BEAUMER

Sr Henriqueta Barbosa Spinola  

 

16/10/1936  –  07/04/2020



“Vai caminheira, caminho é caminhar, vai peregrina, vai o amor anunciar”…

“Va marcheuse, le chemin c’est pour cheminer, va pèlerine, va l’amour annoncer”… 

Sr. Henriqueta marcheuse du nord au sud, de l’est à l’ouest, vers l’intérieur et l’extérieur du Brésil, agitée, persévérante, insistante, souriante, elle croyait toujours que ‘le monde pouvait être meilleur, quand le plus petit qui souffre croira au plus petit’…  Cette devise a marqué sa vie simple et sa mission.

Elle est née en 1936 à Braúna, dans l’Etat de São Paulo, fille d’Olavo et d’Henriqueta Spinola, jumelle d’Alice, sœur qui l’a toujours accompagnée dans plusieurs de ses voyages et missions et dont la mort inattendue a été un énorme coup pour Henriqueta.

Elle est entrée dans la Congrégation, a fait son noviciat et ses études à São Paulo, bien qu’elle ait vécu dans diverses régions du Brésil.

Malgré son apparence simple et sans prétention Henriqueta avait une créativité et un optimisme inébranlables. Toujours pleine de nouvelles initiatives et de projets que la conduisaient vers des endroits dans le besoin et qui représentaient un défi. Souvent elle avait une nouveauté missionnaire à proposer aux autorités de la Congrégation, bien qu’elle n’arrivait pas toujours à les convaincre de la nécessité de ces initiatives. Elle prenait le risque en pariant sur la réussite, ce qui démontrait son optimisme face à la vie. 

Elle a vécu à São Paulo, à Santos, dans le Sul, au Nord-Est et au Nord en s’engageant dans des causes et des missions les plus diverses. D’Altamira au Pará à Tacaratu dans le sertão[1] du Pernambouc, d’Itapiranga dans l’Amazonas à Erexim au Rio Grande do Sul, elle n’avait pas d’heure pour sortir ni pour rentrer dans ses diverses maisons.

Elle avait le don de l’écriture et de l’enseignement du Portugais. Elle a étudié la Bible et a participé pendant plusieurs années du CEBI[2].

Suite à l’un de ses séjours dans le nord du pays elle a écrit un petit livre au sujet des riverains du Fleuve Amazonas, fruit d’une démarche organisée par le Projet Rondon à Altamira, Etat du Pará, dans l’année 1973.

Elle a aussi élaboré sans l’avoir publié une petite grammaire et un dictionnaire créoleportugais en pensant à la première vague d’émigrants haïtiens au Brésil, suite au grand tremblement de terre. Pour ce dictionnaire, elle a décidé de partir en Haïti pour quelques mois afin d’apprendre mieux la langue locale et de pouvoir aider ceux qui s’y trouvaient. Avant de finir le travail qu’elle s’était donné comme objectif, elle a souffert d’un AVC sur place, en Haïti, qui l’a handicapée et lui a ôté la parole jusqu’à la fin de ses jours.

Henriqueta avait aussi un amour particulier pour la vie et l’œuvre de nos Fondateurs. Pendant l’un de ses séjours dans la Communauté de Santos elle a traduit des textes de l’histoire de la Congrégation et quelques livres de notre historienne française Sr Marie-Claire Tihon. Ce travail était réalisé avec Sr. Maria Lúcia, déjà dans ses quatre-vingt-dix ans, qu’elle a accompagnée et aidée au cours des longs mois. Les deux travaillaient pendant des heures à traduire et à corriger les textes du français au portugais.

Sa dernière mission a été de vivre dans la Casa São Pedro Fourier, en silence, “abandonnée dans les bras du ‘mystère divin’ ”, en vivant simplement, soigné avec zèle par les infermières, elle nous disait chaque jour, par son regard et par l’essai d’un sourire que la vie était une aventure mystérieuse.

Chère Quietinha[3] comme nous t’appelions, nous te remercions de ta vie avec nous, de ton témoignage obstiné de la valeur de la prise de risque pour faire ‘tout le bien possible’, il vaut bien annoncer malgré les risques, que ‘l’amour fait que toute chose soit nouvelle’. Jusqu’au bout tu y as cru et nous tes sœurs, le croyions avec toi et pour toi. Que ta vie soit Louée !

Avec affection et admiration,

Sr. Ivone Gebara

São Paulo, 09/04/2020

 

[1] Sertão – la brousse

[2] CEBI – Centre d’Etudes Bibliques

[3] Quietinha – la petite silencieuse