ENSEMBLE, A L’ECOUTE DU CRI DES PAUVRES ET DE LA CLAMEUR DE LA TERRE
RENCONTRE INTERNATIONALE DES ASSOCIÉS ; BERLAYMONT 2025

Part 2 : Journée Brésil & Journée Vietnam

Mercredi : Journée Brésil

Le Brésil nous a fait découvrir une Église engagée face à des défis majeurs, notamment les conséquences du changement climatique : tarissement des sources, baisse du débit des rivières, impact sur la pêche et l’agriculture, pillage de l’Amazonie avec la pêche excessive et l’abattage des châtaigniers. La spoliation des terres indigènes contraint ces populations à se retirer dans des réserves ou à s’exiler vers les rives du fleuve, les favelas ou les bidonvilles de Manaus. De manière générale, le Brésil est confronté à une pauvreté parfois cachée, à des migrations mal encadrées, à un recul démocratique, à une surexploitation des ressources, à de la corruption, à la marginalisation des minorités et à des promesses gouvernementales non tenues.

Face à ces réalités, plusieurs initiatives solidaires émergent : « l’équipe itinérante », projet intercongrégationnel dont font partie plusieurs sœurs et associés, dénonce ces abus auprès des autorités politiques. Des groupes de jeunes utilisent la capoeira (une danse) pour sensibiliser aux discriminations. La pastorale des terres accompagne les autochtones dans la défense de leurs droits face à l’achat massif des terres par les puissances internationales sous prétexte écologique. Partout, sœurs et associés travaillent dans l’éducation, la santé et les pastorales au service de la «maison commune».

Par exemple, Elani développe un projet éducatif intégral à Manaus, Rosangela partage sa connaissance des plantes médicinales, Ivone accueille les sans-abris en leur offrant un accompagnement et un soutien matériel, Paulo travaille dans un hôpital et fait partie de l’équipe itinérante.

Le message du groupe brésilien se veut d’abord porteur d’espérance. Il s’agit d’initier l’action, et pour cela, s’engager, même petitement ; faire le premier pas dans la foi que cela mobilisera d’autres personnes et souligner ainsi l’unité universelle face aux enjeux communs. Concrètement, des signes d’espérance existent :

  • La création du réseau REPAM, inspiré par le pape François et Caritas, défend les droits des peuples Amazoniens et la préservation du biome vital pour la planète.
  • La synodalité se développe, donnant voix aux vulnérables, avec des initiatives populaires qui, bien que modestes, grandissent en réseau. Le Brésil est précurseur avec le synode pan amazonien.
  • L’Eglise et avec elle, la Congrégation et les associés, s’engage dans l’éducation et le travail social. La présence de religieux et de laïcs dans les zones vulnérables donne visibilité aux souffrances en permettant de mener un combat humain et politique.
  • La vie spirituelle unit prière, contemplation et action. Elle vise à conscientiser et à défendre les populations au nom de la dignité de chacun. Elle rejoint aussi la résilience des populations amazoniennes qui s’appuient sur leurs croyances traditionnelles et encouragent un usage responsable de la forêt.
  • De nombreux petits groupes agissent localement, soutenus par la puissance des médias.

En fin de journée, Térésa (une amie des sœurs) a témoigné de son expérience personnelle. Jeune, elle a accompagné l’équipe itinérante dans la création d’un nouveau projet à la frontière Brésil-Pérou-Colombie.

Elle y a rencontré la violence et la délinquance causées par les drogues, les trafics et l’exploitation illégale des ressources naturelles. Elle y a découvert l’impact mondial sur l’Amazonie et s’y sentait impuissante. Après avoir traversé une « crise de productivité » (il n’y a rien à faire face à tout cela) elle a pris conscience que sa seule présence comme européenne était importante. Cette expérience a bouleversé sa vie. Aujourd’hui, elle collabore avec « Survival ». Cette ONG défend les droits des peuples indigènes isolés, lutte contre la colonisation de la nature et dénonce les violations des droits humains. Ce combat collectif, risqué et parfois dangereux, est essentiel pour résister et changer les choses.

Enfin, nous avons pu vivre un petit moment de fête à la lumière du rituel du Dabucuri : danser au rythme des flûtes de bambou pour célébrer la terre, les rivières, les arbres, les forêts, les oiseaux, les animaux. Ce rituel s’accompagne d’offrandes de fruits, de farine et de poisson et d’objets artisanaux que nous avons reçus en cadeau. Le feu y a aussi sa place. Elément central de la vie des indigènes et de leur cosmologie, il est utilisé pour implorer la protection des participants.

