Soeur Marie-Claire

Soeur Marie-Claire

Marie-Hélène Français

14-12-1921 + 13-04-2019

…Nous le verrons tel qu’Il est…

Chère Marie-Claire,

C’est à la fois avec respect et tendresse que j’évoque, ce matin, ta longue vie : 80 ans est un exploit, nous dit le psaume ! Alors 98 ans, qu’est-ce ? sinon une merveille d’amour du Seigneur pour toi !

Tu es née en Lorraine à Mont-Saint-Martin, petite ville à la frontière belge. Tu es la troisième de 4 enfants : tes 2 frères aînés, Roger et Paul, près du Seigneur, et ta sœur Monique qui est présente avec nous ce matin par la pensée, l’affection et la prière. Tu étais très attachée à ta famille, à tes neveux et nièces qui te le rendaient bien. – Merci à vous qui avez pu vous libérer pour, avec nous sœurs de Notre-Dame, l’entourer de nos prières.
Tes parents, très musiciens, ont donné à chacun de leurs enfants une solide éducation musicale avec l’apprentissage d’un instrument de musique. Pour toi, ce fut l’orgue et le violon. Les dimanches et jours fériés vous organisiez de vrais concerts en famille, nous disais-tu. Même, un jour, au noviciat (ce qui ne se faisait pas dans ce temps-là) tu as joué un morceau de violon devant tes compagnes !

Tu as fait tes études comme pensionnaire à Arlon en Belgique, refuge des sœurs de Verdun expulsées de France en 1903. Plus tard, tu écriras une monographie de cette maison. Brillante élève, tu passeras facilement tous tes diplômes te menant au professorat.
Ta jeunesse a été très marquée par la guerre, tu ne manquais pas une occasion de nous raconter quelques-uns de ces événements, tel ton départ en exode avec ta famille, conduisant la voiture toi-même sans permis de conduire !
De 1941 à 45, tu enseignes à Verdun, puis tu entres au noviciat en septembre 1946 à Verneuil et fais ta 1ère profession le 29 décembre 1948.
Nommée à Epinal en 1949, c’est là que tu fais ta profession perpétuelle et que tu enseignes le français dans les grandes classes.
Un petit séjour d’1 an au scolasticat de la rue Blomet pour compléter tes études universitaires à Paris, et te voilà partie à Nancy, ville du premier monastère où mourut Mère Alix. C’est là que commence ta longue vie d’enseignante. « Le zèle de l’instruction est le sujet de ma vocation ». Tu as fait tienne, ô combien, ces paroles de notre fondatrice ! Professeur de français, chargée des classes de seconde puis de première, tu fus très appréciée de tes élèves. Les nombreuses lettres que tu recevais de tes anciennes en sont la preuve. Fine et cultivée, portée sur les arts, tu organisas des cours d’histoire de l’art avec comme travaux pratiques des voyages religieux et culturels à Rome, Assise et Florence. Ceci pendant plus de 18 ans. Sr Yvonne Brochet t’a demandé aussi de lui venir en aide pour les visites de la Ville éternelle.
En bonne Lorraine, tu connaissais bien cette région, la ville de Nancy, les lieux où vécurent nos fondateurs : tu accueillais les pèlerinages, les sœurs de toutes les vicairies, les élèves de nos écoles… leur faisant goûter les richesses spirituelles et artistiques de notre histoire.

En 1987 ta retraite te permet de travailler au séminaire de Nancy en accompagnant les futurs prêtres dans leurs études.
La bibliothèque diocésaine de « l’Asnée » te demande de faire la saisie de ses livres, ce fut un vrai bonheur pour toi.
Le Père Guy Lescanne sollicite ton aide pour la relecture de ses livres. Bref, une retraite très active.
Côté congrégation, Sr Claire Girardin t’a demandé de l’aide pour la relecture des tomes des lettres de St Pierre Fourier, et surtout de travailler à l’index du tome 5. Travail considérable, mené à bien. C’est ainsi que l’Abbaye-aux-Bois t’y a vu faire de longs séjours bien avant ta venue parmi nous.
En 2010, une épreuve attendait les sœurs de la communauté de Nancy : la fermeture de leur maison…
Les sœurs de l’Abbaye t’ont accueillie de tout leur cœur, mais, coupée de tes racines, de tes nombreuses relations, tu traversas un long tunnel. Le tunnel n’est pas fait pour qu’on y reste ! Courageusement, avec l’aide de personnes qualifiées et la présence fraternelle de tes sœurs, notamment de Sr M. Madeleine Allombert, tu en es sortie fortifiée et plus sereine.
Malgré tes fragilités, ta fatigue, jusqu’au bout, jusqu’au matin où tu nous as quittées, tu as été fidèle à l’office, à l’Eucharistie, ne manquant jamais les réunions communautaires, les rencontres fraternelles qui étaient toute ta joie.
A l’hôpital ou tu es restée un mois, tu me disais : « Reverrai-je mon Abbaye, je l’aime tellement ; mes sœurs, je les aime tellement ! »

Qu’à ton exemple, cet amour fraternel grandisse en nous et autour de nous afin qu’en toute vérité, avec toi Marie-Claire, nous puissions nous adresser à Dieu en disant : « NOTRE » PERE.

Abbaye-aux-Bois

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