Mireille Borel

Sœur Marie – Bethleem
Mireille Borel

27 – 07 – 1921 – 01 – 10 – 2018

« J’entends mon Bien-Aimé,
Le voici, il vient ! »
L’à-propos de cette citation du Cantique des Cantiques face à ton départ, ma chère Mireille, est saisissant :
Depuis ton retour de l’hôpital, il y a un mois, tu ne cessais de dire à qui voulait bien l’entendre que tu allais partir. Tu priais chaque jour le Seigneur de venir te chercher. Tu en étais sûre, « Il allait venir » ! Et c’est ainsi, comme les vierges sages de la parabole de l’Evangile, dans la nuit du 1er octobre, ta lampe allumée, tu entendis comme un cri : « voici l’époux » !
Instants intenses, osons le dire, de joie et d’allégresse auxquels tu te préparais dans la paix et la sérénité. Avec toi, en nous remémorant ton long parcours, nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu.

Le Vietnam fut ta seconde patrie, comme tu aimais le dire. Tu y es née le mercredi 27 juillet 1921 à My-Khe, dans la province de Sontay au nord Vietnam. Tu es la petite dernière d’une fratrie de 5 enfants, 4 filles et un garçon. Tu avais beaucoup d’admiration pour ton père qui avait une plantation de café. Tu fis tes études chez les sœurs de St Paul de Chartres. Tu connus la congrégation en participant aux camps de vacances organisés par sr Marie-Noëlle Monteil.
C’est le 2 janvier 1944 que tu rentres à Dalat, comme postulante, dans la congrégation Notre-Dame. Tu y prononces tes premiers vœux le 6 janvier 1946. C’est en 1949 que tu arrives à Verneuil pour te préparer à la profession perpétuelle.
Passage au scolasticat, rue Blomet, où tu prépares ton diplôme de jardinière d’enfants chez les Filles de la Charité, rue de l’Abbaye. Oui, ce fut une vraie passion, ta vie durant, de travailler à l’éveil des petits de 3 à 6 ans. Pour qu’une maison soit solide, il faut bâtir sur le roc, nous dit Jésus. Il en va de même pour les hommes. Tu avais compris la nécessité de soigner particulièrement la petite enfance, l’entourant d’amour, de tendresse. De l’amour, de la tendresse, tu en avais plein le cœur et tu as su donner à chacune de ces petites âmes, les provisions nécessaires pour bien entrer dans la vie.
Ton diplôme de jardinière d’enfants en poche, tu retournes à Hanoï, puis à Saigon où tu ouvres le premier jardin d’enfants à Regina Mundi.

En 1954, pour des raisons de santé, tu quittes le Vietnam, et après un séjour à Orbec, tu es nommée à Verneuil avec comme mission les petits du jardin d’enfants et la responsabilité de la sacristie.
Dans les années 70, tu es appelée à Gap, berceau de ta famille, pour prendre soin de ton frère Louis. Après son décès tu vas te reposer à Brusc, à quelques kilomètres de Six Fours chez une de tes sœurs. Repos actif car tu rejoins le CCFD et d’autres associations à caractère social.
Tu disais souvent que tu aimais le Midi, ainsi tu t’établis à Six Fours où tu fus à l’origine de l’implantation de la congrégation dans cette belle région. Là, ton zèle d’éducatrice fait merveille. D’abord dans un IME (institut médico-éducatif), où tu t’occupes de petits handicapés durant au moins 10 ans. Bien insérée dans l’équipe éducative, tu milites pour plus de justice, dans ce milieu où les plus pauvres ne sont pas forcément reconnus ; ton idéal te porte souvent à dénoncer ce qui menace la vie.
Puis, toujours à Six Fours, tu te lances dans l’éveil à la foi. Il y a quelques semaines encore, tu recevais de beaux témoignages d’amitié et de reconnaissance de tes anciennes collaboratrices, de tes anciens catéchisés devenus grands et de leurs parents.

L’âge de la retraite arrivant, avec sr Marie-Hélène Pfirsch, tu vis dans une résidence pour personnes âgées durant 5 ans, apportant aux résidants ta joie, ton ouverture sur le monde. En août 2008, tu rejoins la communauté d’Avermes, près de Moulins : 10 ans de vie communautaire où tu marques tes compagnes par ta gentillesse, ton sourire, ton ouverture d’esprit et ta présence fidèle et forte dans la prière communautaire.

Quant à nous, tes sœurs de l’Abbaye, nous ne pouvons que te dire « merci », « gracias », comme tu disais, pour ta présence parmi nous. Tu as vraiment été un rayon de soleil, spécialement pour les sœurs de l’infirmerie. Tu chantais, racontais des histoires du passé, joyeuse, pleine d’humour et de bonne humeur, tu étais femme de grand courage, toute tournée vers les autres et pleine de reconnaissance pour les aides qu’on te prodiguait. Mais surtout, tu avais gardé un cœur d’enfant plein de confiance en son Seigneur.
Merci pour ta vie, pour l’avoir offerte comme « une flûte de roseau », cette chose simple et droite que le Seigneur a pu remplir de sa musique.

Abbaye-aux-Bois

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