Jeudi : Journée Vietnam

Soeur Kim, Sœur Thanh Nga, Sœur Anne Thao, Dominico et Marie nous ont présenté leur pays.

Pour commencer la journée, ils nous ont invités à prier pour la Terre magnifique qui nous a été confiée par Dieu. Aujourd’hui, elle pleure d’être malmenée. Sur le dessin de la terre en pleurs à côté de la représentation du Vietnam, chaque participant a déposé une carte sur laquelle on pouvait lire une action positive à mener tous ensemble pour que notre maison commune connaisse un avenir meilleur.

Ensuite, Dominico, qui enseigne dans le primaire le matin et l’après-midi à des enfants autistes, nous a embarqués, avec nos cinq sens, à la découverte de son pays et du peuple vietnamien : un peuple simple, modeste, plein de courage et de résilience. Ceci nous a permis de découvrir l’histoire, la culture, les nombreux atouts naturels (mers, montagnes, forêts, vastes plaines), l’économie, la gastronomie, les sites touristiques. Les Vietnamiens sont persévérants en toute situation. Ils sont à l‘image du lotus, la fleur nationale qui pousse dans la boue sans jamais se salir. Il nous a aussi parlé de l’éducation, du souci depuis longtemps d’élever le niveau d’instruction du peuple. Pour chaque nouveau thème, Dominico a mis nos sens en éveil, grâce à des animations dynamiques : danse, respiration, dégustation….

Sœur Anne Thao nous a exposé les problèmes de l’agriculture au Vietnam, particulièrement dans le Delta du Mékong au sud du pays. Cette région est le grenier à riz. Les techniques modernes détruisent beaucoup. Des sécheresses et des inondations sévissent ; les sols se salinisent. Les canaux sont ainsi pollués, les poissons et les crevettes ne peuvent survivre. Les agriculteurs utilisent également beaucoup de pesticides et des graines hybrides. De plus, les prix sont instables. Il y a un marché libre non maîtrisé par le gouvernement, une perte de la souveraineté alimentaire liée à l’apparition des multinationales et des grands groupes industriels qui installent un système de dépendance. L’agriculture traditionnelle disparaît, les modestes agriculteurs doivent s’endetter, voire vendre leurs terres. Face à cette situation, la Congrégation Notre-Dame a initié un projet en 2021 visant à renforcer l’écologie intégrale, la solidarité et le rôle des femmes en s’inspirant de Laudato Si’. Ce projet repose sur l’écoute des besoins locaux, l’accompagnement des personnes vulnérables et la promotion d’une agriculture durable. Il implique la formation à la culture bio, l’élevage, la fabrication de compost, la conservation des semences et le soutien de l’économie locale via des groupes de microcrédits. Des collaborations existent avec d’autres congrégations, Caritas et même des moines bouddhistes.

La présentation de Marie, professeur d’anglais, issue d’une minorité ethnique, nous a permis de mieux comprendre la réalité de l’éducation pour les personnes vulnérables : handicapés, orphelins et enfants des minorités ethniques. Les minorités ethniques (environ 15% de la population) se retrouvent dans les zones montagneuses du Nord, dans les hauts plateaux du Centre et dans certaines régions du Sud. Ces différentes ethnies vivent dans une grande précarité. En plus de la pauvreté, l’éloignement important entre le domicile et l’école, le problème de la langue, le travail et d’autres causes empêchent les enfants d’accéder à l’enseignement.

Pour répondre aux besoins de ces personnes vulnérables, les Sœurs ont ouvert des écoles pour les enfants défavorisés, des établissements pour les enfants en situation de handicap, d’autisme, ou issus des minorités ethniques ainsi que des internats et des foyers pour les jeunes en difficulté. Ces initiatives permettent aux plus vulnérables d’avoir une chance d’accéder à l’éducation, de grandir et de s’épanouir comme tous les autres enfants.

La journée du Vietnam, s’est terminée par une soirée festive et déguisée.  Nous avons assisté à une chorégraphie menée par les sœurs, joué au Bingo, goûté à différents mets… et tout cela dans la joie et beaucoup de rires.

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