Chère Anne-Marie,
Nous voici rassemblés autour de toi, ta famille et tes soeurs, pour te dire un dernier adieu et rendre grâces pour tes 93 années de vie sur notre terre.
Tu es née le 9 août 1922 à Châlons-sur-Marne, quatrième enfant d’une fratrie de trois filles et un garçon. Ton père, futur général, emmenait sa famille d’une garnison à une autre. C’est ainsi que tu nous parlais volontiers du Maroc dont vous aviez visité les merveilles. A Meknès, en 1933, tu obtiens le fameux certificat d’études primaires.
En 1938, tu es au Vietnam, à Hanoï. Tu fréquentes le lycée Albert Sarraut pour tes études mais aussi Notre Dame du Rosaire, l’école des soeurs de Notre Dame, où se retrouvent les jeunes du quartier. Tu fais connaissance de Marie-Jehanne Marcaire. Vous allez ensemble à la piscine ; plus tard, vous vous retrouverez à la communauté de Verneuil pendant de longues années. La guerre arrive ! Ta sœur Elisabeth s’envole par le dernier avion pour la France et entre au noviciat où elle prendra le nom de Sœur Odile-Marie. En 1941, tu t’embarques pour six mois de voyage par tous les océans : tu gardes un excellent souvenir de la beauté des mers parcourues comme des escales de quelquefois trois semaines Et tu entres à ton tour au noviciat.
Le noviciat est alors à Louveciennes. C’est là que tu reçois l’habit des Soeurs de Notre Dame le 16 juillet 1944 avec le nom de Sœur Saint François-Xavier. Tu y prononce tes premiers voeux le 8 décembre 1945. Tu passes deux années à Paris, rue de Ponthieu, et c’est en 1948 que tu es nommée à Verneuil, où tu resteras 60 ans.
Ton champ d’activité, ce sera l’école primaire, en classe de gème. A partir de 1960, en France, les écoles privées peuvent signer des contrats avec les pouvoirs publics. Mais, pour cela, les enseignants doivent avoir les mêmes diplômes que dans l’enseignement public. Alors, à 40 ans, tu prépares et obtiens le CAP : certificat d’aptitude pédagogique pour l’école primaire. Puis, en vue de venir en aide aux enfants en difficultés scolaires, tu obtiens en 1971 le diplôme d’éducatrice spécialisée. Tu te consacreras alors à une classe de perfectionnement puis à une classe d’adaptation: belle mise en pratique de la phrase de Marie à Alix Le Clerc: « Fais-le grandir ».
Arrivée à l’âge de la retraite, tu t’occuperas de la bibliothèque dans ces mêmes classes, à la grande joie des élèves et des enseignantes.
De 1962 à 1965, se tient à Rome le Concile Vatican Il. C’est une ouverture sur le monde que Dieu aime. Les congrégations religieuses sont invitées à relire leurs engagements en lien avec l’esprit de leurs fondateurs. Alors que nous étions reconnues comme moniales, la Congrégation, en fidélité à Pierre Fourier et Alix le Clerc, se veut apostolique. La Parole de Dieu, la prière communautaire demeurent fondamentales. Nous cherchons à vivre déjà entre nous la vie fraternelle avant de la susciter autour de nous. A Verneuil, dans la grande Communauté, des petits groupes se forment : tu fais partie du groupe dit des Vernettes. Nous ne sommes plus cloîtrées. Les rencontres avec nos familles font la joie de toutes.
Peu à peu, les soeurs quittent Verneuil et son parc, pour être accueillies dans des maisons plus adaptées à leur grand âge. C’est ainsi qu’avec Sœur Margit tu arrives à Brunoy en 2009. Une réelle amitié vous unissait toutes les deux. Soeur Margit nous a quittées le 11 janvier et tu l’auras suivie de près. Dès le 16 janvier tu dois être hospitalisée et, avec des allers et retours entre la maison et l’hôpital, tu perds peu à peu tes forces. Tu le vis avec simplicité, sans jamais te plaindre, et tu t’éteins doucement, le 2 mai, dans la matinée.

Anne-Marie, cette eucharistie est célébrée pour toi. Que le Seigneur t’accueille dans sa paix et sa joie.