Marie-Claire Deseille – Sœur Marie-Véronique

3 Juin 1923 – 24 Août 2019



JAu-delà de toute souffrance, une joie sans fin nous attend…



C’est avec beaucoup d’affection, chère Marie-Véronique, et un profond respect que nous t’accompagnons ce matin pour un adieu plein de Foi et d’Espérance, cette Foi et cette Espérance qui ne t’ont jamais quittée tout au long de ton chemin.
Aînée de 5 enfants, tu es née à Hanoï, au Vietnam, pays cher à ton cœur. C’est avec ta grand-mère, vietnamienne, que tu appris ta langue maternelle et c’est sur ses genoux que tu récitais chaque jour le chapelet.
Tu as fait tes études à l’école publique d’Hanoï. Et c’est chez les sœurs de Notre-Dame que tu fis ta classe de philosophie. C’est toi qui étrennas la première classe de philo que les sœurs ouvraient à Hanoï.
Durant tes années d’étude, tu fus très active : Tu rencontras l’incontournable sœur Marie-Noëlle Monteil, responsable de la JEC ! Tu fis partie avec enthousiasme de ce mouvement, participant aux camps de vacances à Dalat. Etudiante, tu as été cheftaine de guides. Tu t’investissais à fond dans tout ce que tu faisais et tout ce qu’on te proposait. Avec sœur Marie-Noëlle et Dom Romain en particulier, tu t’es intéressée aux lycéennes du lycée public et particulièrement à leurs loisirs, te jetant à corps perdu dans l’animation des « jeudis » : théâtre, ateliers divers, organisation de ventes…
Avant l’heure, tu allais aux périphéries, t’intéressant davantage aux non chrétiennes qu’à celles qui étaient déjà dans le bercail.

Alors, tout naturellement, avec ta fougue, tu demandas d’entrer dans la congrégation des Chanoinesses de Saint-Augustin. Ce que tu fis le 2 janvier 1945.
Toute ta formation religieuse se passa à Dalat. Après ta profession temporaire le 6 janvier 1946, tu partis au Scolasticat rue Blomet à Paris, pour préparer une licence de philosophie que tu passas avec brio en 2 ans.
Retour à Dalat en 1946. Et c’est là que tu commenças ta carrière de professeur de philosophie, allant successivement, selon les besoins, à Hanoï, Dalat, Saïgon.
Tes anciennes élèves te gardent une grande reconnaissance : je les cite : «Elle avait une très grande clarté d’esprit et le talent de nous faire aimer et apprécier certains chapitres très difficiles à comprendre… Toujours calme, égale à elle-même, tout lui semblait facile, agréable. Elle nous encourageait, nous félicitait au moindre progrès. Nous étions conquises par sa patience, son dévouement, son désir de nous voir réussir.» De 1962 à 1969 tu reçus la charge d’assistante puis de supérieure dans la communauté de Saïgon et de 69 à 72, après l’ouverture du Concile, tu fus « conseillère de groupement » des diverses communautés du Vietnam et de Hong Kong.

Après ces riches années apostoliques, on te retrouve en France, à Menton suite à des ennuis de santé très préoccupants… On te découvre une tumeur au cerveau doublée de névralgies faciales extrêmement douloureuses, tout cela nécessitant une rapide opération. Tu en ressors avec de multiples handicaps, le visage bien abîmé, avec des douleurs lancinantes que tu garderas jusqu’à la fin de ta vie. Ton chemin de croix à la suite de Jésus, tu le pris avec courage, grâce à ta Foi profonde doublée d’une vitalité et d’une énergie hors du commun.
Malgré cela, tu arrives à rendre des services dans les communautés où tu passes : Menton et Voiron, puis l’Abbaye vers les années 85.
Presque 35 ans dans notre communauté de l’Abbaye ! Tu t’y occupas des nombreuses bibliothèques, mais surtout, tu étais très assidue à l’office, à la lecture des Ecritures, relisant tes cours, tes correspondances, priant inlassablement.
Les années passant, la maladie s’est aggravée ; les handicaps devenant de plus en plus nombreux et douloureux, tu t’installes à l’infirmerie où tu fis l’admiration du personnel soignant par ta vitalité, ta ténacité à vouloir malgré tout marcher, être autonome quitte à tomber. Tes chutes sont restées dans nos mémoires. Malgré des situations parfois dramatiques, tu trouvais la force de rire, de plaisanter : tu n’as jamais perdu ton humour.
C’est à l’EHPAD de Quincy que le Seigneur est venu te chercher pour te conduire vers la paix, la lumière, là où il n’y a plus ni pleurs, ni grincements de dents.

Au-delà de toute souffrance une joie sans fin t’est donnée !