de sa communauté. Je cite : « Nous sommes souvent venues ici pour dire adieu aux autre sœurs. Quand la vie a connu son cours naturel, quand la personne sent que le cercle, si l’on peut dire, se ferme et même que la personne est prête, ayant foi en Dieu, à clore la vie, alors nous sommes en paix.’ »

Annette a accepté sereinement sa fin sur terre.

Le 24 juillet, elle m’appelait encore une dernière fois de l’hôpital.

Elle voulait me dire qu’elle avait toute confiance dans la structure de la direction et dans toutes les personnes impliquées. Elle savait que le lendemain je devais être avec ma famille pendant deux semaines au Vietnam.

Annette nous manquera énormément. Mais il est de notre devoir de continuer à l’avenir sans les sœurs mais certainement avec leur esprit.

 

                                                                                                                      Lodewijk van der Kroft

                                                                                             Président de la Fondation Pierre Fourier

                                                                                                                             17 août 2019