blas

Soeur Marie-Alexia de VILLEMANDY

26 juin 1920 – 22 janvier 2021

 



Chère Marie-Alexia,

Nous sommes réunis autour de toi pour célébrer ta longue vie – 100 ans – et ainsi t’accompagner dans ta rencontre avec le Créateur.

Jeanine de Villemandy, tu es née en Avignon le 26 juin 1920. Tu es la benjamine d’une famille de cinq enfants. Ah, tu l’aimais bien, ta Provence ! Son soleil, sa joie de vivre, ses soirées musicales avec un vieil oncle pianiste !  Tes classes primaires, tu les as suivies avec enthousiasme au cours Saint Germain, rue de Varennes. Mais un jour le cours a fermé. De plus, en 1930, tes frères et sœurs se marient, tes parents ne désirent pas demeurer à Paris ! Alors, à ta grande joie, tu deviens pensionnaire à Verneuil, de la septième à la terminale. « J’y vivrai les années les plus heureuses de ma vie » as-tu écrit. Tu fais mémoire, entre autres, de Mère Madeleine du Sacré Cœur et de « ses cours de littérature ou d’histoire, à vous couper le souffle parfois. »

En pleine guerre, tu rejoins à Louveciennes le noviciat des sœurs de Notre Dame. En 1942, tu reçois l’habit des sœurs avec un nouveau nom : « Désormais, vous vous appellerez sœur Marie des Anges » !   Et tu fais profession le 16 juillet 1943.

Tu passes quelques années à Verneuil puis, de 1948 à 1963, tu es à Saint-Etienne. « Ce furent de très riches années pour moi. Etudes du chant grégorien à l’Institut St Grégoire, apprentissage sur le tas de mon « métier » d’enseignante, de catéchiste (diplôme de la Catho de Lyon) ; enfin, le summum, études d’anglais à la Catho de Lyon. » Dans les années 2000, des anciennes de Saint-Etienne organisaient encore des réunions autour de toi : les liens tissés demeuraient.  

En 1963, c’est dans la congrégation la fusion de l’Union de Jupille et de l’Union romaine.  Tu passes un an à Dijon. Il est question que tu participes à la fondation d’Alger ; finalement c’est l’Ouganda, et alors tu changes de nom : désormais on t’appellera sœur Marie-Alexia.  Tu retourneras une autre fois en Afrique, en 1981-82. Cette fois ce sera à Dzogbegan, au Togo, avec sœur Anne-Elisabeth Moreau.  Tu enseignes anglais et français aux jeunes frères bénédictins.

En 1965, tu es à Verneuil ; Mère Marie Madeleine Andrade te propose de la représenter à une rencontre avec Mère Teresa, organisée par les Petits Frères des Pauvres. « Pendant une petite heure, je fais l’interprète, écris-tu. Ce qui me reste de cette rencontre ? Le regard de braise de Mère Teresa, sa question posée à chaque personne avec intensité : « What are you doing for God ? – Que fais-tu pour Dieu ? » Et il faut répondre en peu de mots mais en vérité. »

De 1966 à 1969, tu es à Orbec. Tu te lies d’amitié avec sœur Marie Françoise Fontaine qui t’entraine dans les camps missionnaires. A l’école, on monte le Dialogue des carmélites, grâce à Mademoiselle Alger, connue de toutes les normandes. Il fallait chanter la carmagnole ! Tu ne l’avais jamais apprise ! Alors, grâce à un gros dictionnaire, tu as trouvé les paroles et la musique et tu l’as chantée avec la chorale !

Tu passes plusieurs années à Notre Dame des Oiseaux, rue Michel-Ange. Tu enseignes en cinquième. Mademoiselle Dionnet, professeur de français, organise chaque année un voyage vers la Rome antique et tu l’accompagnes. Tu passeras quelques années à Rome, au Villino, pour travailler au Laboratoire de langues. Tu accueilles aussi les pèlerins de langue anglaise. Tu as la joie d’assister à une audience générale avec Jean-Paul II.

A l’occasion du quatrième centenaire de notre congrégation, tu as grande joie et fierté à préparer avec sœur Donatienne Catta, une exposition de « retour aux sources », intitulée « Notre Dame dans notre histoire ». Ce sont des tableaux de Marie sous tous les vocables utilisés dans la congrégation. Préparée pendant trois ans et demi, elle fut présentée pendant dix jours à l’Abbaye aux Bois en 1998.

Après un nouveau séjour à Saint-Etienne, tu arrives à Brunoy en 2003 où tu t’insères dans la communauté de sœurs âgées. En 2018, tu es accueillie au Centre Desfontaines, EHPAD créé pour des religieux. C’est là que, le 22 janvier 2021, tu es décédée paisiblement dans ta cent-unième année.

Marie Alexia, ta vie fut belle, elle fut variée, en des lieux divers (tu désirais souvent changer !). Ce qui fait peut-être l’unité, c’est l’enseignement, ton amour pour l’enseignement : l’anglais, le chant, la foi aussi. Tu transmettais ton enthousiasme à tous : des collégiens, de jeunes moines en Afrique, des adultes au Laboratoire de langues, des retraités dans un club de la ville de Paris, des catéchumènes aussi à Rome et à Paris. Tu étais d’accueil agréable, souriante. Merci Marie-Alexia ! Que le Seigneur te comble de paix et de joie.

S. Monique Méheut