Doraci Araujo

Soeur Doraci Araujo  

 

25/12/1936   –   2/04/2020

 



“Notre-Dame m’appelle et je lui ai toujours répondu…   Dites-moi, ma Mère des Douleurs, ce que je peux faire…”

Dévote de Notre-Dame des Douleurs, elle a vécu sa vie en ôtant les ‘douleurs’ et en soulageant la souffrance de nombreuses personnes et en particulier des pèlerins du Juazeiro do Norte.

‘Irmã[1] Dora, j’ai une telle douleur dans les jambes que je ne tiens pas debout’, ‘Irmã Dora, mon petit a des boutons partout dans son corps’, ‘Irmã Dora, mon cœur saute comme une grenouille dans la cour’, ‘Irmã Dora, aidez-moi ...

Un baume par ici, une tisane par là, un sirop plus loin, une prière, une visite, un conseil. Ainsi Sr. Dora offrait les médicaments de sa pharmacie privée et ceux de son cœur toujours ouvert à ceux qui frappaient à sa porte.

Née le 25 décembre 1936, au Crato, Ceará, fille de Antônio Demétrio Araújo et de Maria Moura Araújo, agriculteurs, a toujours été très religieuse et fidèle de ‘Mãe das Dores’, la ‘Mère des Douleurs’.

Elle entra dans la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame en 1981, après avoir été quelques années chez les Sœurs Missionnaires de Jésus Crucifié. Ella a fait notre connaissance par le biais de l’amitié avec les Sœurs Ana Teresa et Annette Dumoulin qui  habitaient déjà au Juazeiro do Norte.

Silencieuse, mais très perspicace et attentive aux personnes, elle connaissait la manière d’être de bien de voisines et d’amies, ayant toujours le mot juste ou un regard qui disait ‘Fais comme c’est mieux pour toi’, Aie confiance en Dieu’ et va de l’avant.  

Elle participait à toutes les réunions et assemblées de la Congrégation toujours avec discrétion et quasi en silence. Pendant un certain temps, elle a participé au groupe des Sœurs Noires de la Conférence des Religieux du Nord-Est (CRB[2]) nous rappelant par son attitude discrète l’histoire et la souffrance des filles et des fils de l’Afrique au Brésil, notamment dans l’Eglise et dans les Congrégations religieuses.

Elle a suivi son postulat à Caraibeiras, au Pernambouc, en vivant en communauté avec les Sœurs Gê et Cecilia. La suite de son initiation dans la Congrégation, puisqu’elle était déjà ‘formée’, s’est accomplie à Juazeiro. Elle a travaillé dans la paroisse de Notre-Dame des Douleurs et dans nombreuses pastorales : celle de la romaria[3], des enfants, de la santé, des malades, des groupes de la Conscience Noire et des amis du Bon Jésus. Elle a été la fondatrice de la Crèche Communautaire de Vila Bom Jesus, actuellement l’école Poço de Jacó, une femme toujours attentive aux besoins des plus pauvres.

En plus de ces dons, Dora était une excellente cuisinière et dans bien d’occasions elle nous offrait des plats typiques de la cuisine du Nord-Est. Sa nourriture avait un goût inoubliable.

Dora avait le rythme de la musique locale inscrit dans son corps et quand un ‘baião’[4] était joué dans l’une de nos assemblées il suffisait de la regarder discrètement. Elle bougeait avec un sourire comme pour nous rappeler que ce rythme-là lui appartenait, elle le connaissait mieux que quiconque, de même qu’elle connaissait le secret des plantes et de ses mélanges miraculeux pour assurer le maintien du miracle de la vie.

Chère Dora, notre tendre ‘noire Mariama’, sœur qui n’a jamais cessé de répondre aux appels de la Vie, merci pour ton affection, pour ta sagesse, pour tes guérisons, pour ton attention à notre égard et pour ton inoubliable présence parmi nous. Par ton intermédiaire ‘Dieu a été notre AMOUR entier’ et l’amour de nombreux pèlerins, amis et amies qui sans doute se trouveront en manque de ton affection et de tes soins. Mais, ils et elles suivront ton exemple et feront ‘tout le bien possible’ avec amour en partageant des soins réciproques.

Avec gratitude et saudade[5],

Sr Ivone Gebara

São Paulo, 08/04/2020

 

[1] Irmã – Sœur (NdT)

[2] CRB – Conférence des Religieux du Brésil

[3] Romaria do Juazeiro do Norte – Important pèlerinage qui attire chaque année des centaines de milliers de fidèles du Padre Cícero

[4] Le baião est un rythme de musique populaire de la région Nord-Est du Brésil

[5] Saudade – nostalgie